Avec Place et Parole des Pauvres
Ce texte a été écrits à partir d’une discussion avec des personnes vivant ou ayant vécu la misère. Il reprend ici les expressions de l’un ou de l’autre.
· Dans le secteur de la justice qui défend souvent les puissants, les riches, et qui donne souvent des mauvais jugements parents/enfants, souvent on rend responsables les parents alors que ce n’est pas toujours eux qui sont responsables.
· Au niveau des tracasseries administratives, surtout les organismes sociaux type CAF, Sécu et compagnie, caisse de retraite. Ils vous complexifient à chaque fois les dossiers. Des tracasseries : il faut amener des documents, ce n’est jamais le bon, c’est un casse-tête chinois, il faut vraiment se mettre en colère pour s’en sortir.
· Au niveau des institutions qui mettent tout en place par internet, alors que certaines personnes ne savent pas s’en servir ou n’ont pas la chance de pouvoir en utiliser.
· Au niveau de la santé, les villages qui n’ont pas de médecin, ça aussi c’est une maltraitance institutionnelle parce que psychologiquement on en souffre, on ne peut pas se faire soigner ; il faut faire une heure et demie de route alors qu’ils ne peuvent pas se déplacer, il faut qu’ils trouvent quelqu’un…
· Dans les EHPAD la maltraitance institutionnelle prend plein de formes : si on ne se protège pas nous-mêmes, on peut très vite y être confrontés et on ne sait pas comment y faire face. Donc, on est constamment dans la maltraitance institutionnelle.
· Dans la rue, les personnes qui sont dans la rue, pour charger le téléphone : quand elles ont la possibilité d’avoir un téléphone, il faut trouver un lieu qui puisse accueillir, même si c’est un bar, il faut prendre une consommation, ce n’est pas évident de faire la démarche.
· Dans le travail, il y en a qui profitent des jeunes, des patrons qui profitent des jeunes. L’Education Nationale : ils commencent, ils débutent. On leur donne des ordres. Il faut les mettre en confiance déjà. il faut qu’ils apprennent. Il y en a qui sont fragilisés. Et c’est là qu’il y en a qui arrêtent.
Quand on est plus pauvre que les autres, on n’a pas toujours accès à l’éducation, et on n’a pas toujours le réflexe d’écrire, de faire un courrier, de s’adresser à la bonne porte, de connaître, d’oser aller taper à la bonne porte. On ne sait pas toujours à qui s’adresser, on est renvoyé d’un service à l’autre.
Mais les travailleurs sociaux, il y en a aussi qui vivent la maltraitance. Il faut comprendre aussi ils ont 30 ou 60 enfants à s’occuper.
Pour lutter déjà, il faut se défendre, se défendre c’est un combat, c’est un combat quasi permanent, parce que quand tu es en lutte contre des administrations, c’est usant, c’est un combat, c’est plus que de la défense. Un combat quasi permanent.
Pour lutter contre la maltraitance, il faut connaître ses droits, et savoir trouver la bonne personne, la personne ressource.
Trouver la bonne personne, c’est bien, mais faut avoir confiance en la personne pour qu’elle puisse nous aider et nous défendre. Un avocat, c’est bien, mais si tu n’as pas confiance en la personne, pour justement dire tout ce qui se passe, tu ne peux pas te défendre correctement.
Il faut trouver les personnes de confiance, qui nous expliquent les choses parce qu’on est dépassé et il nous faut des personnes qui sont au courant des lois actuelles, pour qu’on puisse se défendre.
Et en plus il faut avoir le bon interlocuteur au bon moment, parce que si on l’a trop tard, la situation n’est plus la même.
Ces personnes, il faut aller les chercher, parce que si on reste dans son coin, on ne s’en sortira pas. Mais ce n’est pas facile de demander de l’aide parce que des fois, tu es tellement mal dans ta peau que tu parles avec personne, tu te renfermes avec ta situation et tes problèmes… La confiance, ça ne se donne pas comme ça aussi, on ne dit pas les choses comme ça à n’importe qui.
De plus, je n’ai pas confiance en moi mais je suis obligée d’avoir confiance en les autres. C’est un peu comme quand tu traverses une route, que tu ne vois rien, tu te dis « pourvu qu’il m’arrive rien ».
Il faut dire son besoin, son besoin précis, parce que les assistantes sociales et tout, elles disent « vous avez besoin de ça, ça,… ». Et ce n’est pas forcément ce que tu as besoin, toi, et pas forcément ce qu’ont besoin tes enfants ; donc il faut bien dire ton besoin.
Il faut rester très vigilant, et très à l’affût de ce qui est bon pour toi, tu sais, les êtres humains ils n’ont pas toujours raison, ils font des erreurs… Confiance en Dieu, mais pas confiance aveugle à ceux qui sont là soit disant pour t’aider, même tes amis.
On peut aider les gens en témoignant de ces maltraitances, ils se retrouvent en nous. J’ai fait des témoignages dans des églises, et les gens venaient me voir en disant : « Oui, je comprends, j’ai vécu la même chose ».
Je trouve que le meilleur témoignage, c’est d’avoir la joie de vivre avec toutes les difficultés, d’avoir toujours le sourire. Hier, je suis revenue à la paroisse après 6 mois de souffrance, et il y a une dame qui m’a dit : « Ah, mais vous êtes rayonnante ! »… Voilà le meilleur témoignage que je puisse faire… malgré toutes les souffrances, j’ai la joie de vivre et la joie de partager, de faire voir que les gens, ils peuvent s’en sortir.