Riches de la présence des pauvres, nos frères

Riches de la présence des pauvres, nos frères

RICHES DE LA PRÉSENCE
DES PAUVRES, NOS FRÈRES

Nous sommes rentrés de Lourdes après les trois jours de Diaconia 2013 – sur le pont de l’Ascension – marqués par ce que nous venions de vivre à l’échelon de notre pays. Tant dans les moments de notre rassemblement (12000 personnes, 89 évêques), dans la basilique Saint-Pie X, qu’au cours des nombreux forums, nous avons perçu, nous avons compris que les pauvres n’étaient pas les objets de notre attention, mais les acteurs avec nous de la nouvelle évangélisation, les membres à part entière de nos assemblées ; ils enrichissent nos communautés de leur expérience difficile et de leur parole directe au parfum d’authenticité.

Récemment, dans mon équipe Notre-Dame, j’entendais un de nous exprimer sa conviction : la pauvreté n’est pas une question d’argent ou de moyens économiques ; elle est présence près de nous de personnes concrètes qui nous interpellent. Dans un monde où les inégalités grandissent, où la précarité s’étend, nous côtoyons de plus en plus de jeunes, de retraités, de ménages qui ont du mal à payer leur loyer et qui se trouvent rapidement sur le seuil de la pauvreté ou même de la misère. Les chrétiens font beaucoup dans de nombreux services et des associations variées pour leur venir en aide, et je les salue cordialement, comme aussi les prêtres et diacres qui se donnent généreusement dans cette proximité. Le Carême qui commence est pour nous l’occasion de réfléchir sur la place que nous faisons aux pauvres dans nos communautés, dans nos relations, dans nos attentions humaines et spirituelles. J’aimerais que nous avancions, pendant cette période privilégiée, sur des propositions diocésaines à développer dans ce domaine.

Notre pape François, dans son Message pour le Carême 2014, nous invite précisément à une réflexion sur le « style » de Dieu, qui a choisi la pauvreté et la faiblesse pour nous révéler son mystère d’amour, sa proximité inconditionnelle à chacun, son effacement pour que l’autre devienne pleinement soi-même. Le pape nous parle d’une « logique de Dieu », de « sa manière de nous aimer, de se faire proche de nous », lui qui aime « être au milieu des gens ». « À l’exemple de notre Maître, nous les chrétiens, nous sommes appelés à regarder la misère de nos frères, à la toucher, à la prendre sur nous et à œuvrer concrètement pour la soulager ».

Oui, la richesse du salut, qui est Amour et Miséricorde, se découvre et se répand par d’humbles moyens, ceux mêmes qu’a choisis celui qui s’est fait pauvre à cause de nous, pour nous enrichir de sa pauvreté (cf. 2 Co 8, 9). Avec le Christ, soyons prêt à nous rapprocher de toute personne pour lui annoncer la Miséricorde du Père. « N’oublions pas, insiste le Saint-Père, que la vraie pauvreté fait mal : un dépouillement sans cette dimension pénitentielle ne vaudrait pas grand-chose. Je me méfie de l’aumône qui ne coûte rien et ne fait pas mal. » Ainsi pourrons-nous faire le bien, faire du bien et mieux connaître la joie de l’Évangile.