Un défi pour la foi

La vie de Sainte Germaine nous met devant les yeux ce paradoxe : comment la sainteté peut-elle passer à ce point inaperçue, alors qu’elle constitue une existence toute imprégnée de Dieu ?

Le Très-Haut se complairait-Il dans l’incognito ? C’est un peu l’impression que l’on ressent en méditant l’existence de la bergère de Pibrac. Comment ses contemporains ont-ils pu ignorer le compagnonnage de Germaine avec son Ami divin ? Le compagnon, c’est celui mange avec vous le même pain que vous. Or, le pain de Germaine, c’était de faire les petites choses de la vie avec des intentions divines. Dieu crée le petit enfant vagissant avec de fortes pensées derrière la tête ! De même le Christ partageait le pain de notre bergère en accomplissant ces petites actions par elle, avec elle et en elle. Ainsi s’explique que ses semblables n’aient pas reconnu l’Hôte divin que son existence hébergeait.

Les hommes jugent selon l’apparence. Dieu regarde au cœur. Pour ses contemporains, la vie de Germaine n’avait rien que de très commun. Mais c’est le génie de Dieu que de venir habiter les choses ordinaires et de les transfigurer de l’intérieur. Parfois cela se voit. Parfois, la Présence passe inaperçue. Pour beaucoup, Jésus n’était qu’un homme.

L’anonymat des saints est un défi pour la foi. Les idées ne sont pas seules à nous révéler l’invisible. L’existence la plus simple fait signe également en direction du surnaturel. Encore faut-il avoir des yeux pour voir. Le plus grand est parfois enfermé dans le plus petit. Les pèlerins qui viennent se recueillir et prier à Pibrac le pressentent, même obscurément. Nous allons davantage à Dieu par les réalités humbles et obscures que par les généralités.

Jean-Michel Castaing
 

« Il n’est point de créature si petite et si vile qui ne présente quelque image de la bonté de Dieu. » (Bienheureux Thomas A. Kempis, L’imitation de notre Seigneur Jésus Christ).