Doctrine Sociale

Doctrine Sociale

Morale et économie

L’objet de l’économie est la formation de la richesse et son accroissement progressif, en termes non seulement quantitatifs, mais qualitatifs : tout ceci est moralement correct si l’objectif est le développement global et solidaire de l’homme et de la société au sein de laquelle il vit et travaille. En effet, le développement ne peut pas être réduit à un simple processus d’accumulation de biens et de services. Au contraire, la pure accumulation, même si elle se faisait en vue du bien commun, n’est pas un condition suffisante pour la réalisation d’un authentique bonheur humain. En ce sens le Magistère social met en garde contre le piège que cache un type de développement uniquement quantitatif, car ’la disponibilité excessive de toutes sortes de biens matériels pour certaines couches de la société, rend facilement les hommes esclaves de la ’possession’ et de la jouissance immédiate. C’est ce qu’on appelle la civilisation de ’consommation’

Pour assumer une orientation morale, l’activité économique doit avoir pour sujets tous les hommes et tous les peuples. Tous ont le droit de participer à la vie économique et le devoir de contribuer, selon leurs capacités, au progrès de leur pays et de la famille humaine toute entière. Si, dans une certaine mesure, tous sont responsables de tous, chacun a le devoir de s’engager pour le développement économique de tous. C’est un devoir de solidarité et de justice, mais c’est aussi la meilleure voie pour faire progresser l’humanité toute entière. Si elle est vécue moralement, l’économie est donc la prestation d ’un service réciproque, à travers la production de biens et de services utiles à la croissance de chacun, et devient une opportunité pour tout homme de vivre la solidarité et la vocation à la communion avec les autres hommes. L’effort pour concevoir et réaliser des projets économiques et sociaux capables de favoriser une société plus juste et un monde plus humain représente un âpre défi, mais aussi un devoir stimulant, pour tous les agents économiques et poutr les spécialistes en sciences économiques.

La dimension morale de l’économie permet de saisir comme des finalités inséparables, et non pas séparées ou alternatives, l’efficacité économique et la promotion d’un développement solidaire de l’humanité. Constitutive de la vie économique, la morale ne s’y oppose pas, et elle n’est pas neutre : sil elle s’inspire de la justice et de la solidarité, elle constitue un facteur d’efficacité sociale de l’économie elle-même. C’est un devoir d’exercer de manière efficace l’activité de production des biens, pour ne pas gaspiller les ressources, mais une croissance économique obtenue au détriment des êtres humains, de peuples entiers et de groupes sociaux, condamnés à l’indigence et à l’exclusion, n’est pas acceptable. L’expansion de la richesse, visible à travers la disponibilité de biens et de services, et l’exigence morale d’une diffusion équitable de ces derniers doivent stimuler l’homme et la société dans son ensemble à pratiquer la vertu essentielle de la solidarité pour combattre, dans l’esprit de la justice et de la charité, où qu’elles se présentent, les ’structures de péché’ qui engendrent et maintiennent la pauvreté, le sous-développement et la dégradation. Ces structures sont édifiées et consolidées par de nombreux actes concrets d’égoïsme humain.

L’ordre économique et l’ordre moral ne sont pas si éloignés l’un de l’autre. Le rapport entre morale et économie est nécessaire et intrinsèque : activité économique et comportement moral sont intimement liés l’un à l’autre. La distinction nécessaire entre morale et économie ne comporte pas une séparation entre les deux domaines mais, au contraire, une réciprocité importante. Comme dans le domaine moral il faut tenir compte des raisons et des exigences de l’économie, en oeuvrant dans le domaine économique, il faut s’ouvrir aux questions morales : ’dans la vie économico-sociale aussi, il faut honorer et promouvoir la dignité de la personnes humaine, sa vocation intégrale et le bien de toute la société. C’est l’homme en effet qui est l’auteur, le centre et le but de toute la vie économico-sociale. La fin de l’économie ne réside pas dans l’économie elle-même, mais dans sa destination humaine et sociale.

Doctrine sociale  : Solidarité entre les travailleurs

a – L’importance des syndicats

Le magistère reconnaît le rôle fondamental joué par les syndicats de travailleurs, qui trouvent leur raison d’être dans le droit de ces derniers à former des associations ou des unions pour défendre leurs intérêts vitaux dans les différentes professions. Les syndicats ’ont grandi à partir de la lutte des travailleurs, du monde du travail et surtout des travailleurs de l’industrie, pour la sauvegarde de leurs justes droits vis-à-vis des entrepreneurs et des propriétaires des moyens de production’. En poursuivant leur fin spécifique au service du bien commun, les organisation syndicales contribuent à la construction de l’ordre social et de la solidarité et représentent donc un élément indispensable de la vie sociale. La reconnaissance des droits du travail constitue depuis toujours un problème difficile à résoudre, car elle se situe à l’intérieur de processus historiques et institutionnels complexes et on peut dire qu’aujourd’hui encore, elle est incomplète. Cela rend plus que jamais actuel et nécessaire l’exercice d’une solidarité authentique entre les travailleurs.

