19 avril 2019 - En la cathédrale Saint Etienne de Toulouse
Une grâce étonnante de paix
nous habite souvent au cœur de nos épreuves.
Il en va ainsi et d’abord du Vendredi saint,
où plane un grand silence d’apaisement mystérieux.
Le Carême, cette année, nous a fait ressentir l’humiliation
à l’échelle de l’Église universelle
pour des infidélités graves et criminelles à l’ Évangile.
Depuis les Cendres, nous regardons avec intensité notre Sauveur
et nous ajustons mieux notre vie à son message d’amour,
à son attention privilégiée aux petits :
leurs anges voient la face du Père
et il est très grave de les scandaliser.
Tout n’est pas résolu, tout n’est pas réparé, nous le savons.
Mais l’onction de l’Esprit, transmis par Jésus
sur la Croix avec son dernier souffle,
apaise notre cœur pécheur et lui rend sa capacité d’aimer.
De même, les cendres qui jonchent maintenant
le sol de Notre-Dame de Paris après l’incendie formidable,
nous ont fait passer de l’effroi à une consternation plus sereine
et même à une forme d’action de grâce,
à laquelle les Psaumes nous habituent,
pour les limites de la catastrophe.
Après avoir levé les yeux vers la charpente cruciforme
transformée en buisson ardent gigantesque,
après cette agonie de Notre- Dame,
une fois dissipées les fumées opaques,
nous avons retrouvé l’autel et la Vierge-Mère intacts
et plus encore la croix sur l’autel, plus lumineuse que jamais,
signe, au cœur de ce drame, de la paix qui nous rejoint.
Enfin, dans les décombres et parmi les cendres
de ce vaisseau marial et mondial,
vaisseau amiral d’une armada d’un autre monde,
on a retrouvé le coq de la flèche,
enrichi d’une épine de la Croix.
Le coq a chanté trois fois après le triple reniement de Pierre,
signe et rappel de notre faiblesse à tous,
mais le coq est aussi celui qui chante pour éveiller l’aurore,
pour annoncer la Résurrection,
pour convoquer à la reconstruction.
Hosanna !
+ fr. Robert Le Gall,
Archevêque de Toulouse