Par José Raisson

Les 7 souffrances du malade psychique.

Notre difficulté à vivre confinés nous rapproche du vécu de beaucoup de personnes qui ont des difficultés psychiques et sont ou se perçoivent comme rejetées par la société. Cessons de les regarder comme des personnes dangereuses. Autour de nous, des personnes ont de telles difficultés de lien social et le contexte anxiogène est plus douloureux pour eux, d’autant que leurs activités sont souvent suspendues. Ils risquent de se renfermer davantage... C’est l’occasion de vous dire comment une association, Amitié Espérance, travaille à Toulouse avec eux à construire des liens fraternels et spirituels plus forts que leur maladie. Avec eux et peut-être avec vous demain ?

Amitié Espérance tente de répondre aux 7 souffrances principales des malades psychiques.

  • Le malade psychique souffre d’abord de sa propre maladie, qui peut lui infliger selon les cas un délire, une dépression, de l’angoisse, des tocs, des voix qui le perturbent, etc. Jésus a fait l’expérience d’une angoisse extrême, au point de suer du sang à Gethsémani. (Luc 22,44). Jésus a « guéri beaucoup de gens atteints de toutes sortes de maladies » (Mc 1,34). Il semble donc avoir au moins soulagé des malades psychiques. On le voit bouleversé, ému de compassion devant la souffrance d’une veuve de Naïm qui s’apprête à inhumer son fils unique (Lc 7, 11-17). Alors qu’on veut faire taire l’aveugle de Jéricho, Bartimée, il le fait venir et lui donne la parole : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » (Mc 10, 46-51). Dans nos groupes Amitié Espérance, nous pouvons soulager les souffrants par le partage fraternel dans une écoute respectueuse et bienveillante.
  • Le malade psychique souffre de rejets, il a généralement perdu ses amis, il est souvent isolé. Jésus a vécu l’abandon de ses amis et la trahison par l’un d’eux. Jésus a soulagé les personnes rejetées en les rejoignant, allant jusqu’à toucher les lépreux, manger avec les pécheurs et les ramasseurs d’impôts... c’est pourquoi il a été lui-même rejeté et condamné. La parabole de la brebis perdue est une image parlante de la place des souffrants dans le cœur de Dieu (Luc 15,3). La guérison du lépreux était aussi pour lui le bonheur de revenir près des siens et de reprendre une vie sociale. Dans nos groupes Amitié Espérance, nous pouvons par l’amitié fraternelle, par l’empathie, par un regard positif inconditionnel, soulager les personnes blessées et les mettre sur la piste de Jésus qui nous rejoint jusque dans nos blessures.
  • Le malade psychique souffre beaucoup du mépris, des humiliations qu’il reçoit du fait des incompréhensions et des peurs que suscite la maladie psychique. Accepter sa maladie demande d’affronter le regard social stigmatisant, c’est déjà une démarche essentielle qui peut demander des années. Jésus a vécu le mépris social, au point d’être traité d’agent de Béelzeboul, c’est-à-dire de Satan. Le récit de la Passion nous montre Jésus couronné d’épines et les soldats se moquant de lui en disant : « Salut, roi des Juifs ! » (Mt 27, 27-31). Face à Jésus crucifié, c’est le même mépris. Les chefs ricanaient, les soldats se moquaient de lui (Lc 23, 35-36). Jésus a soulagé les personnes méprisées en les rejoignant, à commencer par les bergers de Bethléem, et en terminant par les bandits crucifiés avec lui. Dans nos groupes Amitié Espérance, nous soulageons les personnes méprisées en leur donnant la parole, des responsabilités à leur mesure, en relevant ce qu’elles disent ou font de positif. En fréquentant dans la Diaconie diocésaine des personnes méprisées pour d’autres motifs, ils prennent aussi du recul sur le regard social stigmatisant : gitans, personnes obèses, analphabètes ou alcooliques, et espérant des personnes violées ou harcelées, sortant de prison, de prostitution, etc.