Doctrine sociale  : Le droit de grève

La doctrine sociale reconnaît la légitimité de la grève ’quand elle se présente comme un recours inévitable, sinon nécessaire, en vue d’un bénéfice proportionné, après que toutes les autres modalités de dépassement du conflit se soient révélées inefficaces. La grève, une des conquêtes les plus difficiles de l’associationnisme syndical, peut être qualifiée de refus collectif et concerté,d e la part des travailleurs, d’accomplir leurs prestations, fin d’obtenir, grâce à la pression ainsi exercée sur les employeurs, sur l’Etat et sur l’opinion publique, de meilleurs conditions de travail et de leur situation sociale. La grève, pour autant qu’elle apparaisse ’comme une sorte d’ultimatum’, doit toujours être une méthode pacifique de revendication et de lutte pour ses droits ; elle devient ’moralement inacceptable lorsqu’elle s’accompagne de violence ou encore si on lui assigne des objectifs non directement liés aux conditions de travail ou contraires au bien commun.

Doctrine sociale  : Le droit au travail ne peut pas être considéré comme une variable qui dépendrait des marchés financiers et monétaires’ (Pape François – 02/10/14) (suite et fin)

En d’autres termes, l’Etat de droit social ne doit pas être démantelé, en particulier le droit au travail qui est fondamental. Il ne peut pas être considéré comme une variable qui dépendrait des marchés financiers et monétaires. C’est un bien fondamental lié à la dignité (cf. ibid.), à la fondation d’une famille, à la réalisation du bien commun et de la paix. L’instruction et le travail, l’accès au bien-être pour tous, sont des éléments clés, que ce soit pour le développement et pour la juste distribution des biens, pour l’accès à la justice sociale, pour faire partie de la société et participer librement et dans un esprit responsable à la vie politique comprise comme gestion de la ’res publica’. Des visions qui prétendent augmenter la rentabilité, au prix de la restriction d’un marché du travail qui crée de nouveaux exclus, ne sont pas conformes à une économie au service de l’homme et du bien commun, à une démocratie inclusive et participative. Un autre problème émerge des déséquilibres permanents entre les secteurs économiques, entre les niveaux de rémunération, entre les banques commerciales et les banques de spéculation, entre les institutions et les problèmes mondiaux : il est nécessaire de garder à l’esprit une vive préoccupation pour les pauvres et la justice sociale (cf. Evangelii gaudium, 201). Cela exige d’une part de profondes réformes qui prévoient la redistribution de la richesse produite et l’universalisation des marchés libres au service des familles, et de l’autre la redistribution de la souveraineté, sur le plan national comme au plan supranational. L’encyclique ’Caritas in veritate’ nous a aussi stimulés à regarder la question sociale actuelle comme une question liée à l’environnement. En particulier, elle a rappelé le lien entre écologie environnementale et écologie humaine, entre la première et l’éthique de la vie. Un amour plein de vérité est en effet la base sur laquelle construire cette paix, particulièrement désirée et nécessaire aujourd’hui pour le bien de tous. Il permet de dépasser les fanatismes dangereux, les conflits pour la possession des ressources, les migrations aux dimensions bibliques, les plaies persistantes de la faim et de la pauvreté, la traite des personnes, les injustices et les disparités sociales et économiques, les déséquilibres dans l’accès aux biens collectifs.

Doctrine sociale  : Le droit au travail ne peut pas être considéré comme une variable qui dépendrait des marchés financiers et monétaires’ (Pape François – 02/10/14)

L’encyclique de Benoît XVI ’Caritas in veritate’ a attiré l’attention sur les bénéfices mais aussi sur les dangers de la mondialisation, quand elle n’est pas orientée vers le bien des peuples. Si la mondialisation a sensiblement augmenté la richesse accumulée par l’ensemble et par certains Etats en particulier, elle a aussi accentué les écarts entre les différents groupes sociaux, créant des inégalités et de nouvelles pauvretés même dans les pays considérés comme plus riches.

Un des aspects du système économique actuel est l’exploitation du déséquilibre international dans les coûts du travail ; celui-ci s’appuie sur des milliards de personnes qui vivent avec moins de deux dollars par jour. Un tel déséquilibre non seulement ne respecte pas la dignité de ceux qui alimentent la main-d’oeuvre à bas prix, mais détruit des sources de travail dans les régions où il est encouragé. Cela soulève le problème de la création de mécanismes de protection des droits du travail, et de l’environnement, en présence d’une idéologie consumériste croissante qui ne montre pas un sens de la responsabilité à l’égard de la ville et de la création.

