Dimanche des Rameaux, avec frère Étienne, op
« Dum Pater familias » est un chant extrait du Codex Calixtinus, un manuscrit du XIIe siècle. C’est une hymne qui chante la grandeur de l’apôtre S. Jacques. Mais quel rapport avec les Rameaux me direz-vous ? Ce chant était chanté par les pèlerins lors de leur passage de la grande porte de la basilique de Compostelle. Écoutez ce chant en fermant les yeux et imaginez-vous sur les remparts de Jérusalem, voyant arriver une foule nombreuse derrière son Messie, qu’elle acclame comme « Fils de David » : son Roi ! Il entre glorieux dans la ville de son royal ancêtre.
La pratique juive compte plusieurs pèlerinages à la Ville Sainte (Pâque, Pentecôte, Les Tentes), ils ont en commun le chant des psaumes des Montées (Ps 120- 135) qui commencent par « Vers le Seigneur, quand l’angoisse me prend, je crie il me répond » (Ps 120. 1) et se finissent par : « que le Seigneur te bénisse de Sion, lui qui fit le ciel et la terre » (Ps 134. 3). Et entre les deux se déroule tout le pèlerinage. Cet hymne jacquaire se fonde sur la même théologie du « passage en cette vie ». Notre vie est un pèlerinage et le carême nous rappelle la précarité de l’état de nomade en ce monde. Aller à Jérsusalem, c’est toujours « monter », devenir meilleur, s’approcher du « Trés-Haut ». Nous entrons à présent dans la Semaine Sainte, qui nous donne d’entrevoir le but : la Maison du Père, la Jérusalem Céleste. Tel un pèlerin sur les chemins de S. Jacques, nous aperçevons Compostelle et nous nous apprêtons à pénétrer dans la Cité, fin de cette longue et fatigante marche. Le dernier des psaumes des Montées (Ps 134) est une bénédiction prononcée de l’intérieur du Temple par les prêtres. Entrons donc promptement avec le Roi de Gloire au lieu qu’il a choisi pour réaliser et manifester notre salut !
Bonne et Sainte Semaine.
frère Étienne Harant, op