Rappel
Mgr Le Gall, archevêque de Toulouse, a fait mardi 3 mai 2016 une déclaration dans laquelle il a exposé les décisions qu’il a prises en matière de lutte contre la pédophilie dans le diocèse de Toulouse.
(...) En matière de lutte contre la pédophilie, j’ai pris les dispositions suivantes pour notre diocèse :
1. J’accompagne moi-même des victimes d’abus sexuels. Je mesure combien le travail de mémoire de l’Église sur ces actes est capital pour les victimes. C’est ma démarche aujourd’hui et je suis prêt à la renouveler.
2. Nous n’avons pas toujours su écouter et accompagner suffisamment les victimes d’abus, j’en suis profondément désolé. J’ai décidé, avant l’annonce de la Conférence Épiscopale de France, de créer une Commission d’écoute des victimes. Elle aura aussi pour mission de les accompagner et de les soutenir dans leurs démarches. C’est une première étape qui en appellera certainement d’autres.
3. Dans le cadre de la formation au séminaire, des personnes interviennent sur les questions psychologiques, affectives et sexuelles ; en outre une session sur la pédophilie a déjà eu lieu au séminaire l’année dernière et une autre est prévue dans le courant de l’année 2016-2017. Je demande que ces formations se poursuivent et s’approfondissent pour une prévention plus ajustée.
4. Je mesure que nous devons apprendre à écouter la souffrance des enfants. Je souhaite que chaque prêtre et séminariste soit formé pour cela.
5. En matière d’agression à l’intégrité sexuelle d’une personne, les dégâts sont profonds et il n’y a aucune prescription de la souffrance. Je désire que la lumière soit faite sur tous les cas ignorés quelle que soit l’ancienneté de l’affaire. Pour les cas prescrits, il est important que l’Église continue de reconnaître les actes criminels. Je mettrai en œuvre les moyens nécessaires à cet égard.
6. Je réalise aussi que ce sont d’abord les victimes qui nous aident à découvrir les cas qui ne sont pas connus. Je les invite à venir me rencontrer ou à en parler à un prêtre du diocèse, si cela est plus simple pour elles. Les prêtres devront me faire part de chaque signalement.
7. Je m’engage aussi à ce que les dispositifs mis en place pour des prêtres condamnés suite à des actes de pédophilie continuent à être régulièrement révisés. Je m’engage aussi à ce que ces prêtres continuent à être entourés et accompagnés après leur condamnation.
8. Je continue à collaborer avec la justice : à signaler les faits qui me sont rapportés concernant les prêtres, à accompagner les victimes et à faciliter les enquêtes. C’est la condition indispensable à une confiance renouvelée entre l’Église et la société. En interne, les cas sont tous examinés par la Congrégation pour la Doctrine de la Foi qui juge canoniquement ces affaires.
9. La Conférence épiscopale a mis en place le Livre blanc de lutte contre la pédophilie : il est à disposition sur le site internet du diocèse. Je l’ai envoyé à plusieurs reprises aux prêtres et aux laïcs engagés. Je continuerai à informer sur les risques de la pédophilie et sur les moyens de la prévenir.
Le diocèse de Toulouse comme la société prend la mesure de la gravité des atteintes aux personnes. Nous avons à cœur de mettre en œuvre les moyens nécessaires pour que l’Église soit une « maison sûre » qui inspire la confiance, selon les termes du pape François.
L’expression actuelle de la souffrance des victimes nous permet de comprendre que les normes de sécurité, qui semblaient suffisantes il y a quelques années, ont besoin d’être réévaluées. Je m’y engage formellement. Ma mission consiste à dire à chacun, et en priorité aux pauvres et aux blessés, que le Christ est venu pour nous guérir. Nous avons tous du prix aux yeux de Dieu, et nulle blessure ne peut amoindrir l’amour qu’Il a pour chacun de nous.
Toulouse, le 03 mai 2016
+ fr. Robert Le Gall
Archevêque de Toulouse