La croissance des inégalités et des pauvretés met en danger la démocratie inclusive et participative, qui présuppose toujours une économie et un marché qui n’excluent pas et qui sont équitables. Il s’agit alors de vaincre les causes structurelles des inégalités et des pauvretés. Dans l’exhortation apostolique ’Evangelii gaudium’, j’ai voulu indiquer des instruments fondamentaux pour l’inclusion sociale des plus démunis, comme l’instruction, l’accès aux soins de santé et le travail pour tous (cf. n.192).(à suivre)

Le droit à une juste rémunération et distribution du revenu

La rémunération est l’instrument le plus important pour réaliser la justice dans les rapports de travail. Le ’juste salaire’ est le ’fruit légitime du travail’ ; celui qui le refuse ou qui ne le donne pas en temps voulu et en une juste proportion par rapport au travail accompli commet une grave injustice. Le salaire est l’instrument qui permet au travailleur d’accéder aux biens de la terre : ’Compte tenu des fonctions et de la productivité de chacun, de la situation de l’entreprise et du bien commun, la rémunération du travail doit assurer à l’homme des ressources qui lui permettent, à lui et à sa famille, une vie digne sur le plan matériel, social, culturel et spirituel’. Le simple accord entre travailleur et employeur sur le montant de la rémunération ne suffit pas à qualifier de ’juste’ le salaire concordé, car celui-ci ne ’doit pas être insuffisant à faire subsister l’ouvrier’. La justice naturelle est antérieure et supérieure à la liberté du contrat.

 

Doctrine Sociale - Le monde agricole et le droit au travail

Dans certains pays, une redistribution de la terre est indispensable, dans le cadre de politiques efficaces de réforme agraire, afin de surmonter l’empêchement que de grandes propriétés improductives, condamnées par la doctrine sociale de l’Eglise, constituent pour un développement économique authentique. Les pays en voie de développement peuvent enrayer efficacement le processus actuel de concentration de la propriété de la terre, en affrontant certaines situations qui apparaissent comme de véritables problèmes structurels. Car on ne compte plus les carences et les retards au niveau législatif en matière de reconnaissance du titre de propriété de la terre et en lien avec le marché du crédit, le désintéressement envers la recherche et la formation agricoles, ainsi que les négligences à propos de services sociaux et d’infrastructures dans les zones rurales. La réforme agraire devient ainsi non seulement une nécessité politique, mais une obligation morale car sa non-application dans ces pays entrave les effets bénéfiques dérivant de l’ouverture des marchés et en général, des occasions profitables de croissance que la mondialisation actuelle peut offrir.

 

Doctrine Sociale - Le monde agricole et le droit au travail

Le travail agricole mérite une attention particulière en raison aussi bien du rôle social, culturel et économique qu’il continue de jouer dans les systèmes économiques de nombreux pays, que des nombreux problèmes qu’il doit affronter dans le contexte d’une économie toujours plus mondialisée et de son importance croissante pour la sauvegarde de l’environnement. Des changements radicaux et urgents sont donc nécessaires pour redonner à l’agriculture – et aux cultivateurs – leur juste valeur comme base d’une saine économie, dans l’ensemble du développement de la communauté sociale.. Les mutations profondes et radicales en cours au niveau social et culturel, notamment dans l’agriculture et dans le vaste monde rural, requièrent avec urgence un approfondissement du sens du travail agricole dans ses multiples dimensions. Il s’agit d’un défi d’une grande importance qui doit être affronté avec des politiques agricoles et environnementales capables de dépasser une certaine conception résiduelle axée sur l’assistance et d’élaborer de nouvelles perspectives en vue d’une agriculture moderne capable de remplir un rôle significatif dans la vie sociale et économique.

 

Doctrine Sociale (Migrations et travail)

Les institutions des pays d’accueil doivent veiller soigneusement à ce que ne se répande pas la tentation d’exploiter la main d’oeuvre étrangère, en la privant des droits garantis aux travailleurs nationaux, qui doivent être assurés à tous sans discriminations. La réglementation des flux migratoires selon des critères d’équité et d’équlibre est une des conditions indispensables pour obtenir que les insertions adviennent avec les garanties requises par la dignité de la personne humaine. Les immigrés doivent être accueillis en tant que personnes et aidés, avec leurs familles, à s’intégrer dans la vie sociale. Dans cette perspective, le droit au regroupement familial doit être respecté et favorisé. En même temps, autant que possible, toutes les conditions permettant des possibilités accrues de travail dans les zones d’origine doivent être encouragées.

 
Doctrine sociale : Les femmes et le droit au travail
 
La persistance de nombreuses formes de discrimination offensant la dignité et la vocation de la femme dans la sphère du travail est due à une longue série de conditionnements pénalisant la femme, qui, comme par le passé, continuent à ’dénaturer ses prérogatives, l’ont souvent marginalisée et même réduite en esclavage’. Hélas, ces difficultés ne sont pas surmontées, comme le prouvent partout les diverses situations qui avilissent les femmes, les assujettissant aussi à des formes de véritable exploitation. L’urgence d’une reconnaissance effective des droits des femmes dans le cadre du travail se fait particulièrement sentir au niveau des rétributions, des assurances et de la prévoyance sociale.
 
Doctrine sociale – Le droit au travail
La capacité de programmation d’une société orientée vers le bien commun et projetée vers le futur se mesure aussi et surtout en fonction des perspectives de travail qu’elle peut offrir. Un taux élevé de chômage, le présence de systèmes d’instruction obsolètes et de difficultés persistantes dans l’accès à la formation et au marché du travail constituent, surtout pour beaucoup de jeunes, un fort obstacle sur la route de la réalisation humaine et professionnelle. Celui qui est sans emploi ou qui est sous-employé subit, de fait, les conséquences profondément négatives que cette situation entraîne sur sa personnalité et il risque d’être placé en marge de la société, de devenir une victime de l’exclusion sociale. C’est un drame qui frappe, en général, non seulement les jeunes, mais aussi les femmes, les travailleurs moins spécialisés, les handicapés, les immigrés, les anciens prisonniers, les analphabètes, tous les sujets qui rencontrent davantage de difficultés dan la recherche d’une place dans le monde du travail.
 
