CATHÉDRALE SAINT-ÉTIENNE DE TOULOUSE
LE MERCREDI 13 OCTOBRE 2021

La lecture de la lettre de saint Paul aux Romains que nous avons commencée lundi dernier nous retiendra jusqu’au prochain Avent. Elle est rude et bienfaisante. D’emblée, nous sommes invités à l’obéissance de la foi et à la sainteté. Hier, mardi, nous avons entendu ceci en frémissant : « La colère de Dieu se révèle du haut du ciel contre toute impiété et contre toute injustice des hommes qui, par leur injustice, font obstacle à la vérité » (1, 18). Ne voulant pas reconnaître Dieu dans ce qu’il révèle de lui par la création, ils se sont rendu aveugles à la lumière. « Voilà pourquoi, à cause des convoitises de leur cœurs, Dieu les a livrés à l’impureté, de sorte qu’ils déshonorent eux-mêmes leur corps. Dieu les a livrés à des passions déshonorantes  » (1, 24-26).

Huit jours après la remise du Rapport Sauvé, ces paroles de saint Paul nous frappent de plein fouet. Nous venons d’entendre en effet : « Nous savons que Dieu juge selon la vérité ceux qui font de telles choses » (2, 2). Les révélations qui nous ont été faites sont plus graves que les fautes mises en lumière par Paul aux Romains ou aux Corinthiens, puisqu’il s’agit de prêtres, porteurs de la Bonne Nouvelle qu’est l’amour d’un Dieu qui se donne jusqu’au bout ; à l’opposé de ce message, ils ont pris possession d’enfants pour assouvir leurs passions, laissant en eux les marques indélébiles de leur ignominie. Nous ressentons de la honte, une immense tristesse et une grande colère ; nous sommes déterminés à trouver les moyens de réparer l’irréparable et à prévenir autant qu’il est possible de nouveaux abus.

Vous êtes jeunes, chers frères et sœurs étudiants, et avec nous vous prenez conscience de marcher sur des tombeaux, comme Jésus le dit dans l’évangile de ce jour, ou de passer devant des sépulcres blanchis. Mais vous nous aidez aussi à regarder dans le présent de la mission les promesses de la moisson. Paul continue cependant : « Toi, l’homme qui juges ceux qui font de telles choses et les fais toi-même, penses-tu échapper au jugement de Dieu ? Ou bien méprises-tu ses trésors de bonté, de longanimité et de patience, en refusant de reconnaître que cette bonté de Dieu te pousse à la conversion ?  » (2, 4).

Frères et sœurs, nous avons tous à nous convertir, à nous tourner, à nous retourner vers Dieu, à tendre vers lui de tout notre cœur, de toute notre âme et de toutes nos forces. Le tout récent Congrès Mission et la toute proche ouverture, dimanche prochain, du Synode sur la synodalité nous permettent de porter la lourde épreuve du Rapport Sauvé en dépassant l’accablement par une attention privilégiée aux victimes et aussi par une volonté claire de mettre en cohérence nos convictions et notre vie. Ce que nous venons d’entendre dans l’évangile dans la bouche de Jésus lui-même va très fortement dans ce sens : « Malheureux êtes-vous, parce que vous chargez les gens de fardeaux impossibles à porter, et vous-mêmes, vous ne touchez même pas ces fardeaux d’un seul doigt  » (Lc 11, 46).

Laissons la grâce de Dieu unifier notre vie et mettre en nous des trésors de bonté, de longanimité et de patience ! Concrètement, nous sommes invités à « faire le bien » plutôt qu’à faire le mal, à cultiver la bienveillance au lieu de succomber – ce qui est si facile – à la malveillance. Voilà ce que nous avons entendu dans ce que Paul écrit aux Romains : « Ceux qui font le bien avec persévérance et recherchent ainsi la gloire, l’honneur et une existence impérissable, recevront la vie éternelle » (2, 7). Il ajoute dans le même sens : « Gloire, honneur et paix pour quiconque fait le bien » (2, 10).

Ne faisons de mal à personne, surtout pas aux enfants ! Soyons bienveillants, bienfaisants, déployons des trésors de bonté venus de Dieu. « Dieu seul est bon » a dit Jésus. Il a aussi déclaré : « Si vous qui êtes mauvais, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus le Père du ciel donnera-t-il l’Esprit Saint à ceux qui le lui demandent !  » (Lc 11, 13).

En cette messe de rentrée et de prière à l’Esprit Saint, source de tout bien, de tout ce qui est beau et bon, reprenons ce thermomètre de notre vie chrétienne, de votre vie étudiante, qu’est la liste donnée par saint Paul aux Galates, quand il énumère les éléments du fruit de l’Esprit : « Amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi  » (5, 22-23).

+ fr. Robert Le Gall,
Archevêque de Toulouse