Je m’appelle Michel. Je suis marié et nous avons 5 enfants. Je travaille pour le spatial dans une grande société de la région Toulousaine : je suis responsable d’une petite équipe qui fait les études- système

 Au fil des jours, certains collègues prennent le temps de s’arrêter pour me saluer, et échangent quelques mots ; petit à petit les discussions se précisent et deviennent plus personnelles, ils m’expriment leurs difficultés au quotidien sur leurs lieux de travail. IIs en viennent à se confier et à me partager leur stress, la pression qu’ils subissent et, pour certains, le peu de considération de la part de leur hiérarchie. Au fur et à mesure qu’ils m’expriment leurs souffrances, je me sens appelé à écouter ce qu’ils me confient, à demeurer ouvert sans jugement et sans me transformer en conseiller. Je demeure à l’écoute de ces personnes qui souffrent : les situations sont différentes mais le manque d’humanité qu’il en ressort est flagrant.

Les événements se bousculent : de plus en plus de collègues sont en arrêt de maladie car ils sont au fond du trou ; on appelle cela le « burn -out » ce nom anglo-saxon qui désigne une dépression naissante, sous la pression qu’ils subissent, de plus en plus grande. Le profit est le maître mot la plupart du temps, mais il y a aussi cette pression négative générée par des managers qui transmettent la pression qu’eux-mêmes reçoivent sans trouver le moyen de la filtrer davantage, en oubliant que derrière les matricules il y a des personnes.


 Je me sens impuissant devant cette déferlante, car c’est toute la pyramide qui commence à être touchée, mon seul recours avec l’écoute, a été la prière, l’intercession et la présentation au Seigneur de toutes les personnes qui sont touchées et que je connais. Mais bientôt je suis confronté à ce fléau à l’extérieur de mon travail. Le partage lors de notre journée en doyenné, l’exemple de tel frère ou sœurs de la paroisse qui est en arrêt pour les mêmes motifs, des histoires que l’on me relate similaires dans d’autres entreprises. Le Seigneur par toutes ces rencontres et témoignages m’interpelle et m’appelle à entrer davantage en compassion avec ces frères qui souffrent, mais il m’appelle aussi à agir pour que ma charité s’incarne.


 La première action à la quelle je me suis joint est celle qui se met en place sur notre doyenné. Après avoir partagé, sous l’impulsion de l’Esprit, nous nous mettons d’accord pour lancer la création d’un groupe de parole où les personnes pourraient, dans un premier temps , dire leurs souffrances, leur désarroi. Nous pensons que c’est la première étape indispensable pour inverser la spirale et permettre une restauration de ce qui a été meurtri. Nous planifions donc une réunion sans préjuger de ce quelle sera, et sans nous projeter sur la suite, c’est le Seigneur qui doit garder les rênes, nous n’avons qu’à nous laisser conduire.

  La seconde action, est sur mon lieu de travail : un délégué du personnel que je connais bien dépose un dossier sur le stress, pour définir et faire remonter les causes, proposer des actions. Je suis le dossier grâce à la confiance qu’il m’accorde, mais là aussi mon but n’est pas d’interférer avec l’action qu’il mène, mais toujours de voir comment, au niveau de l’entreprise, les personnes qui souffrent peuvent dans un premier temps dire quelle est leur douleur. Nous ne savons pas encore bien comment concilier cette idée avec les contraintes liées à l’entreprise ; tout reste à faire, c’est un vrai chantier.


 Au moment où j’écris ce témoignage, je ne connais pas la suite, mais je demeure vigilant et je continue à porter toutes ces personnes, dont je connais plus ou moins l’histoire, dans ma prière quotidienne pour que le Seigneur les réconforte les soutienne et les aide à surmonter cette épreuve.



Seigneur je te confie toutes ces personnes,

et ce monde du travail qui se déshumanise.