Une sainte des périphéries

« C’est la sainte qu’il nous faut ! » : c’est par ces mots que le pape Pie IX décida de la béatification de Germaine Cousin en 1854. Le pape François pourrait reprendre l’expression à son compte, lui qui nous a conseillés de nous tourner davantage vers les « périphéries ».

Sainte Germaine est une sainte des « marges ». Privée d’une bonne santé, d’une famille aimante, de considération, d’amis véritables, infirme, persécutée, moquée à cause de sa foi (on la surnommait « la bigote », et on peut la proposer comme patronne à tous ces jeunes qui n’osent pas se réclamer du Christ devant leurs copains de peur d’être moqués), ne mangeant pas à sa faim, rendant le bien pour le mal, elle a vécu « à l’écart ». Tellement reléguée à la marge qu’elle dormait dans la soupente de l’escalier de la ferme ! Comme si sa marâtre lui intimait l’ordre de vivre à la « périphérie » de la famille et de l’humanité.

Une vie à prier et à méditer

Prier et méditer la vie de sainte Germaine, c’est comprendre que le cœur de Dieu se penche en priorité sur les plus souffrants de Ses enfants. Mieux : Germaine démontre que les « marges » sont souvent davantage pétries d’humanité que bien des « centres » ankylosés dans la graisse de leur supposée « importance ». L’exemple de notre sainte nous révèle que les pauvres n’attendent pas seulement de notre part la commisération, mais surtout la considération pour ce qu’ils sont. Le sort que Dieu réserva à sa fille de Pibrac après sa mort, en l’accueillant dans Sa gloire, nous éclaire mieux là-dessus que tous les discours. Forts de l’exemple de notre sainte, n’hésitons pas à venir apprendre auprès des habitants des périphéries les secrets du Royaume. 

Jean-Michel Castaing 

Sainte Germaine à l’abbaye Saint-Michel-de-Gaillac, crédit : Réjean Giasson 2014