Le sens de la fête

Le 6 juin, le service diocésain de la catéchèse convie les enfants de 3 à 7 ans et leurs familles à une fête diocésaine de l’éveil à la foi. Début avril, c’est la fête des fêtes pour les chrétiens : nous célèbrerons la Résurrection du Christ !

Pourquoi fait-on la fête ? C’est l’occasion de se pencher sur le sens de nos fêtes, celles de nos communautés chrétiennes, et plus largement, toutes celles qui rythment nos vies.


Car c’est d’abord cela dont il s’agit : les fêtes rythment notre quotidien, le rehaussent, lui donnent une coloration particulière. Les rites nous donnent des repères, nous intègrent dans une histoire, une tradition : ainsi, le festival interceltique de Lorient qui rassemble autour d’une même culture.

 

Les fêtes, dans l’intimité ou en grand nombre, font grandir l’esprit de corps, d’appartenance : les étudiants en grandes Ecoles nous le confirmeront ! De même, tous les Français plus de 30 ans se souviennent du sacre de l’équipe de France de football en 1998 comme d’un grand moment de communion nationale.

 

La fête, c’est aussi le lieu d’un débordement, d’une transgression, d’un renversement de l’ordre établi. Les fêtes de Carnaval étaient historiquement l’occasion pour les plus pauvres de devenir les rois ou les reines d’un jour, de se rêver autres, signe qu’une autre manière de vivre est possible.

 

Enfin, les fêtes sont une célébration de la vie, un temps et un espace de gratuité. Célébrer l’anniversaire d’une personne, c’est dire « Ta vie compte pour nous, elle est importante, c’est bon que tu existes, tu es aimé tel que tu es. ».

 

Et puis il y a les fêtes dans la Bible : dans l’Ancien Testament, avec « le vin qui réjouit le cœur de l’homme » (Ps 104/103, v.15), et dans le Nouveau Testament avec Jésus, que ses ennemis n’hésitent pas à qualifier de glouton et d’ivrogne (Lc 7, 34) !

Il n’aura échappé à personne que Jésus inaugure sa vie publique en « sauvant » une fête à Cana à un moment critique. L’eau changée en vin devient un signe pour ses disciples qui se mettent à croire en Lui (Jn 2, 11). Mais pour tous les autres, c’est un miracle « gratuit », qui passe inaperçu. Pas de témoin, à l’exception des serviteurs. Seul le maître du repas s’interroge sur le choix étrange du marié : « tu as gardé le bon vin jusqu’à maintenant » (Jn 2, 10). Pour les autres, la fête continue. Cette surabondance folle (600 litres de vin, soit 800 de nos bouteilles de 75 cl !) est pour tous, ceux ignorants du don qui leur est fait, comme ceux qui en furent les artisans et témoins discrets. Ce vin si bon devient signe du Royaume, la vie est donnée en abondance à tous.

Dans l’Evangile de Luc, la fête est même le signe concret de la miséricorde du Père. C’est ce que Jésus nous enseigne à travers les paraboles du chapitre 15 : fêtes improvisées avec les voisins pour une brebis et une drachme perdues et retrouvées, mais surtout pour le fils perdu et retrouvé, lui « qui était mort et qui est revenu à la vie » (v. 24 et 32).

Renouer les liens rompus, retisser la communion, en nous, entre nous, et entre les hommes et Dieu, c’est ce que le Christ est venu faire sur terre. C’est ce qu’il nous offre, à travers sa vie donnée. C’est ce que nous célébrerons à Pâques, la Vie plus forte que tous nos péchés, que tous nos refus d’aimer, la Vie plus forte que toutes nos morts.

Bonne fête à chacun !


Pour approfondir le sujet : Croire Aujourd’hui Jeunes Chrétiens n°4 – Faire la fête – Décembre 2000