Tous deux sont de blanc vêtus ; l’un est brun, l’autre blond. Tous deux sont dominicains et musiciens ; l’un compose et l’autre fait chanter. Le frère Clément Binachon compose des chants, dont l’air est le plus souvent inspiré de musiques baroques. Le frère Damien Duprat dirige la chorale paroissiale et chante en polyphonie la liturgie des heures avec d’autres frères du couvent de Toulouse - Rangueil.
Chez les dominicains, ils découvrent la beauté des offices chantés à plusieurs voix. Il avouent que la mise en musique des psaumes par le frère André Gouzes, lui aussi dominicain, les aide à prier. « La mélodie apporte de la sensibilité aux paroles qui, elles, nourrissent l’intelligence », remarque le frère Damien. Et la mémorisation des psaumes en est ainsi facilitée. Pour le frère Clément, « chanter les psaumes ensemble est signe d’unité dans la diversité (un même texte chanté à plusieurs voix), une belle façon d’expérimenter la vie communautaire ». Et justement, à chanter ainsi ensemble, les moines apprennent à mettre en premier le texte issu de la Parole de Dieu, à lui donner toute son importance, à faire de la musique un écrin pour la Parole. De même, quand il s’agit de mettre en musique les paroles abruptes de leur père fondateur, saint Dominique, « Mon Dieu, ma miséricorde, que vont devenir les pécheurs ? », mieux vaut s’appuyer sur une mélodie méditative et douce, permettant à ce texte puissant de se graver dans le cœur.
Nos deux compères insistent sur le travail nécessaire à un beau chant : la technique vocale, le travail en pupitres puis de l’ensemble réuni, c’est au final un travail de longue haleine. Comme le constate le frère Clément : « Ce travail est une contrainte, mais celle-ci est noble. Quelle joie de travailler à rendre sa prière plus belle ! » La joie, c’est le mot qui jaillit à plusieurs reprises sur les lèvres de nos deux musiciens. Joie de louer le Seigneur de tout son être, joie d’interpréter de beaux chants pour la gloire de Dieu et l’évangélisation des fidèles et des moins fidèles. C’est d’ailleurs ce que Jérôme de Moravie, un dominicain du XIIIème siècle précise dans son "traité de musique" : « Le plus grand obstacle aux belles notes, c’est la tristesse du cœur ; il n’y a qu’un cœur joyeux à pouvoir bien chanter. » Le frère Damien conclut avec pertinence : « Au ciel, on chantera avec les anges, alors autant commencer dès maintenant ! »
« Mon Dieu ma miséricorde », un hymne composé par les frères Clément Binachon et David Perrin, op
Si l’on en croit le pape émérite Benoît XVI, la réponse est « oui ». Il cite le chemin de conversion de saint Augustin, touché par le chant des psaumes, entendu à Milan : « Quand me viennent à l’esprit les larmes que les chants d’Église m’arrachèrent aux débuts de ma foi reconquise (...)
Portrait de Cathy Le Blanc, responsable de la Commission diocésaine de musique liturgique.
Souvent, à l’issue de la messe de Noël, des fidèles - pratiquants réguliers ou occasionnels – témoignent avoir été touchés par les chants de la Maîtrise de la cathédrale. Telle celle des anges, la voix de ces soixante-dix jeunes - garçons et filles - permet à chacun d’entrer plus profondément dans la célébration.
Imaginez un jeune pianiste appliqué. Le revoilà quelques années plus tard, collégien cette fois, ayant troqué le piano pour le clavier, instrument qui offre de nombreuses possibilités d’arrangements. Que faire de ce talent quand on a la foi ?