Session de théologie pratique – Nevers – 10 -11 mars 2018

Ecouter les plus petits pour entendre Dieu

 

Depuis dix ans maintenant, le Réseau Saint Laurent* propose à Nevers une session de théologie pratique. Son objectif ? Se mettre réellement à l’écoute des plus petits et découvrir de leurs bouches et à travers leurs mots ce que Dieu leur révèle de manière privilégiée. Cette année, le thème percutant de l’hospitalité a résonné très fort dans les cœurs des participants.


Prendre au sérieux la prière de Jésus

On connait bien la prière bouleversante de Jésus, « exultant de joie sous l’action de l’Esprit Saint », et rapportée dans l’évangile de Luc : « Je te bénis, Père, ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout petits » (Luc 10, 21). Mais comment se laisser concrètement dérouter par ces paroles et suivre la piste que Jésus ouvre clairement ? C’est ce défi que le réseau Saint Laurent tente de relever : prendre au sérieux la prière de Jésus et offrir un temps de réflexion autour d’un thème – « La joie », « le travail », en 2018, « l’hospitalité » - en partant de ce que les plus petits en disent à travers leur expérience de vie.


Apprendre l’attention et la modestie

« On va faire ensemble de la théologie » annonce Jean-Claude Caillaux, de la fraternité la Pierre d’Angle. Un mot savant qui pourrait faire peur ? Pas du tout ! Car il s’agit simplement de dire quelque chose sur Dieu et sur la relation qu’il entretient avec nous. Or chacun de nous a quelque chose à partager pour que, dans l’Eglise et au-delà, tout le monde, sans exception, puisse comprendre. A commencer par celui qui a fait le moins d’études, qui a le plus de difficultés à s’exprimer ou qui souffre de timidité. Chacune, chacun est dépositaire d’un éclat du diamant pour refléter qui est Dieu et tous sont appelés à le transmettre aux autres.
Comment pratiquer cela ? Au cours de la session, le travail se fait par ateliers, dans des petits groupes fraternels, composés de personnes très différentes : personnes en grande précarité ou qui ont connu l’exclusion, personnes qui les rencontrent dans des fraternités et aussi, quelques théologiens de métier qui ont ensuite pour mission de recueillir le miel de tous ces échanges. Une seule consigne impérative : s’écouter avec attention et modestie. « Tu vas me dire, me révéler quelque chose que je ne savais pas encore ! » On se rend compte qu’il est possible de penser ensemble et en s’ouvrant aux autres, on reçoit souvent une parole essentielle pour soi-même.


Du grain à moudre et du pain pour la route

Pour pratiquer ainsi la théologie, on ne part pas de rien. L’outil de travail, en mars dernier, était un recueil de textes** préparés par dix personnes, au cours de l’Université de la solidarité et de la diaconie à Lourdes à la Toussaint 2017 . Autour de quelques grandes questions essentielles : l’hospitalité, que signifie ce mot ? Quelle expérience avez-vous de l’hospitalité ? L’hospitalité du cœur, quel sens donnez-vous à cette expression ? A quelles conditions l’hospitalité est–elle réussie ? Sans oublier la délicate question de l’accueil des migrants et des exilés dans notre pays.

Chaque groupe a mouliné ces textes et s’est approprié ces questions à son tour, un animateur veillant à ce que tous puissent prendre la parole. Peu à peu, dans chacun des groupes, se sont dessiné des lignes de force et on a choisi ce que l’on voulait retenir et partager. Au soir de la première journée, les théologiens de métier – Gwenola Rimbaut et le frère Frédéric-Marie le Méhauté – ont « fait lever la pâte » : l’hospitalité est concrète, on ouvre sa maison, son monde. Elle implique la qualité des liens, elle va loin, engage le cœur : il n’y a pas d’hospitalité sans amitié. Elle s’inscrit dans la durée, la gratuité, elle n’attend pas de retour. L’hospitalité, même si elle se fait dans la souffrance parfois, ça doit être la joie ! Elle se vit dans la réciprocité : on se reçoit mutuellement. On ouvre son monde et l’autre s’adapte aussi. C’est un apprentissage de part et d’autre et c’est en accueillant que l’on devient hospitalier et plus humain. Ce processus de l’hospitalité n’est-il pas celui que Jésus a choisi ? Jésus s’abaissant pour être accueilli par nous et faisant découvrir aux hommes la joie de l’accueil et du partage ?

Difficile d’exprimer ici la richesse de tous ces grains rassemblés…Mais après avoir osé mettre leur grain de sel, au cours d’une autre matinée d’échanges, participé à une mise en commun et enfin à une eucharistie, tous sont repartis avec du pain en abondance pour la route. Avec chacune, chacun, un trésor au cœur, une parole vivante qui l’accompagnera pendant longtemps.

Quelques paroles extraites du livret.

"Quand on est en grande souffrance, accueillir l’autre, ce n’est pas toujours facile. Quand on est en souffrance, on est heureux d’avoir rencontré des gens qui nous accueillent. On peut apprendre par ceux qui nous accueillent et franchir le pas en essayant d’accueillir quelqu’un. Pas l’accueillir avec nos souffrances, pas prendre en plus sa souffrance mais l’accueillir dans la joie, pouvoir lui dire « Tu vas poser ton fardeau et on va faire l’hospitalité ». L’hospitalité, ça doit être la joie."

Anne Reboux

 

 


Actualité publiée le 11 avril 2018

 

 


*Le Réseau Saint Laurent met en relations des groupes chrétiens diversifiés qui partagent en Eglise, un chemin de fraternité et de foi, avec et à partir de personnes vivant des situations de grande pauvreté et d’exclusion sociale. Il a à cœur que ce chemin devienne celui de toute l’Eglise. Site : http://reseau-saint-laurent.org
**Ce recueil de textes sur l’hospitalité « Les cahiers du Réseau Saint Laurent » N°3 est disponible au service de la diaconie. N’hésitez pas à venir le consulter ou l’emprunter.