Homélie de la célébration de l'Appel décisif 2022

Chers catéchumènes,

Dieu est venu à votre rencontre ; Il vous a rejoints dans votre histoire personnelle, dans votre vie. Certes, Il était là avec vous depuis toujours, certains d’entre vous en étaient convaincus depuis leur enfance ; d’autres ont découvert peu à peu sa présence ; ils ont enfin entendu sa Parole et elle a touché leur cœur. Plusieurs d’entre vous disent, dans leur lettre, leur attirance pour le bâtiment église où ils ont trouvé la paix, un silence habité ; certains se sont sentis chez eux dans la communauté chrétienne, en participant à la messe. Vous avez compris que ce que vous cherchiez, vous le trouveriez dans l’Église Catholique, dans la communauté chrétienne. Pour chacun c’est une histoire unique, c’est votre histoire sainte personnelle, que vous avez voulu me partager dans vos lettres. Certains d’entre vous ont mis du temps avant de frapper à la porte de la communauté chrétienne. Votre cheminement a été fait de hauts et de bas, de questionnements et de lumières, de doutes et certitudes intérieures. Le baptême n’en sera pas la fin, mais au contraire le début d’une vie nouvelle ; il vous ouvrira l’accès au Chemin, à la Vérité et à la Vie, c’est-à-dire à Jésus-Christ ; il vous ouvrira des horizons infinis.

Le carême dans lequel nous sommes entrés est l’ultime étape avant le baptême. Il vous permet d’affermir votre décision, Il vous invite à renoncer au mal et à choisir véritablement de suivre le Christ et de vivre de sa Parole. À la suite de Jésus, vous êtes conduits par l’Esprit Saint au désert et nous avec vous, pour vivre un temps de purification. Tandis que vous allez vivre les scrutins pour être libérés des attaches avec le mal, nous, les baptisés nous vivrons le sacrement de la réconciliation, pour que la grâce du Christ éradique de nos cœurs le péché et affermisse notre volonté.

Au désert, le Christ a été tenté ; Il a subi pour nous les tentations que nous subissons, et Il n’est pas tombé dans les pièges du diable. Il est sorti vainqueur de cette épreuve pour nous apprendre à vaincre par sa grâce. Ainsi, le catéchumène et le baptisé sont tentés, par la facilité et les plaisirs, les richesses et le pouvoir, le repli sur soi, le découragement, la désespérance devant le mal toujours présent dans le monde et qui continue à détruire. Les tentations sont le lot de tout être humain, baptisé ou non, mais bien des non-baptisés ne sont pas conscients que ce sont des pièges, et beaucoup y tombent ; ils sont esclaves à leur insu : esclave de leurs appétits, esclave des biens de ce monde, esclave de leur orgueil. Ce sont les trois formes principales de tentations : la chair, la richesse, l’orgueil ; ce sont elles qu’a subies Jésus et dont Il est sorti vainqueur. Il nous apprend à combattre ces tentations pour être libres de la liberté des enfants de Dieu.

Par le baptême, Jésus nous rend libres, mais cette liberté est donnée en germe, elle est à développer ; c’est en exerçant notre liberté que nous devenons vraiment libres. L’exercice de la liberté passe par le discernement : il faut savoir reconnaître ce qui peut l’emprisonner ou la bloquer, et ce qui, au contraire, peut la faire grandir. La vraie liberté intérieure est une conquête, elle passe par l’acceptation d’un combat spirituel dont les armes sont le glaive de la Parole de Dieu, la prière, et les sacrements, qui nourrissent et fortifient la foi et l’espérance et la charité, les trois vertus théologales que nous recevons au baptême.

La tentation se présente toujours sous l’aspect d’un bien ; le diable vient toucher nos points les plus sensibles, nos penchants ; pour séduire, il ment, il déforme la réalité. Dans l’évangile que nous venons d’entendre, le diable présente à Jésus un bien : manger quand on a faim est légitime, mais l’écoute de la Parole de Dieu et la recherche de la volonté de Dieu sont premières ; imagine-t-on Jésus le Fils de Dieu faire un miracle pour se satisfaire Lui-même ? Est-il juste d’utiliser un pouvoir spirituel pour satisfaire ses propres appétits ? On ne peut pas mettre la chair au-dessus de l’esprit. Dans la deuxième tentation, le diable essaie d’attaquer Jésus dans sa mission : en effet, Il est venu instaurer le royaume de Dieu. Il est tentant de recevoir du diable tous les royaumes de la terre sous prétexte d’y faire du bien. Mais peut-on acquérir des richesses pour faire du bien au prix d’une soumission au diable ? La troisième tentation est celle de l’orgueil : la tentation de se servir de Dieu pour prouver aux autres que Dieu est avec nous ; au lieu de servir Dieu, l’homme est tenté de prendre sa place.

Saint Luc semble montrer une progression dans les tentations ; le diable emmène Jésus plus haut et jusqu’au sommet du Temple, comme au-dessus de Dieu. Il emmène toujours plus haut pour faire tomber toujours plus bas.

Jésus répond aux tentations du diable par la puissance de la Parole de Dieu. Il coupe court avec le diable, Il ne discute pas. La Parole de Dieu, nous dit le Concile Vatican II est pour les chrétiens « la force de leur foi, la nourriture de leur âme, la source pure et permanente de leur vie spirituelle ». La Parole de Dieu, la prière, les sacrements, la vie fraternelle, la charité active, nous centre sur Dieu, sur le Bien, et empêche le diable d’avoir prise sur nous. Nous n’avons donc pas à nous occuper du diable ou du mal en général, mais de Dieu. Le but du carême est de nous rendre plus forts et plus libres avec l’aide de Dieu. Suivons donc le Christ au désert pour vaincre avec Lui !

 + Guy de Kerimel
 Archevêque de Toulouse

 


Actualité publiée le 10 mars 2022