Doctrine sociale – "Lutter pour le travail" : le pape François s’y engage (Visite à Cagliari)
Le pape François appelle à ’lutter pour le travail’ et s’engage à faire pour sa part tout ce qu’il peut, car le travail veut dire dignité, veut dire rapporter pain à la maison, savoir aimer : il s’est fait l’avocat des travailleurs, des entrepreneurs qui se battent, dans la crise économique, pour un travail digne, et animés par le service du bien commun et l’espérance chrétienne.
Il a fustigé la recherche du profit et le travail précaire ou au noir. Il a dénoncé l’idolâtrie de l’argent qui laisse de côté les personnes âgées et les jeunes, et met au centre l’argent, qui ’commande’ et non pas l’homme, la femme, la famille : un système économique globalisé "sans éthique’. Il a invité à lutter avec astuce et ensemble contre ce système. Il a invité à affronter ce qu’il appelle un "défi historique" avec solidarité et intelligence.
Dans sa prière finale, spontanée, le pape a dénoncé l’injustice du système, demandant la force de ’lutter pour le travail’ : Les idoles veulent nous voler la dignité, les systèmes injustes veulent nous voler l’espérance. Seigneur, ne nous laisse pas seuls, aide-nous à nous aider les uns les autres, que nous oubliions un peu l’égoïsme, et sentions dans le coeur le ’nous’, nous, le peuple qui veut aller de l’avant. Seigneur Jésus, que le travail ne nous manque pas. Donne-nous du travail. Et enseigne-nous à lutter pour le travail.
Ici, a dit le pape après avoir rappelé la souffrance et la solidarité d’une autre île, Lampedusa, où il s’est rendu le lundi 8 juillet, je trouve aussi de la souffrance ; une souffrance dont l’un de vous a dit qu’elle t’affaiblit et finit par te voler l’espérance. Une souffrance, le manque de travail, qui te conduit - excusez-moi si je suis un peu fort, mais je dis la vérité -, qui te conduit à te sentir sans dignité. Et là où il n’y a pas de travail, manque la dignité.
 
Un système global sans éthique
Le pape a pris du recul en dénonçant le choix d’un système global qu’il qualifie de ’tragédie’ : Ce n’est pas un problème de la Sardaigne seulement – même s’il est fort ici –, ce n’est pas un problème de l’Italie ou de certains pays d’Europe, c’est le résultat du choix mondial d’un système économique qui conduit à cette tragédie : un système économique qui a au centre une idole qui s’appelle l’argent. Et Dieu a voulu qu’au centre du monde il n’y ait pas une idole, mais l’homme, l’homme et la femme, qui fassent avancer le monde par leur travail.
Qui dit choix dit donc des responsables pour un tel choix. Or, au lieu de dénoncer des personnes de désigner des coupables, le pape a dénoncé le vice à l’origine d’un tel système ’sans éthique’, car l’idolâtrie en cause c’est l’idolâtrie d’un Moloch qui s’appelle ’argent’ : au centre de ce système sans éthique, il y a une idole, et le monde est devenu idolâtre de ce dieu argent : c’est l’argent qui commande, et toutes les choses qui servent à cette idole.
C’est à cause de cette idolâtrie qu’il y existe une ’euthanasie cachée’ des personnes âgées et le chômage des jeunes. Pour défendre cette idole, tous se rassemblent au centre et les extrémités tombent : les personnes âgées tombent parce qu’il n’y a pas de place pour eux dans ce monde. Certains parlent de cette habitude d’euthanasie cachée, qui est de ne pas s’en soucier, de ne pas les prendre en compte, de les laisser tomber. Et ils tombent les jeunes qui ne trouvent pas de travail, ils perdent leur dignité. Mais pensez-y : un monde dans lequel les jeunes, des générations de jeunes, ne trouvent pas de travail, n’a pas d’avenir. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas de dignité. C’est difficile d’avoir une dignité sans travail.
 
