Méditation de Monseigneur LE GALL
"Le Seigneur entoure son peuple"
Nous retrouvons Jérusalem, « où tout ensemble ne fait qu’un » (Ps 121, 3). Cette unité ne vient pas seulement des remparts de la ville, mais des montagnes qui la ceinturent. En effet, la ville, vers laquelle on monte, se situe dans la chaîne des monts de Judée : elle est centrée sur le mont Sion et la montagne du Temple, traditionnellement identifiée avec le mont Moriah, où Abraham offrit en sacrifice son fils Isaac ; elle est aussi entourée de quelques sommets, comme le mont Scopus ou le mont des Oliviers, ce qui donne une impression supplémentaire de sécurité : « Jérusalem, des montagnes l’entourent ; ainsi le Seigneur : il entoure son peuple maintenant et toujours » ( Les litanies de la torah introduisent les louanges des 15 cantiques des Degrés, les shiré ha ma’alot », André CHOURAQUI, Les Psaumes, Presses Universitaires de France, 1956, p. 29).
La topographie comme la défense de la ville donnent aux habitants de Jérusalem un sentiment de sécurité. Mais, mieux que les montagnes et les remparts, c’est Dieu lui-même qui donne à son peuple la paix : « Qui s’appuie sur le Seigneur ressemble au mont Sion : il est inébranlable, il demeure à jamais » (Amoris lætitia, du 19 mars 2016). On sait que la racine hébraïque d’où vient la réponse liturgique de l’Amen exprime la solidité de ce sur quoi on se fonde et donc la fidélité de celui en qui on met sa confiance, comme celle de celui qui fait confiance. Le roc, c’est le Christ ; s’il a voulu fonder son Église sur Pierre, c’est parce qu’il est lui-même le fondement : il n’y en a pas d’autre, écrit Paul aux Corinthiens (1 Co 3, 10).
Face aux attaques diversifiées de l’impiété, face aux séductions multiformes des idoles d’aujourd’hui (Ibid., p. 338), devant les mensonges de « ceux qui rusent et qui trahissent » (Titre du Psautier en hébreu) - ce qui peut arriver à l’intérieur de l’Église -, la seule assurance est Dieu : « Ma forteresse et mon roc, c’est toi ! » (Ps 70, 3).
Pour nous, cherchons toujours à être bons, grâce à celui qui seul est bon (cf. Lc 18, 19) : « Sois bon pour qui est bon, Seigneur, pour l’homme au cœur droit » (On pourra reprendre, dans notre patrimoine toulousain, le livre de l’abbé Louis Monloubou, sur L’âme des psalmistes ou la spiritualité du psautier, notamment le chapitre intitulé : « Le pèlerinage des pauvres en Sion » (chapitre VI) : « Un horizon exceptionnel ? Un panorama unique ? Non ! beaucoup plus, beaucoup mieux : un mystère ! À ces chercheurs fatigués, dont un minuscule point géographique fascine soudain le regard, déjà “Dieu apparaît en Sion” (83, 8). Gageons que si le pèlerin en est à sa première visite son regard n’a pas atteint de suite une telle profondeur ; la signification religieuse de la Ville n’a pas, tout de suite, confisqué son attention et monopolisé ses pensées. Son admiration se porte sur les choses colorées, étonnamment vivantes qu’il aperçoit enfin. Il ne s’étonne donc nullement d’entendre son compagnon de voyage, poète à ses heures, se laisser dominer par l’émotion et brandir avec enthousiasme l’hyperbole orientale ; alors “l’humble colline de Sion”, toute écrasée pourtant par le cercle des montagnes environnantes, devient un royal sommet : montagne de rêve, aux dimensions plus ou moins mythiques, assez peu comparable, noterait un esprit borné, à la silhouette timide du divin rocher » (p. 75-76, Mame, « Paroles de vie », Tours, 1968). Continuons à voir le bien et non le mal, si visible au premier plan, tel que les médias nous le présentent trop souvent. Choisissons de dire le bien que nous voyons, de dire du bien au lieu de dire du mal, ce qui est notre pente trop habituelle. Attachons-nous à faire le bien et non à faire le mal, à faire du mal. Soyons bons, positifs, aimables, et nous serons aimés. Ce qui demande la force d’âme chantée par Jésus dans la gamme des Béatitudes : « Heureux les doux, heureux les miséricordieux, heureux les artisans de paix » (Mt 5, 5.7.9).
C’est bien le dernier mot de ce psaume de la confiance : « Paix sur Israël ! » (Titre du Psautier en hébreu). Les psaumes graduels, nous le rappelons, sont tous orientés vers la paix, celle qui est dans le nom même de la Cité sainte.
Psaume 124
Paix sur Israël !
Qui s’appuie sur le Seigneur ressemble au mont Sion : * il est inébranlable, il demeure à jamais.
Jérusalem, des montagnes l’entourent ; * ainsi le Seigneur : il entoure son peuple maintenant et toujours.
Jamais le sceptre de l’impie ne pèsera sur la part des justes, de peur que la main des justes ne se tende vers l’idole. Sois bon pour qui est bon, Seigneur, pour l’homme au coeur droit. * Mais ceux qui rusent et qui trahissent, que le Seigneur les rejette avec les méchants !
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