Notre-Dame de St Bernard, découverte après quelques virages dans les vallons alentour, transmet peu à peu sa paix. Silence, beauté du lieu, accueil spirituel tout en simplicité et discrétion, assuré par Patrice : l’Oustal a bien fait de choisir ce lieu pour une pause spirituelle à l’entrée de l’été. Car la démarche proposée nécessite attention et ouverture du cœur : comment rencontrer les personnes les plus en souffrance, entendre leurs attentes sans vouloir « réussir » à les sortir de leurs situations, les respecter comme actrices de leurs vies, les accompagner dans la durée, fidèlement, dans l’amitié ? Un travail d’humanité, collectif et de longue haleine qui ne s’enracine que dans la prière et le partage fraternel. C’est ce que les participantes à la journée du 2 juillet ont eu le bonheur de vivre.

Le père Patrice a témoigné de son expérience d’accueil à la chapelle Notre Dame de St Bernard et des souffrances rencontrées : harcèlement au travail, vie de couple ou familiale très difficile, solitude, fragilités psychologiques, problèmes financiers ou de santé et pire, souvent, le cumul de différentes précarités qui oblige à se battre sur plusieurs fronts à la fois. Patrice a également partagé ce qu’il a appris sur la grande précarité, depuis ses nombreuses années de compagnonnage avec les familles du Quart-monde : comment les personnes cachent leur misère, comment les inviter à un groupe de prière, un atelier cuisine, ne pas se décourager de leurs refus, toujours tendre des perches, mais savoir aussi leur demander des services car « la plus grande pauvreté, c’est de ne pas pouvoir donner ».

Les participantes à la pause spirituelle ont pu à leur tour échanger leurs expériences, tout particulièrement dans le rural où les personnes sont encore plus tentées de cacher leurs souffrances. Le matin, la prière autour des psaumes 40, 126 et 127 et le chant « Vous êtes l’Evangile pour vos frères » avaient préparé ce partage de qualité.

L’après-midi, place aux appels pressants du pape François dans « La joie de l’Evangile » concernant la pauvreté : « Je voudrais que nous écoutions le cri de Dieu qui nous demande à tous « Où est ton frère ? ». Une promesse de bonheur, paradoxalement, car c’est dans cette attention à toute personne « digne de notre dévouement », en renonçant à nos « privilèges » et en nous engageant dans plus de justice pour tous que nous trouverons la joie. En exerçant ensemble la même tendresse que Dieu à l’égard de chacune de ses créatures, nous devenons un peuple fraternel et fidèle à son amour : « Nous atteignons la plénitude quand nous brisons les murs, pour que notre cœur se remplisse de visages et de noms ! ».

C’est dans la prière silencieuse puis l’Eucharistie que s’est achevée la pause spirituelle, avant que chacun, chacune parte retrouver ses frères sur les chemins du quotidien.