Le poisson pour les chrétiens

Illustration : Jonas entrant dans la gueule du monstre marin, à la basilique Saint-Jusrt-Valcabrère (diocèse de Toulouse)

Les poissons s’affichent un peu partout sur les voitures, les porte-clés… Nous savons que c’est un signe de reconnaissance des chrétiens mais pourquoi ? Et que signifie-t-il ?

L’image du poisson est très répandue dans l’art paléochrétien, notamment dans les catacombes sous forme de graffiti, puis dans les baptistères richement décorés. Accrochés à un double hameçon cruciforme ou nageant dans la piscine baptismale, ils représentent l’âme humaine, les nouveaux fidèles convertis au Christ, « Je vous ferai pécheurs d’hommes » (Mt 4,19) et sauvés par l’eau du baptême. Les célèbres mosaïques de Tabgha représentent deux poissons et un panier de pain. Cela illustre un événement majeur de la prédication du Christ : la multiplication des pains mais aussi l’épisode au bord du lac de Tibériade lorsque le Christ ressuscité nourrit les disciples avec du pain et du poisson (Jn 21, 13). Celui-ci est clairement lié à l’Eucharistie et apparaîtra systématiquement dans les représentations de la Cène.

Bien avant la croix, à l’époque des persécutions, le poisson était déjà le symbole secret des premiers chrétiens de langue grecque. ICHTUS, le terme grec, est aussi l’acrostiche de Iêsoûs Christos Theou Hyiòs Sôtêr, Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur, c’est-à-dire un symbole de foi. Dans les catacombes, il était représenté seul ou accosté par deux à une ancre car, pour ces chrétiens persécutés, leur force reposait sur l’espérance d’accéder après la mort à la béatitude éternelle dans le Christ.

En cette période pascale, nous ne pouvions évoquer le signe de Jonas. L’animal dans le ventre duquel le prophète est englouti trois jours consécutifs sur ordre de Dieu, est un grand poisson, une baleine pour certains, qui s’apparente à un monstre marin, une de ces créatures perçues aux temps bibliques comme symbole du mal et qui grouillaient au fond de la mer. Par son sacrifice, Jonas préfigure la mort et la résurrection du Christ (Jon 2, 1-11).