Texte de Mgr Le Gall, archevêque de Toulouse
Le Psaume 142
SAINT JOSEPH, 19 MARS 2020
« L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint » : c’est la parole de l’ange du Seigneur à Joseph inquiet de voir Marie, son épouse, enceinte à son insu. Toute la vie de Marie et de Joseph est guidée par le Saint-Esprit. En effet, Marie a conçu de l’Esprit Saint : elle est féconde par l’œuvre de Dieu en son sein. C’est par l’Esprit qu’est né Jésus ; c’est par son œuvre que Jésus réalise pleinement son nom, qui signifie « Le Seigneur sauve », comme l’ange l’annonce encore à Joseph : nous venons de l’entendre. Le Salut nous est donné par le Sauveur, et c’est l’Esprit qui la poursuit dans l’Église et dans le monde. Nous constatons tous ces temps notre besoin d’être sauvés, face aux graves déséquilibres du monde, face à la pandémie du Coronavirus qui a fragilisé toute la planète en quelques semaines.
Nous sommes touchés, en particulier, d’apprendre combien les personnes contaminées par le virus peuvent connaître l’angoisse d’une respiration de plus en plus difficile : nous prions pour elles. Plus largement, ne souffrons-nous pas tous d’insuffisance respiratoire ? Nous manquons de souffle ou nous manquons au Souffle de Dieu qu’est son Esprit. Saint Paul, au centre de sa grande lettre aux Romains, écrit ce verset qui m’est cher depuis longtemps : « Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu » (8, 14). C’est le secret de la vie spirituelle. Comment nous laissons-nous conduire au jour le jour par le Saint-Esprit de Dieu ? S’il nous arrive de nous égarer, si nous le reconnaissons, il est là pour nous ramener sur la bonne route comme le fait un GPS efficace, et nous savons que ces initiales signifient « Guidés Par le Seigneur » !
Chaque semaine à Complies le mardi nous prions le Psaume 142, un des « Psaumes de l’âme », comme les Psaumes 24 et 85. Trois fois, il nous parle du souffle :
Ce n’est pas tout. Dans l’oraison de ce même office de Complies le mardi soir, nous prions ceci :
Dieu qui es fidèle et juste, réponds à ton Église en prière,
comme tu as répondu à Jésus ton Serviteur.
Quand le souffle en elle s’épuise,
fais-la vivre du souffle de ton Esprit :
qu’elle médite sur l’œuvre de tes mains, pour avancer,
libre et confiante, vers le matin de sa Pâque.
Deux fois le souffle est mentionné, et aussi l’Esprit, ce qui n’est évidemment pas fortuit. À la fin de la journée, nous sommes fatigués, parfois épuisés, nous demandons à Dieu de nous permettre non seulement de souffler, mais de nous régénérer par son Souffle de vie. Le disciple que Jésus aimait décrit en quatre mots sa mort : « Inclinant la tête, il remit l’esprit » (19, 30). En clair, Jésus rend le dernier souffle, lui qui nous a aimés jusqu’au bout ; dans cet acte d’amour suprême, il nous communique son Souffle, son Esprit.
Saint Joseph est le patron de la bonne mort, puisqu’il est parti vers le Père – il le représentait sur terre – entouré de Jésus et de Marie. Nous le prions pour les nombreuses personnes décédées récemment du Coronavirus ou qui mourront ce jour et dans les jours qui viennent. Que l’Esprit Saint, Notre Dame et saint Joseph les assistent pour qu’ils retrouvent leur pleine respiration dans l’air très pur de la Jérusalem d’en haut ! Qu’ils nous donnent d’avancer ensemble, dans la liberté, dans la confiance, vers la Pâque insolite qui vient ! Le monde souffre d’une immense insuffisance respiratoire, que le Mystère pascal lui redonne souffle, lui rende le Souffle de la vie, l’Esprit qui est cette « source d’eau jaillissant pour la vie éternelle » (Jn 4, 14). Amen.
+ fr. Robert Le Gall
Archevêque de Toulouse