Organiser la résistance
Le pape a au contraire invité à résister à un tel système, à refuser une telle culture, en remettant au centre le souci de l’homme : Le travail veut dire dignité, veut dire rapporter du pain à la maison, le travail veut dire aimer. Et pour défendre ce système économique idolâtre, on instaure la culture du rebut, on rejette les jeunes et on rejette les anciens. Et nous devons dire non à cette culture du rebut, nous devons dire que nous voulons un système juste qui nous fasse aller de l’avant. Nous devons dire que nous ne voulons pas de ce système économique globalisé qui nous fait tant de mal. Au centre il doit y avoir l’homme et la femme, comme Dieu le veut, et non pas l’argent.
Un des ressorts intérieurs de cette résistance, c’est, pour le pape, l’espérance, qu’il tient à distinguer de ? L’optimisme ?, mais une espérance ensemble, pas individualiste : A vous tous qui avez du travail et à vous qui n’avez pas de travail, je dis : ne vous laissez pas voler l’espérance. Ne vous laissez pas voler l’espérance ! Peut-être l’espérance est-elle comme les braises sous la cendre. Aidons-nous par la solidarité, en soufflant sur les cendres pour que le feu vienne à nouveau. Mais l’espérance nous fait avancer. Ce n’est pas de l’optimisme, c’est une autre chose. Mais l’espérance n’est pas d’un seul. L’espérance, nous la faisons tous. L’espérance, nous devons la soutenir tous, vous tous, et nous tous qui sommes loin. L’espérance est une chose qui est vôtre et nôtre. Elle est à tous. C’est pourquoi je vous dis : ne vous laissez pas voler l’espérance !
 
Etre plus malins que le système injuste
Le pape François indique aussi une autre façon de résister à une telle idolâtrie : il faut être astucieux, malin, créatif pour remettre au centre de la société et du système économique l’humain, la famille : soyons malins, parce que le Seigneur nous dit que les idoles sont plus malines que nous. Le Seigneur nous invite à avoir l’astuce du serpent en même temps que la bonté de la colombe. Ayons cette astuce. Et appelons les choses par leur nom. En ce moment, au centre de notre système économique, de notre système globalisé qu’on nous propose pour notre vie, au centre il y a une idole. Et cela ne peut pas se faire. On ne peut pas le faire. Luttons tous ensemble pour qu’au centre au moins de notre vie il y ait l’homme et la femme, la famille, nous tous, afin que l’espérance puisse aller de l’avant que qu’on ne se laisse pas voler l’espérance.
Le pape s’est inscrit ce matin dans la grande tradition du christianisme social et dans le sillage de ses prédécesseurs : il cite Jean-Paul II et Benoît XVI. Selon la pédagogie ignacienne du discernement des esprits, il n’accuse personne, mais il dévoile la racine du mal, dans une attitude profonde : l’idolâtrie, et l’idolâtrie de l’argent. Voilà l’origine de cette tragédie d’un système économique global sans éthique dont jeunes et vieux font les frais : l’homme, la femme, la famille, ne sont pas au centre du système, mais le culte du profit.
On évoquait, officieusement, il y a quelques semaines, la préparation d’une encyclique sur la pauvreté : ce matin, à Cagliari - après Rome, avec les jeunes détenus et les réfugiés, Lampédouse, et Rio de Janeiro -, le pape en offert les premières pages à une foule suspendue à ses lèvres, émue et à laquelle il était venu insuffler une espérance neuve.
 
Doctrine sociale – "Lutter pour le travail" : le pape François s’y engage (Visite à Cagliari) (suite)
 
Voilà votre souffrance, ici. Voilà la prière que vous avez criée : travail ! Travail ! C’est une prière ! Une prière nécessaire. Le travail veut dire dignité, veut dire rapporter du pain à la maison, le travail veut dire aimer. Et pour défendre ce système économique idolâtre, on instaure la culture du rebut, on rejette les jeunes et on rejette les anciens. Et nous devons dire non à cette culture du rebut, nous devons dire que nous voulons un système juste qui nous fasse aller de l’avant. Nous devons dire que nous ne voulons pas de ce système économique globalisé qui nous fait tant de mal. Au centre il doit y avoir l’homme et la femme, comme Dieu le veut, et non pas l’argent.
J’avais écrit différentes choses pour vous, mais en vous regardant ces paroles me sont venues. Je remettrai à l’évêque ces paroles écrites comme si elles avaient été dites. Mais j’ai préféré vous dire ce qui me venait du coeur en vous regardant en ce moment. Regardez. C’est facile de dire : ’ne perdez pas l’espérance’. Mais à tous, à vous tous qui avez du travail et à vous qui n’avez pas de travail, je dis : ne vous laissez pas voler l’espérance. Peut-être l’espérance est-elle comme les braises sous la cendre. Aidons-nous par la solidarité, en soufflant sur les cendres pour que le feu vienne à nouveau. Mais l’espérance nous fait avancer. Ce n’est pas de l’optimisme, c’est une autre chose. Mais l’espérance n’est pas d’un seul. L’espérance, nous la faisons tous. L’espérance, nous devons la soutenir tous, vous tous, et nous tous qui sommes loin. L’espérance est une chose qui est vôtre et nôtre. Elle est à tous. C’est pourquoi je vous dis : ne vous laissez pas voler l’espérance !
Mais soyons malins, parce que le Seigneur nous dit que les idoles sont plus malines que nous. Le Seigneur nous invite à avoir l’astuce du serpent en même temps que la bonté de la colombe. Ayons cette astuce. Et appelons les choses par leur nom. En ce moment, au centre de notre système économique, de notre système globalisé qu’on nous propose pour notre vie, au centre il y a une idole. Et cela ne peut pas se faire. On ne peut pas le faire. Luttons tous ensemble pour qu’au centre au moins de notre vie il y ait l’homme et la femme, la famille, nous tous, afin que l’espérance puisse aller de l’avant que qu’on ne se laisse pas voler l’espérance.
Maintenant je voudrais finir en priant pour vous tous en silence, en priant avec vous tous, en silence, et je dirai tout ce qui vient dans le coeur
Seigneur, ne nous laisse pas seuls, aide-nous à nous aider les uns les autres, que nous oubliions un peu l’égoïsme, et sentions dans le coeur le ’nous’, nous, le peuple qui veut aller de l’avant. Seigneur Jésus, que le travail ne nous manque pas. Donne-nous du travail. Et enseigne-nous à lutter pour le travail. Et bénis-nous tous. Au Nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Merci beaucoup et priez pour moi.
 
