Faire ce que l’on a dit

La parole de l’archevêque

Faire ce que l’on a dit

« Heureux ceux qui entendent la Parole de Dieu et qui la gardent », dit Jésus dans l’Évangile selon saint Luc (11, 28).
Saint Ignace de Loyola l’avait bien compris, qui finit presque toutes ses lettres par la formule : « Que Dieu vous donne le sens de sa très sainte volonté et la grâce de l’accomplir entièrement ! »
Lors du rassemblement Diaconia 2013, une parole de pauvre a été répercutée dès le premier jour : « Après la messe, que l’on fasse ce que l’on a dit ! » Forte parole qui rejoint ce que le bienheureux Jean-Paul II disait dans sa dernière Lettre apostolique, peu de temps avant sa mort : ce qui prouve l’authenticité de notre participation à l’Eucharistie, « c’est l’élan qui s’en dégage en vue d’un engagement effectif dans l’édification d’une société plus équitable et plus fraternelle » (Reste avec nous, Seigneur, n. 28), ce qu’a développé Benoît XVI dans sa grande encyclique La charité dans la vérité et que reprend de façon concrète à sa façon notre pape François.
Faire ce que l’on dit : ce n’est qu’ainsi que l’on est authentique, cohérent, crédible.
Jésus nous le dit souvent. « Faites ceci en mémoire de moi », commande-t-il à ses Apôtres, précisément au moment de l’institution de l’Eucharistie (1 Co 11, 24-25), ce qui montre son caractère central dans nos communautés chrétiennes dès l’origine.
Après le lavement des pieds dans l’Évangile selon saint Jean, Jésus dit à ses Apôtres : « C’est un exemple que je vous ai donné, afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous » (13, 15). Au jugement dernier, l’attention du Fils de l’homme portera bien sur ce que nous aurons fait pour ceux qui sont dans le besoin : « Amen, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40.45).
L’un des maîtres mots de la vie spirituelle est de se laisser faire par Dieu, selon le mot de Paul aux Romains : « Tous ceux qui se laissent conduire – littéralement « qui sont agis – par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu » (8, 14). Mais cette forme passive ne doit pas nous faire illusion : l’action de Dieu en nous provoque notre action ; il faut mettre en pratique ceux que nous entendons, il faut faire ce à quoi nous sommes invités de l’intérieur.
Marie est le modèle de cette attitude, elle qui dit à l’ange Gabriel au moment de l’Annonciation : « Comment cela pourra-t-il se faire, puisque je suis vierge ? » Après les explications de l’ange, elle peut dire son Fiat : « Qu’il me soit fait selon ta parole ! »
À chacun de nous de s’engager en Église auprès des pauvres et avec les pauvres, comme ces personnes du quart-monde qui fêtaient récemment sainte Germaine à Pibrac, ou comme ces gens du voyage qui participaient à l’ordination de l’abbé Damien Verley à la cathédrale et qui ont chanté leur confiance à la Vierge dans une mélodie que toute l’assemblée a su reprendre avec ferveur au terme de la cérémonie.
Bonnes vacances à tous dans une liberté d’esprit et une détente de tout l’être qui peut s’inspirer de la « légèreté de la sainteté », humble et forte à la fois, que l’on découvre auprès de notre Bergère aimée !
fr Robert le Gall, archevêque de Toulouse