Homélie de Mgr Le Gall pour la Saint-Saturnin

29 novembre 2017

Homélie de Mgr Le Gall pour la Saint-Saturnin

SAINT SATURNIN
EN LA BASILIQUE INSIGNE
DE SAINT-SERNIN
LE MERCREDI 29 NOVEMBRE 2017

Samedi dernier, j’ai eu la joie de confirmer plus de vingt jeunes à Saint-François-Xavier, près de la Croix de Pierre. Plusieurs de lettres m’exprimaient l’importance qu’avaient eu pour eux le témoignage de leurs camarades. Une jeune fille m’écrivait : « Les témoins qui m’ont marquée dans ma vie sont Alice, Camille, Daniéla, Eloïse ». Ces prénoms et d’autres sont revenus à plusieurs reprises en leurs lettres. Je constate que les jeunes ont besoin d’être ensemble, de marcher ensemble ; ils se soutiennent, s’évangélisent mutuellement ; certains se font accompagnateurs de leurs amis vers le baptême ou la confirmation. À l’approche du Synode sur les jeunes d’octobre prochain à Rome, ces signes sur leur implication missionnaire dans la proximité me réjouissent.

Ces semaines dernières, nous avons entendu (du 16 octobre au 11 novembre) jour après jour la lettre de saint Paul aux Romains : le 11 novembre, la dernière page de l’épître donnait une liste impressionnante de prénoms, qui montre le nombre de personnes que l’Apôtre connaissait concrètement, et quelque chose de leurs implications précises dans leurs communautés.

« Saluez Prisca et Aquila. Saluez l’Église qui se rassemble dans leur maison. Saluez mon cher Épénète, qui fut le premier à croire au Christ dans la province d’Asie. Saluez Marie, qui s’est donné beaucoup de peine pour vous. Saluez Andronicos et Junias qui sont de ma parenté. Ils furent mes compagnons de captivité. Saluez Ampliatus, qui m’est cher dans le Seigneur. Saluez Urbain, notre compagnon de travail dans le Christ, et mon cher Stakys. Saluez Apellès, qui a fait ses preuves dans le Christ. Saluez les gens de chez Aristobule. Saluez Hérodion, qui est de ma parenté. Saluez les gens de chez Narcisse, ceux qui croient au Seigneur. Saluez la chère Persis, qui s’est donné beaucoup de peine dans le Seigneur. Saluez Rufus, choisi par le Seigneur, et sa mère qui est aussi la mienne. Saluez Asyncrite, Phlégon, Hermès, Patrobas, Hermas, et les frères qui sont avec eux. Saluez Philologue et Julie, Nérée et sa sœur, et Olympas, et tous les fidèles qui sont avec eux. Saluez-vous les uns les autres par un baiser de paix. Toutes les Églises du Christ vous saluent » (16, 3-16).


Je ne vous ai rien épargné. Quand on fait le compte de ces prénoms – qui peuvent donner des idées pour des enfants à naître –, on arrive à un total de 24 personnes ; autant qu’on puisse en juger, six ou sept femmes sont nommées. Ce sont tous des fidèles du Christ, qui croient au Seigneur, se donnent beaucoup de peine pour lui, des compagnons de travail ou même de captivité pour Paul, des frères et des sœurs qu’il connaît, qu’il a rencontrés. Ils constituent l’Église en leurs maisons, en lien avec d’autres Églises du Christ, qui ne devaient pas être des communautés importantes ; on y vivait en réelle proximité. Nous allons essayer de repérer dans notre diocèse, de stimuler et de multiplier de telles « communautés de proximité », comme nous y invite le pape François, des communautés locales, se réunissant régulièrement, animées par un frère ou par une sœur : en d’autres termes, des « fraternités missionnaires », comme celles qui se trouvaient à Rome, humbles, simples et annonçant la joie de l’Évangile « avec une grande assurance » ; c’est la formule qui résume l’apostolat de Paul à Rome au dernier verset des Actes des Apôtres (28, 31).

Les 24 noms énumérés par saint Paul à la fin de sa lettre aux Romains sont en majorité grecs, mais on relève plusieurs noms latins comme Urbain, Rufus, Ampliatus ou Julie. Nous célébrons ce soir saint Saturnin, qui était envoyé de Rome par le pape Fabien. Son nom latin Saturninus est lié à Saturne, divinité romaine qui, dans la mythologie préside aux « Saturnales » dans la période qui précède le solstice d’hiver, celle où nous arrivons : elle était marquée par des libertés débridées. Saint Saturnin, lui qui porte le nom d’un dieu païen, est celui qui, comme le dit l’oraison de ce jour, nous fit passer « des ténèbres du paganisme à l’admirable lumière de l’Évangile  ». De nos jours, le prince de ce monde est encore très actif, directement et indirectement. À nous d’annoncer, avec le Prince de la paix, la Bonne Nouvelle lumineuse de la victoire du bien sur le mal, sur le Mauvais.

À nous d’imiter « les Églises de Dieu qui vivent en Judée dans le Christ Jésus », comme nous l’avons entendu dans la lettre de saint Paul aux Thessaloniciens (1 Th 2, 14). À nous de repérer, de stimuler et de multiplier ces « Églises du Christ  » qui se réunissent dans nos maisons, dans nos maisonnées. N’est-ce pas grâce à des communautés de proximité que l’Évangile s’est implanté dans notre ville de Toulouse ? Prions saint Saturnin de réunir de nombreuses fraternités en notre diocèse pour la mission ?

Amen.