  • Le malade psychique souffre souvent de honte, il intègre le regard négatif que l’on a eu sur lui, alors il se situe au-dessous des autres et restreint ou cesse de partager ses difficultés ou son passé. Jésus a rejeté cette honte : « ayant méprisé la honte » (Heb 12,2), car il ne se regarde pas dans le regard des hommes, mais dans celui du Père. Jésus a recherché et guéri les personnes honteuses comme la femme hémorragique et qui n’avait pas le droit de toucher personne (Mc 5,25), Jésus tient à la rencontrer personnellement. Dans nos groupes Amitié Espérance, nous pouvons soulager les honteux par le dialogue, et leur permettre de sortir de la honte par les trois voies : psychologique par une écoute valorisante, sociologique par la rencontre d’autres personnes honteuses, et spirituelle par l’approche du Sauveur qui nous apprend à rejeter nos hontes, lui qui s’est fait pauvre, faible et vulnérable pour partager nos misères, nous approcher et nous combler de la richesse de son amour.
  • Le malade psychique souffre de ce qu’il fait souffrir sa famille, il se perçoit comme un fardeau pour eux. Jésus a angoissé ses parents en restant à Jérusalem sans le leur dire, mais ensuite il leur a été soumis jusque 30 ans. Jésus a perturbé sa famille par son comportement hors normes au point que les gens de sa parenté ont voulu l’arrêter : car ils disaient : « il a perdu la raison ! » (Mc 3, 21) Puis Jésus les a fait réfléchir : « qui est ma mère, qui sont mes frères ? Ma mère et mes frères, ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique » (Lc 8, 19-21)). Dans les groupes du Relais Lumière Espérance, les familles sont soulagées elles aussi par le partage, le soutien mutuel et la prière, à l’exemple de Marie, la mère de Jésus, « heureuse d’avoir cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur » (Lc 1, 45).
  • Le malade psychique souffre d’être inutile, sans travail, et d’être regardé par certains comme un poids pour la société. Jésus a guéri les paralytiques qui se sentaient inutiles et à charge et les a mis de suite au travail, leur demandant de porter leur brancard. La parabole des ouvriers de la dernière heure exprime clairement qu’il embauche tous les hommes sans travail, il donne un sens à leur vie. Jésus, lui, travaille sans cesse pour sauver les hommes, même durant le sabbat. Dans nos groupes Amitié Espérance, nous pouvons soulager les personnes en les embauchant au soin des autres et du monde, en commençant par la prière mutuelle. Chacun dans l’Eglise devrait trouver sa place.
  • Le malade psychique souffre souvent de culpabilité, se sent fautif, responsable de sa maladie. Jésus a rejeté les culpabilités que l’esprit du mal a voulu lui infliger : « Es-tu venu pour nous perdre ? » (Mt 8,29) On demande à Jésus : cet aveugle-né, est-ce lui qui a péché, ou ses parents (Jn 9) Jésus répond : ni lui ni ses parents ! Jésus, qui connaît le cœur de l’homme, sait aussi qu’il est une autre cause de souffrance, le péché qui brise ou entrave notre élan vers Dieu, la source de la vie. Jésus a pardonné tous ceux qui demandaient pardon, en particulier les exclus à cause de leur maladie ou de leur handicap : lépreux, aveugles, boiteux, paralytiques n’avaient pas le droit d’entrer au Temple pour y offrir un sacrifice de réparation de leurs péchés, ils restaient à l’entrée dans les bassins de purification, Siloé ou Bethresda, mais Jésus les rejoint là aussi. Au paralytique porté par quatre hommes il commence par donner le pardon, c’était probablement son plus grand désir. « Je ne te condamne pas, va et ne pêche plus », dit-il à la femme condamnée pour adultère. Dans nos groupes Amitié Espérance, nous pouvons soulager les personnes par la pratique du sacrement de réconciliation auprès d’un prêtre attentif. Parfois même le malade psychique se croit rejeté et puni par Dieu qui lui aurait envoyé sa maladie !!! Il importe de lui faire découvrir la miséricorde de Jésus et du Père.

 


Actualité publiée le 27 mars 2020