Quand les séminaristes se mettent au service de nos prêtres âgés

Maison Saint-Augustin

Quand les séminaristes se mettent au service de nos prêtres âgés

Voilà encore un bel exemple de fraternité vécue pendant le confinement ! Dans la toute nouvelle Maison Saint-Augustin qui accueille depuis février nos prêtres retirés, des séminaristes ont vécu leur confinement aux côtés et au service de leurs aînés. Un bel exemple de coopération intergénérationnelle !

 

Ils sont encore étudiants au séminaire de Toulouse, en première ou en deuxième année de théologie. Six d’entre eux ont accepté de se mettre en tenue de service pendant ces deux mois de confinement. En plus de leurs cours de l’Institut Catholique dispensés par visio (entre 16 et 20h de cours par semaine), ils ont répondu à l’appel : venir en soutien accompagner les prêtres âgés et fragiles, et donner un coup de main à la Maison qui les accueille.

Au début, à tâtons, il a fallu trouver sa place : un peu de ménage, installation et service des repas, tenir compagnie aux prêtres, assister pendant les messes... Il a fallu s’organiser. Au moment des Rameaux, des suspicions de covid-19 ont nécessité une réorganisation plus drastique : le confinement s’est renforcé : plus question de sortir des chambres, de prendre ses repas dans la salle-à-manger, chaque pensionnaire devait recevoir chaque jour ses plateaux repas et la communion au seuil de sa porte. Le rythme de notre équipe de séminaristes a dû s’adapter efficacement à ces nouvelles contraintes.

Après ces quelques jours de réorganisation, une vraie rencontre a pu se faire entre ces différentes personnes. Si au départ les relations étaient discrètes et les confidences pudiques, des liens se sont petit à petit noués entre les deux générations. Ceux qui avaient parfois plus de 70 ans de sacerdoce se sont peu à peu livrés sur leurs expériences en paroisse, leur rencontre et leur amitié avec le Seigneur. "Maintenant que je vous ai ouvert mon cœur, ouvrez-moi le vôtre !", a fini par lâcher l’un d’entre eux. La bienveillance a alors remplacé la méfiance.

À la chapelle, les jeunes apprentis prêtres ont aussi trouvé leur place (service d’autel, aux instruments, au chant...) aux côtés de leurs aînés. À tour de rôle, un prêtre célébrait la messe assisté des séminaristes tandis que les autres assistaient à l’office de leur chambre. Les jeunes ont eu l’idée de proposer les vêpres par zoom chaque jour aux séminaristes plus isolés. Comme pour les familles laïques confinées, même sans grandes célébrations, les occasions de prière n’ont pas manqué ! