Deuxième Béatitude pour notre Carême
« Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ,
le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation ;
Il nous console dans toutes nos détresses, pour nous rendre capables de consoler tous ceux qui sont en détresse,
par la consolation que nous-mêmes recevons de Dieu…. » (2 Cor 1, 3-8).
Notre souffrance, tu la guéris parfois, quand notre libre prière ouvre une brèche par où ta puissance peut s’engouffrer, mais « Tu la consoles sans conditions » : Tu l’as promis.
Dieu n’est pas le Tout-Puissant, impassible, inaccessible à nos douleurs. Il prend sur Lui la souffrance et la fait Sienne. Jésus a triomphé de la souffrance par la « toute-puissance de son impuissance », grain de blé jeté en terre.
Dans Ta souffrance, Jésus, nous découvrons le vrai visage de Dieu.
Dieu est un Dieu vulnérable, faible, à la merci des hommes, en raison même de son Amour qui est murmure comme une brise, approche, appel discret, invitation….
Lorsque la souffrance est là :
- J’ai envie de tourner la page plus tôt,
- Je n’ai pas envie de me laisser envahir par elle.
Jésus, lui aussi a prié : « Père, s’il est possible, que ce calice s’éloigne de moi ».
Toute souffrance fait peur et nous cherchons à nous dérober. Mais si elle est reconnue :
- Comme une rencontre mystérieuse avec QUELQU’UN qui nous aime,
- Comme le Lieu où la Parole sur Dieu nous sera révélée… alors il me faut laisser à Dieu le soin de me dire le secret de son rendez-vous.
La souffrance nous façonne, nous modèle, nous purifie, comme on arrache l’or au minerai brut : « Tu nous as éprouvés, Ô Dieu, comme on affine le métal »
► Est-ce que ma foi est assez forte pour croire qu’au cœur de l’épreuve le Seigneur est là, Présence Mystérieuse ?... ou bien : Est-ce que je ferme mon cœur dans le murmure et la révolte ?
► Est-ce que je sais « me remettre doucement » entre les mains de mon Dieu avec mes larmes, avec mon angoisse, avec ma souffrance… et en solidarité avec mes frères ?
- avec les larmes de rejet de ceux en qui j’avais cru ?
- avec les larmes de l’abandon de ceux en qui j’espérais, que j’aimais ?
- avec les larmes causées par ma propre lâcheté, par ma fragilité, par ma sottise ?
Tel que je suis aujourd’hui, en cet instant, est-ce que je sais lui dire : « entre Tes Mains, Seigneur, je me remets »
« Moi, dit le Seigneur, je suis compatissant » (Ex 22/26).
Voilà l’événement important : Jésus a éprouvé la souffrance de son Peuple au plus intime de Lui-même, dans son cœur, dans ses entrailles. « Il a tressailli... Il a été bouleversé jusqu’à en trembler », et de ce tressaillement intérieur une Vie nouvelle a jailli.
- Quand Il voit la foule sans nourriture, Il « ressent » leur faim jusqu’au fond de Lui-même.
- Quand Il voit les aveugles, les lépreux, Il « ressent » leur lutte au plus intime de Lui-même.
- Quand Il voit les paralytiques, Il « ressent » leur souffrance dans son cœur.
Compassion efficace : d’un mot, avec la simplicité de la plus totale puissance, Il redonne la Vie : « Lève-toi ». Un geste délicat achève de nous « montrer » qui est Dieu : « Il le rendit à sa mère. »
► Être touché par la souffrance de mon frère, au point que, de mes entrailles de compassion surgissent une vie nouvelle chez mon frère.
Jésus n’est pas venu se mettre à notre place. Il n’est pas venu nous dire : « je m’occuperai de tous vos problèmes. » La bonne nouvelle : il est venu pour les partager, pour y entrer, pour en devenir « partie prenantes. »
« Il a pris sur lui » notre souffrance… Il est venu vivre, souffrir, mourir à norme.
Manifester, rendre visible la compassion de Dieu… comment cela se traduit dans ma vie ?
Le « cœur compatissant » n’est pas celui qui a la solution, mais celui qui « reste avec nous », même quand il n’y a pas de solution… ainsi Marie, présente près de son fils en croix. Il n’y a pas de solution, mais Elle est là… Une Présence.
► Il y a beaucoup de crucifiés dans notre monde !
► À travers mon regard, mon écoute, mes frères découvrent-ils qu’ils sont aimés, qu’ils sont portés avec leurs souffrances ?
► Auprès des personnes qui souffrent, suis-je présence délicate, discrète, proche… dans le respect du mystère de l’autre ?
Compatir, c’est entrer dans la souffrance de l’autre,
- c’est prendre soin,
- c’est intercéder dans la prière.
« J’ai partagé la faiblesse des faibles, je me suis fait tout à tous…
et cela, je le fais à cause de l’Évangile." (Un corinthien 9,22-23)
« Ton frère qui souffre, aime le de toutes tes forces. » (Mère Teresa).
Devant les êtres blessés, n’avons-nous pas, pour seul passeport, nos propres blessures ?… N’est-ce pas par elles que j’ai appris à avoir mal aux autres ?
« Prends soin de lui ». (Luc 10, 35)
Prendre soin de l’autre… accepter d’entrer avec l’autre dans ses faiblesses.
- Ai-je embrassé aujourd’hui ceux qui pleurent ?
- Ai-je souri de tendresse jusqu’à ce qu’ils sourient à leur tour ?
Intercéder dans la prière :
► Ma prière est-elle suffisamment « habitée » de ce que vivent mes frères qui souffrent ?... Est-ce que je les « porte » en moi ?
« Je m’en vais, mais je reste avec vous. »
► Comment je vis le Ministère de la « Présence dans l’absence » ?
« Seigneur,
Toi qui as pleuré avec la veuve de Naïm et avec les sœurs de Lazare, emplis nos cœurs, non pas d’attendrissement, mais de tendresse.
Remplis-les de compassion pour les autres, à commencer par les plus proches.
Apprends-nous à partager la souffrance des affligés,
à porter leurs fardeaux,
à nous ranger activement dans leur camp.
Rends-nous attentifs Seigneur à ceux qui pleurent ;
c’est par leurs yeux que tu pleures.
Que je n’oublie jamais ceci :
- si je ralentis, ils s’arrêtent,
- si je faiblis, ils flanchent,
- si je manque de chaleur, ils meurent de froid,
- si je doute, ils désespèrent.
Mais, si je tends la main, ils marcheront,
si je prie, alors ils seront transfigurés. »