Doctrine sociale – " Lutter pour le travail" : le pape François s’y engage (Visite à Cagliari) ( Suite du texte écrit non prononcé)
Mais je vous le dis : ne vous laissez pas voler votre espérance. Et Je voudrais partager avec vous trois points simples mais décisifs.
Le premier : remettre au centre la personne et le travail. La crise économique a une dimension européenne et globale ; mais la crise n’est pas seulement économique, elle est aussi éthique, spirituelle et humaine. A la racine il y a une trahison du bien commun, de la part des individus et de la part des groupes de pouvoir. Il est donc nécessaire de retirer son caractère central à la loi du profit et du revenu et de remettre au centre la personne et le bien commun. Un facteur très important pour la dignité de la personne est justement le travail ; pour qu’il y ait une authentique promotion de la personne, il faut que le travail soit garanti. C’est une tâche qui est cette de toute la société, c’est pourquoi il faut reconnaître un grand mérite aux entrepreneurs qui, malgré tout, n’ont pas cessé de s’engager, d’investir et de prendre des risques pour garantir l’emploi. La culture du travail, contrairement à celle de ’’assistance’, implique l’éducation au travail dès la jeunesse, accompagnement au travail, dignité de toute activité de travail, partage du travail, élimination du travail au noir. En ce moment, toute la société, dans toutes ses composantes, doit faire tous les efforts possibles pour que le travail, qui est source de dignité, soit la préoccupation centrale !
 
Second élément  : l’Evangile de l’espérance : Les chrétiens peuvent et doivent faire leur part, en apportant leur contribution spécifique : la vision évangélique de la vie ; Je me souviens des paroles du pape Benoît XVI lors de sa visite à Cagliari en 2008 : ’il faut’ évangéliser le monde du travail, de l’économie, de la politique, qui a besoin d’une nouvelle génération de laïcs chrétiens engagés, capables de chercher avec compétence et rigueur morale des solutions de développement durable’ (Homélie, 7 septembre 2008). Regarder la réalité en face, bien la connaître, la comprendre, et chercher ensemble les voies, avec la méthode de la collaboration et du dialogue, en vivant la proximité pour apporter l’espérance. Ne jamais étouffer l’espérance ! Ne pas la confondre avec l’optimisme – qui exprime simplement une attitude psychologique – ni avec d’autres choses. L’espérance est créative, elle est capable de créer l’avenir.
 
Troisième point.
Un travail digne pour tous. Une société ouverte à l’espérance ne s’enferme pas en elle-même, dans la défense des intérêts d’un petit nombre, mais elle regarde en avant, dans la perspective du bien commun
Et cela requiert de la part de tous un fort sens des responsabilités. Il n’y a pas d’espérance sociale sans un travail digne pour tous. C’est pourquoi il faut ’rechercher comme priorité l’objectif de l’accès au travail ou de son maintien pour tous’ (Benoît XVI, Enc. Caritas in veritate, 32).
J’ai dit travail ’digne’, et je le souligne, parce que, hélas, spécialement il y a une crise, et que le besoin est fort, le travail inhumain augmente, le travail-esclave, le travail sans la juste sécurité, ou bien sans respect de la création, ou sans respect du repos, de la fête et de la famille, le travail le dimanche quand ce n’est pas nécessaire.
Le travail doit être allié à la préservation de la Création, afin qu’elle soit préservée avec responsabilité pour les générations à venir. La Création n’est pas une marchandise à exploiter, mais un don à préserver. L’engagement écologique lui-même est l’occasion d’un emploi nouveau dans les secteurs qui lui sont liés, comme l’énergie, la prévention et la suppression des différentes formes de pollution, la vigilance contre les incendies dans le patrimoine forestier, et ainsi de suite. Que préserver la Création, préserver l’homme avec un travail digne soient l’engagement de tous ! L’écologie … et aussi une ’écologie humaine’ !
Le bienheureux Jean-Paul II soulignait que Jésus ’a travaillé de ses mains. Et même, son travail, qui a été un vrai travail physique, a occupé la majeure partie de sa vie sur cette terre, et c’est ainsi que l’oeuvre de la rédemption de l’homme est entrée dans le monde’ (Discours au travailleurs, Terni, 19 mars 1981).
Il est important de se dédier à son travail avec assiduité, dévouement et compétence, il est important d’avoir l’habitude du travail. Je souhaite que, dans la logique de la gratuité et de la solidarité, on puisse sortir ensemble de cette phase négative, afin qu’un travail sûr, digne et stable soit assuré.
 

