Il y a 3 ans, le Directeur de la société a changé ; le nouveau était imbu de sa personne ; pour lui, l’humain n’existait pas ; seul les chiffres comptaientt. Il a semé la zizanie entre les collègues. Il m’avait promis une promotion : adjointe de caisse.

Quand il a été remercié au bout de 2 ans, il n’avait pas tenu sa promesse. Le nouveau directeur m’a promis le même poste ... Déjà je commençais à me sentir mal. En juin 2009, lorsque le médecin m’a vue en larmes, il m’a donné des anti-anxiolytiques.

Lorsque le troisième Directeur est arrivé, il m’a nommée adjointe de caisse. Et tous mes ennuis ont commencé ; c’était en février 2009.

La responsable du département caisse ne voulait pas que j’aie ce poste ; elle voulait me faire licencier pour faute grave. Par exemple, à la fermeture du magasin, elle faisait des « conneries », pour que je trouve les erreurs Je ne pouvais pas partir tant que je n’avais pas trouvé l’erreur (et il m’arrivait de rentrer tard à la maison).

J’ai compris que c’était elle, parce que ça ne se produisait que quand elle était de fermeture avec moi. Après son départ, j’allais au coffre pour voir ce qu’elle avait fait. La pression était telle que j’avais des malaises tous les 2 jours ; je ne savais pas d’où ça venait ; j’étais constamment sur les nerfs ; je m’en prenais aux enfants et à mon mari. On ne pouvait pas me parler sans que j’explose. J’allais au boulot avec une boule à l’estomac ; j’avais comme un étau à la gorge.

En août 2009 je suis partie en vacances au Portugal. Là-bas je ne faisais que des malaises. J’ai commencé à admettre que ça pouvait être une dépression. Mon mari ne pouvait pas l’imaginer tellement il m’avait toujours connue dynamique et boute-en-train ; il pensait plutôt à un cancer.

Depuis le Portugal, j’ai pris rendez-vous chez mon médecin traitant ; Il voulait me prescrire un arrêt de travail. Je n’ai pas accepté, mais plus le jour de la reprise du travail approchait, plus je me sentais mal. Le dimanche, j’appelle une collègue pour lui dire que je ne pouvais pas reprendre.

J’appelle aussi le médecin, qui m’arrête tout de suite. Il m’indique (à ma demande) 2 adresses de psychiatres. Il me dit : "Ça marchera si vous avez confiance dès le début. Si la confiance ne vient pas, allez voir l’autre psychiatre."

Je ne savais plus qui j’étais. Je ne voulais plus voir mon mari et mes enfants ; dès qu’ils arrivaient je m’enfermais dans ma chambre.
Le psychiatre m’a beaucoup aidée à admettre que j’étais en dépression, à voir pourquoi et comment j’en étais arrivée là.

Nous avions été invités à un mariage ; je n’avais pas voulu y aller. Les amis étaient surpris de voir Antoine seul. Il leur a expliqué que j’étais en dépression. Ils ont parlé entre eux et se sont dit qu’ils pourraient me prendre dans leur société comme secrétaire. Le fils de la gérante me dit d’aller voir sa mère. J’ai hésité mais au bout de quelques jours j’ai pris mon courage à deux mains et j’y suis allée. Avant d’accepter, j’ai demandé à faire un stage d’un mois à l’essai. Ça m’a permis de sortir petit à petit de la dépression et de prendre conscience que je n’étais pas aussi nulle que ce que je pensais. D’autres m’appréciaient ; à 40 ans je pouvais refaire ma vie professionnelle.

J’en étais arrivée à avoir peur du vent, de l’orage, de tout. Et au travail, quand il y avait du vent, la gérante venait me voir et me demandait : « Est-ce que vous allez bien ? ». J’étais surprise par tant d’attention ; à mon ancien travail, cette humanité avait disparu.

Après une période d’essai, ils m’ont demandé : "Est-ce que ça vous convient ?". Comme j’ai répondu "oui", ils me disent : "On te prend ; tu es quelqu’un de sérieux. Ta référence, c’est que tu as travaillé pendant 20 dans la société où tu étais jusqu’à présent". Et ils mont donné un CDI !

Mon ancienne société m’a refusé le licenciement à l’amiable et la rupture conventionnelle : Ils voulaient que je démissionne, ce que j’ai fait.
Lorsque je suis allée chercher mon solde de tout compte, ça a été un « ENORME » soulagement comme si le nœud que j’avais à la gorge disparaissait d’un coup. Je me disais : "Ça y est ; ils ne gâcheront plus ma vie !"


Tout ça, surtout le regard de ceux et celles qui m’ont aidée, me fait penser au regard de Jésus sur la femme que les gens voulaient lapider ; ils la méprisaient. Jésus l’a regardée, sans la juger.

(Evangile de Marc chapitre 10, verset 21  : « Jésus, fixant les yeux sur lui, l’aima … » — Ou bien Luc 22, 61 : « Le Seigneur se retourna et regarda fixement Pierre … » - Et beaucoup d’autres passages)

 

 M.E. DS