Psaume 128

Méditation de Monseigneur LE GALL

 "Que de mal ils m’ont fait !"

 

La paix reste le fil rouge de cette collection « des montées », mais elle est battue en brèche et souvent menacée, « L’idylle exprimée dans le Psaume 127 ne nie pas une réalité amère marquant toutes les Saintes Écritures . C’est la présence de la douleur, du mal, de la violence » (n. 19).  «  Que de mal ils m’ont fait dès ma jeunesse - à Israël de le dire - que de mal ils m’ont fait dès ma jeunesse : ils ne m’ont pas soumis » (Ps 128, 1-2). Il ne semble pas que le psalmiste s’exprime ici en son nom personnel, bien que ce ne soit pas exclu ; c’est plutôt l’histoire du peuple choisi par Dieu qui est évoquée depuis son origine avec l’esclavage en Égypte : « À Israël de le dire ! », précise le chantre. « Ils ne m’ont pas soumis ! », continue-t-il. Dans la suite de son histoire, après l’Exode dans le désert et l’installation dans la terre promise, après l’histoire compliquée des deux royaumes, les conflits n’ont guère cessé. Cependant, malgré ses infidélités nombreuses, grâce à la patience et à la fidélité de son Dieu, Israël n’a pu être définitivement « soumis » à ses ennemis. On sait que le mot islam en arabe signifie « soumission », ce qui peut s’entendre d’une façon positive et même spirituelle, cependant on ne peut ignorer que tout un courant de cette religion totalisante, lié à l’interprétation littérale du Coran, entend bien soumettre le monde entier, par la guerre et la violence, à sa conception du monde et de l’au-delà, comme les Islamistes le démontrent dans l’horreur. Avec le peuple de Dieu, nous voulons garder la liberté des enfants de Dieu, dans le respect des autres religions.

Les images utilisées par le psalmiste pour illustrer son propos sont empruntées au monde agricole, comme à la fin du Psaume 125, qui évoque les semailles et les gerbes de la moisson (5-6), comme aussi ce « travail des mains » du 127e (2), pour « manger un pain de douleur » du 126e (2).

Ce sont bien des laboureurs et des moissonneurs qui sont, ici, mis en scène : « Sur mon dos, des laboureurs ont labouré et creusé leurs sillons, mais le Seigneur, le juste, a brisé l’attelage des impies » (3). Un autre psalmiste chante les hauts faits de Dieu dans le monde, l’histoire et dans sa vie ; il montre comment Dieu a rendu la vie à son âme : « Tu as mis des mortels à notre tête – littéralement : Tu as fait passer des hommes sur nos têtes – ; nous sommes entrés dans l’eau et le feu, tu nous a fait sortir dans l’abondance » (Ps 65, 12). La flagellation a creusé des sillons sur le dos de Jésus ; lui, le Créateur, s’est livré aux mains des hommes pour nous racheter de nos fautes et nous donner la vie en plénitude (Jn 10, 10).

La prière continue pour demander que la moisson du mal soit nulle : « Qu’ils soient tous humiliés, rejetés, les ennemis de Sion ! Qu’ils deviennent comme l’herbe des toits, aussitôt desséchée ! Les moissonneurs n’en font pas une poignée, ni les lieurs une gerbe, et les passants ne peuvent leur dire : “La bénédiction du Seigneur soit sur vous”  » (5-8). On ne peut bénir le mal, ce qui serait contradictoire, mais on peut appeler la bénédiction de Dieu sur ceux qui font le mal, pour qu’ils se tournent vers le bien et accueillent la bonté miséricordieuse de Dieu. C’est pourquoi le psalmiste termine par cette parole d’espérance et de bonté, qui révèle l’alchimie de la prière psalmique : « Au nom du Seigneur, nous vous bénissons » (verset 8).

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

Psaume 119

 


 Que de mal ils m’ont fait dès ma jeunesse,
- à Israël de le dire - 

que de mal ils m’ont fait dès ma jeunesse :
ils ne m’ont pas soumis !

Sur mon dos, des laboureurs ont labouré
et creusé leurs sillons ; 

mais le Seigneur, le juste,
a brisé l’attelage des impies.

Qu’ils soient tous humiliés, rejetés,
les ennemis de Sion ! 

Qu’ils deviennent comme l’herbe des toits,
aussitôt desséchée !

Les moissonneurs n’ent font pas une poignée,
ni les lieurs une gerbe,

et les passants ne peuvent leur dire :
« La bénédiction du Seigneur soit sur vous ! »
Au nom du Seigneur, nous vous bénissons.

 

Traduction AELF
 Association Épiscopale Liturgique pour les pays Francophones