Doctrine Sociale

Le maintien d’un emploi dépend aussi des capacités professionnelles. Le système d’instruction et d’éducation ne doit pas négliger la formation humaine et technique, nécessaire pour remplir avec profit les fonctions requises. La nécessité toujours plus répandue de changer plusieurs fois d’emploi au cours de la vie impose au système éducatif de favoriser la disponibilité des personnes à une requalification et un perfectionnement permanents. Les jeunes doivent apprendre à agir de manière autonome, à devenir capables d’assumer de façon responsable et d’affronter avec des compétences appropriées les risques liés à un contexte économique mobile et aux évolutions souvent imprévisibles. Il est tout aussi indispensable d’offrir aux adulte en quête de requalification et aux chômeurs des occasions de formation opportunes. Plus généralement, le parcours professionnel des personnes doit trouver de nouvelles formes concrètes de soutien, à commencer par le système de formation, de sorte qu’il soit moins difficile de traverser des phases de changement, d’incertitude et de précarité.

Le rôle de l’Etat et de la société civile dans la promotion du droit au travail
Les problèmes de l’emploi interpellent les responsabilités de l’Etat auquel il revient de promouvoir des politiques actives de travail, aptes à favoriser la création d’opportunités de travail sur le territoire national, en stimulant à cette fin le monde productif. Le devoir de l’Etat ne consiste pas tant à assurer directement le droit au travail de tous les citoyens, en régentant toute la vie économique et en mortifiant la livre initiative des individus, que plutôt à ’soutenir l’activité des entreprises en créant les conditions qui permettent d’offrir des emplois, en la stimulant dans les cas où elle est insuffisante ou en la soutenant dans les périodes de crise.
 
Face aux dimensions planétaires qu’assument rapidement les relations économico-financières et le marché du travail, il faut encourager une efficace collaboration internationale entre les Etats, par le biais de traités, d’accords et de plans d’action communs qui sauvegardent le droit du travail, notamment dans les phases les plus critiques du cycle économique, au niveau national et international. Il faut avoir conscience du fait que le travail humain est un droit dont dépend directement la promotion de la justice sociale et de la paix civile. D’importantes tâches dans cette direction reviennent aux Organisation internationales et syndicales en se reliant sous les formes les plus opportunes, elles doivent s’engager en premier lieu à tisser une trame toujours plus serrée de dispositions juridiques qui protègent le travail des hommes, des femmes, des jeunes et leur assurent une rétribution convenable
 
Pour la promotion du droit au travail, il est important de nos jours comme à l’époque de l’encyclique ’Rerum Novarum’ du Pape Léon XIII qu’il y ait un ’livre processus d’auto-organisation de la société’. Nous pouvons trouver des témoignages significatifs et des exemples d’auto-organisation dans de nombreuses initiatives, au niveau d’entreprises et au niveau social, caractérisées par des formes de participation, de coopération et d’autogestion, qui révèlent la fusion d’énergies solidaires ; Elles se présentent sur le marché comme un secteur diversifié de travaux qui se distinguent par une attention particulière à la composante relationnelle des biens produits et des services assurés dans de nombreux domaines : instruction, protection de la santé, services sociaux de base, culture. Les initiatives de ce qu’on appelle le ’secteur tertiaire’ constituent une occasion toujours plus importante de développement du travail et de l’économie.
 
Doctrine sociale : la famille et le droit au travai l
Le travail est le ’fondement sur lequel s’édifie la vie familiale, qui est un droit naturel et une vocation pour l’homme’. Il assure les moyens de subsistance et garantit le processus éducatif des enfants. Famille et travail, si étroitement interdépendants dans l’expérience de la grande majorité des personnes, méritent finalement une considération plus adaptée à la réalité, une attention qui les comprenne ensemble, sans les limites d’une conception privatiste de la famille et économiste du travail. A cet égard, il est nécessaire que les entreprises, les organisations professionnelles, les syndicats et l’ Etat encouragent des politiques du travail qui ne pénalisent pas mais favorisent la cellule familiale du point de vue de l’emploi. En effet, la vie de famille et le travail se conditionnent réciproquement de diverses façons. Les grandes distances à parcourir jusqu’au lieu de travail, le double emploi et la fatigue physique et psychologique ont des répercussions matérielles et spirituelles sur les familles, de même que les tensions et les crises familiales influent négativement sur les comportements et sur le rendement dans le domaine du travail.


