Psaume 130

 

Méditation de Monseigneur LE GALL

"Comme un petit enfant contre sa mère"

 

Parmi les joyaux des psaumes graduels, rayonne d’une lumière douce l’un des plus petits, celui qui chante la confiance et l’abandon des petits enfants sur le sein de leur mère. Dès l’homélie de la messe où il inaugurait son pontificat, en la fête de saint Joseph, le 19 mars 2013, le pape François nous a tous invités à ne pas avoir peur de la tendresse en ce monde, dur et fort peu miséricordieux, où nous sommes.

Il faut aimer ce petit bout de psaume, qu’il est facile d’apprendre par cœur, non pour encourager une quelconque régression infantile, mais bien pour réapprendre la tendresse que nous font voir et comprendre toutes ces « Vierges à l’Enfant »  ; toutes les formes de l’art nous la font vénérer depuis des siècles. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, dont on sait l’influence dans le monde entier, a su diffuser cette spiritualité de l’enfance spirituelle, définie à l’avance dans ce psaume. La vie de la « petite Thérèse » manifeste sa force d’âme dans les petites occasions quotidiennes : elle n’était pas seulement « de l’Enfant Jésus », mais aussi « de la Sainte Face ». La véritable douceur s’enracine dans la force. Les violents sont en fait des faibles. Pour saint Thomas d’Aquin, la véritable force n’est pas celle qui emporte des forteresses, mais celle qui sait tenir dans les épreuves et les difficultés, comme l’a montré Jésus.

« Seigneur, je n’ai pas le cœur fier ni le regard ambitieux ; je ne poursuis ni grands desseins ni merveilles qui me dépassent. Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ; mon âme est comme un enfant, comme un petit enfant contre sa mère » (1-2). L’égalité d’humeur et le silence sont des traits de caractère de Jésus et de sa Mère. « Prenez sur vous mon joug, nous dit Jésus, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme » (Mt 11, 29). Ce texte nous a accompagnés tout au long de l’Année de la Miséricorde ; je continue à vous le recommander, parce qu’il est à la source du double rayonnement laser qui sort du Cœur du Christ sur la Croix, comme le fait voir l’icône de Sœur Faustine.

La Vierge Marie commence son Magnificat en reconnaissant que le Seigneur « s’est penché sur son humble servante » ; pour bien faire comprendre que l’humilité n’est pas de la pusillanimité ni de la faiblesse, elle ajoute immédiatement : « Désormais tous les âges me diront bienheureuse » (Lc 1, 48). L’humilité et la magnanimité vont de pair et s’équilibrent l’une l’autre. La toute-petitesse de Marie est au fond de sa condition de Mère de Dieu et de Reine du ciel.

Ici, de nouveau, ces caractéristiques de Jésus, de Marie, et de chacun des disciples, sont bien celles aussi du peuple de Dieu tout entier, comme on peut le lire dans le dernier chapitre du prophète Isaïe : « Vous serez nourris, portés sur la hanche ; vous serez choyés sur ses genoux. Comme un enfant que sa mère console, ainsi je vous consolerai. Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés » (66, 12-13).

Non pas gare à la tendresse, mais gage à la tendresse !

 

 


 

 

 

 

 

 

 

Psaume 130

 


Seigneur, je n’ai pas le coeur fier ni le regard ambitieux ;
 je ne poursuis ni grands desseins, ni merveilles qui me dépassent.

Non, mais je tiens mon âme égale et silencieuse ;
mon âme est en moi comme un enfant,
comme un petit enfant contre sa mère.

Attends le Seigneur, Israël,
maintenant et à jamais. 
 

Traduction AELF
 Association Épiscopale Liturgique pour les pays Francophones