« Pourquoi j’ai demandé le baptême »

Ces adultes qui demandent le baptême

« Pourquoi j’ai demandé le baptême »

Richard a 48 ans. Il est professeur de sport et entraîneur national de l’équipe de France sénior de boxe française. Son épouse a été baptisée enfant et ses deux filles ont chacune demandé le baptême vers l’âge de 11 ans. C’est à ce moment-là que quelque chose s’est passé. Pendant près de deux années, il s’est préparé à recevoir ce premier sacrement qu’il vient de recevoir cette année à Pâques.

- Foi&Vie : Comment décririez-vous votre jeunesse ?
Pas facile ! Ma mère étant handicapée, au moment de la mort de mon père, à l’âge de 7 ans, j’ai été placé avec mes trois sœurs dans un foyer pour enfants. J’ai grandi là, auprès de Denise, une femme extraordinaire qui travaillait dans cet établissement et qui nous a élevés comme ses propres enfants.

- Foi&Vie : Avez-vous suivi un parcours religieux pendant votre enfance ?
D’éducation religieuse, je n’en ai pas eue. Petit, j’allais parfois à la messe, j’ai appris quelques prières et je suivais le caté avec Denise. Je me souviens qu’avec quelques copains qui restaient au foyer, Denise nous amenait à la messe de Noël. J’ai découvert bien récemment que ma mère avait reçu une éducation religieuse mais je l’ignorais.

- Foi&Vie : Qu’est ce qui a conduit vos pas vers l’Église ?
Lorsque nous avons décidé de nous marier, celle qui est devenue mon épouse tenait vraiment à se marier à l’église. Comme je n’étais pas baptisé, je ne croyais pas cela possible. Nous nous sommes rapprochés du curé de notre paroisse qui a accepté de nous marier religieusement en 2012. À partir de là, nous avons pris l’habitude d’aller régulièrement à la messe, ce qui pour moi était alors très différent de ce que j’avais vécu petit. Il y a quelques années, nos filles nous ont demandé à être baptisées l’une après l’autre. Ce que nous avons accepté bien sûr.

- Foi&Vie : Alors d’où est venu le « déclic » ?
Lorsque nous nous sommes préparés au mariage, je ne pensais pas encore au baptême. Aller à l’église en famille me suffisait. Après le baptême de nos filles, il ne manquait plus que moi ! Un jour, une amie de la paroisse m’a demandé : « Cela ne te dirait pas d’être baptisé ? ». Ma réponse a été immédiate, j’ai dit oui. Cela me semblait presque évident.

- Foi&Vie : Pourquoi avoir demandé le baptême ?
Au plus profond de moi, je voulais rentrer dans cette communauté, cette grande famille que sont les chrétiens. J’aime le contact, j’aime les gens et je souhaitais vraiment appartenir à cette famille, des gens bien souvent solidaires et accueillants, tournés vers les autres et animés d’un esprit de charité. C’était une volonté forte en moi. Et je sais que par le biais de l’Église, j’ai encore plein de choses à faire et à découvrir.

- Foi&Vie : Comment a réagi votre entourage ?
Mon épouse était enchantée ! Si elle ne m’a jamais poussé dans cette voie, c’est parce qu’elle me laissait le choix. Mes filles aussi sont contentes. Dans mon milieu professionnel, je ne l’ai pas caché non plus. Ce n’est pas un secret !

- Foi&Vie : Que fait-on pour se préparer au baptême ?
D’abord, on accepte. Puis suit toute une longue préparation, pratiquement 2 ans. Ce temps m’a permis d’en savoir davantage, de découvrir la vie de Jésus, d’approfondir des sujets comme la Résurrection ou le purgatoire par exemple, de cheminer… J’y ai rencontré des gens venus d’horizons très différents, avec des parcours autres que le mien. Bien sûr, ce sont des contraintes aussi, des réunions en soirée mais j’ai toujours été content des échanges avec les autres personnes.

- Foi&Vie : Comment s’est passé l’accompagnement ?
Depuis près de deux ans, nous étions deux en chemin, avec nos accompagnateurs. Très souvent, lors de nos échanges, j’ai essayé de bien comprendre, et j’ai posé beaucoup de questions. J’apprenais énormément ! Je voulais être certain de bien tout saisir, quitte à poser des questions qui parfois me semblaient bêtes. Mais ce dont j’étais déjà certain, c’est que la foi, je l’avais en moi. Et j’avais vraiment envie d’être baptisé !

- Foi&Vie : Comment priiez-vous hier ? Et aujourd’hui ?
Plus jeune, je priais la veille de mes compétitions, sur la tombe d’un ancien camarade de foyer. Au moment du décès de Denise, je ne comprenais plus rien, j’en voulais à Dieu même si mon épouse me rassurait en me parlant de lui. À son chevet, c’est moi qui ai appelé un prêtre. On a prié tous ensemble, dix minutes avant sa mort. J’ai dit à mon épouse : « On a bien fait, Il est bien là ». Aujourd’hui, je prie toujours, pour elle, pour mes enfants et ma famille.
J’aime beaucoup aller à la messe. Quand j’en sors, après avoir entendu plein de bonnes choses, je me sens léger, rempli par la Bonne Nouvelle. Ce n’est pas du tout la même approche que lorsque j’étais petit.

- Foi&Vie : Que diriez-vous à quelqu’un qui se pose des questions et hésite à solliciter l’Église ?
Je lui dirai que si au fond de lui, il se sent l’âme d’être chrétien, si vraiment il veut être baptisé, alors il n’y a pas d’hésitation à avoir. Et même si l’on se pose encore des questions parce qu’on croit ne pas savoir, les choses vont évoluer. Mais il faut l’avoir au fond de soi, au fond de son cœur ; on doit le ressentir. Pour ma part, c’était là présent, il ne manquait qu’un petit starter.

Propos recueillis par Flamine Favret