"Germaine, un modèle"

Trois questions au père Laurent Bacho, scj, curé de Pibrac de 1982 à 1988, première équipe de frères bétharramites à Pibrac

- En cette année d’anniversaire de la canonisation de sainte Germaine, pouvez-vous nous relater quelques-uns des miracles retenus lors de ses procès en béatification et en canonisation ?

Au cours de ces procès sont racontées des guérisons d’enfants et de jeunes filles : Jacqueline Catala, 8 ans, infirme par atrophie des membres inférieurs et Philippe Luc, 12 ans, atteint d’une fistule profonde de l’os iliaque. Lucie Noël et Françoise Huot, toutes deux paralysées, avaient 19 ans. Tous ont retrouvé l’usage de leurs membres après un pèlerinage à Pibrac. On trouve aussi le récit de grâces obtenues à la maison du Bon Pasteur de Bourges où par deux fois se produit une multiplication de pains et de farine en période de disette. Les sœurs du Bon Pasteur ont quitté Bourges pour la région d’Angoulême en emportant le « pétrin miraculeux ». Chaque 15 juin, elles y déposent un pain qui reste jusqu’au 15 juin de l’année suivante : toujours souple, il est alors partagé par toutes les sœurs !

- Nombreux sont les pèlerins qui affluent chaque année à Pibrac pour prier et invoquer la petite bergère. Comment se fait-il qu’elle nous soit si proche ?

Germaine est proche de tous ceux qui mènent une vie simple, ceux qui souffrent d’un handicap, ceux qui ont manqué d’affection et qui sont blessés dans leur être profond. Ceux qui sont affectés par les souffrances de la vie trouvent en elle un exemple et un modèle. Germaine leur enseigne à ne pas se laisser enfermer dans des lamentations mais à ouvrir le cœur et les mains car on découvre toujours un plus pauvre : elle était, elle, pleine d’attention aux plus défavorisés. "Ce que tu as caché aux sages, tu l’as révélé aux petits" (Mt 11,25). Les pèlerins trouvent en elle un chemin de piété populaire et de simplicité. Parfois la dimension intellectuelle, la raison a pu être survalorisée. Ici à Pibrac, à travers le pèlerinage, il y a une dimension affective qui est prise en compte.

- Sainte Germaine est la sainte du midi toulousain. Comment sa réputation et sa ferveur ont dépassé nos frontières ?

Je pense que c’est la simplicité de l’Évangile qui est soulignée par Germaine, la pauvreté évangélique. L’Évangile ne s’enferme pas dans des frontières. Les différentes conditions de pauvreté sont universelles : il y a une mondialisation de la pauvreté sous toutes ses formes. Germaine a pu exister malgré toutes les blessures affectives : aujourd’hui, en dépit d’une prise en compte de la pauvreté matérielle, la blessure affective tend à se généraliser. L’histoire de l’Église est riche de tant de témoignages de vie évangélique.

Propos recueillis par Flamine Favret