Doctrine Sociale : Initiative privée et Entreprise
 
 Les membres de l’entreprise doivent être conscients que la communauté dans laquelle ils oeuvrent représente un bien pour tous et non pas une structure permettant de satisfaire exclusivement les intérêts personnels de quelqu’un. Seule cette conscience permet de parvenir à la construction d’une économie qui soit véritablement au service de l’homme et d’élaborer un projet de coopération réelle entre les parties sociales. Un exemple très important et significatif dans cette direction est donnée par l’activité en rapport avec les coopératives, les petites et moyennes entreprises, les entreprises artisanales et les exploitations agricoles à dimension familiale. La doctrine sociale a souligné la contribution qu’elles offrent à la mise en valeur du travail, à la croissance du sens de reponsabilité personnelle et sociale, à la vie démocratique, aux valeurs humaines utiles au progrès du marché et de la société.Doctrine Sociale : Initiative privée et Entreprise
 
 La doctrine sociale reconnaît la juste fonction du profit, comme premier indicateur du bon fonctionnement de l’entreprise. Quand une entreprise génère du profit, cela signifie que les facteurs productifs ont été dûment utilisés. Cela n’empèche pas d’avoir conscience du fait que le profit n’indique pas toujours que l’entreprise sert correctement la société. Il peut arriver que les comptes économiques soient satisfaisants et qu’en même temps les hommes qui constituent le patrimoine le plus précieux de l’entreprise soient humiliés et offensés dans leur dignité. C’est ce qui se produit quand l’entreprise est insérée dans des systèmes socio-culturels caractérisés par l’exploitation des personnes, et qui ont tendance à se dérober aux obligations de justice sociale et à violer les droits des travailleurs. Il est indispensable qu’au sein de l’entreprise la poursuite légitime du profit soit en harmonie avec la protection incontournable de la dignité des personnes qui y travaillent à différents titres.Doctrine Sociale : Initiative privée et Entreprise
 
 L’entreprise doit être une communauté solidaire qui n’est pas renfermée dans ses intérêts corporatifs ; elle doit tendre à une ’écologie sociale’ du travail et contribuer au bien commun, notamment à travers la sauvegarde de l’environnement naturel.. Si dans l’activité économique et financière la recherche d’un profit équitable est acceptable, le recours à l’usure est moralement condamné. ’Les trafiquants, dont les pratiques usurières et mercantiles provoquent la faim et la mort de leurs frères en humanité, commettent indirectement un homicide. Celui-ci leur est imputable’. Cette condamnation s’étend aussi aux rapports économiques internationaux, en particulier en ce qui concerne la situation des pays moins avancés, auxquels ne peuvent pas être appliqués ’des systèmes financiers abusifs sinon usuraires’. Le Magistère plus récent a eu des paroles fortes et claires contre une pratique dramatiquement répandue aujourd’hui encore. ’ne pas pratiquer l’usure, une plaie qui à notre époque également, constitue une réalité abjecte, capable de détruire la vie de nombreuses personnes.’Doctrine Sociale : Initiative privée et Entreprise
 
 L’entreprise agit aujourd’hui dans le cadre de scénarios économiques de dimensions toujours plus vastes, au sein desquels les Etats nationaux montrent des limites dans la capacité de gérer les processus rapides de mutation qui touchent les relations économiques et financières internationales : cette situation conduit les entreprises à assumer des responsabilités nouvelles et plus grandes par rapport au passé. Jamais autant qu’aujourd’hui leur rôle n’apparaît aussi déterminant en vue d’un développement authentiquement solidaire et intégral de l’humanité ; tout aussi décisif, en ce sens, est leur niveau de conscience du fait que ’ou bien le développement devient commun à toutes les parties du monde, ou bien il subit un processus de régression même dans les régions marquées par un progrès constant. Ce phénomène est particulièrement symptomatique de la nature du développement authentique ; ou bien tous les pays du monde y participent, ou bien il ne sera pas authentique’

 

 

Doctrine Sociale : Initiative priée et Entreprise

 Le rôle de l’entrepreneur et du dirigeant d’entreprise
 

 L’initiative économique est une expression de l’intelligence humaine et de l’exigence de répondre aux besoins de l’homme d’une façon créative et en collaboration. C’est dans la créativité et dans la coopération qu’est inscrite la conception authentique de la compétition des entreprises, c’est à dire chercher ensemble les solutions les plus appropriées pour répondre de la façon la plus adéquate aux besoins qui émergent petit à petit. Le sens de responsabilité qui jaillit de la libre initiative économique apparaît non seulement comme une vertu individuelle indispensable à la croissance humaine de chaque personne, mais aussi comme une vertu sociale nécessaire au développement d’une communauté solidaire. Entrent dans ce processus d’importantes vertus telles que l’application, l’ardeur au travail, la prudence face aux risque raisonnables à prendre, la confiance méritée et la fidélité dans les rapports interpersonnels, l’énergie dans l’exécution de décisions difficiles et douloureuses mais nécessaires pour le travail commun de l’entreprise et pour faire face aux éventuels renversements de situations.Doctrine Sociale : Initiative priée et Entreprise
 

Le rôle de l’entrepreneur et du dirigeant d’entreprise
 Les entrepreneurs et les dirigeants ne peuvent pas tenir compte exclusivement de l’objectif économique de l’entreprise, des critères d’efficacité économique, des exigences de l’entretien du ’capital’ comme ensemble des moyens de production : ils ont aussi le devoir précis de respecter concrètement la dignité humaine des travailleurs qui oeuvrent dans l’entreprise. Ces derniers constituent ’le patrimoine le plus précieux de l’entreprise’, le facteur décisif de la production. Dans les grandes décisions stratégiques et financières, d’acquisition ou de vente, de restructuration ou des fermeture des établissement, et dans la politique des fusions , on ne peut pas se limiter exclusivement à des critères de nature financière ou commerciale.