Internet, oui, mais...

À peine arrivé à Toulouse cet été, un séminariste antillais reconnaît la salle à manger où nous sommes assis : « Je l’ai vue sur Internet, sur le site du séminaire  ». En 2017, qui ignore que l’on peut, sur Internet, faire son courrier, maintenir le contact avec sa famille, préparer un prochain déplacement et presque tout acheter, neuf ou d’occasion ? Même les horaires de la messe dominicale et le contenu de notre revue Foi & Vie s’y trouvent, même le Vatican a son site internet. Le pape François y sollicite d’ailleurs la participation des jeunes du monde (catholiques ou non) en vue du prochain Synode des évêques.

Comme une araignée, sans interruption, Internet tisse sa toile (le web anglais). Il offre la chance d’une connexion mondiale ou presque : c’est le world wide web, la toile large comme le monde à portée de souris ou de smartphone. Ne pas y avoir accès, est-ce donc se couper de la vraie vie ? Le non-accès au réseau mondial, une nouvelle forme de pauvreté ? Pour nous, membres d’une autre fraternité mondiale, Internet a quelque chose qui nous fait penser à la communion des baptisés, se jouant des frontières et des langues. D’ailleurs sites, forums et applications dédiés aux catholiques sont légion. Organiser une retraite ou trouver une image pour éclairer sa journée… presque tout est possible dans ce paysage en constante évolution.

Avouons-le, la navigation sur cet océan n’est pas sans risques. L’internaute responsable exige davantage que l’efficacité du « très haut débit ». Fiabilité, sécurité, moralité ne sont pas garanties à toute adresse, même si l’on tient pour une fiction le roman de Tom Clancy, Cybermenace. Bien des questions se posent. Connexion ou communion ? Communautarisme ou espace de rencontre ? Débat ou matraquage ? Divertissement ou éclairage ? Évangélisation ou discussion oiseuse ? Recrutement terroriste ou organisation caritative ? Comme tout outil performant, Internet offre le pire et le meilleur.

Notre vie intérieure peut se fortifier grâce aux possibilités offertes par la Toile… mais elle peut aussi en pâtir. Le tant désiré « accès internet » n’assure pas l’accès au cœur, à la Beauté intérieure que cherchait saint Augustin ; être aux aguets de la rumeur du monde n’a jamais garanti l’écoute aimante de la voix du Seigneur. Alors… pour vivre heureux, vivons (hyper-)connectés ? Pourvu que la connexion soit au service de relations authentiques, avec Jésus et nos proches. Un lien, pas un écran.

Par le père Cyprien Comte
Formateur au séminaire Saint-Cyprien de Toulouse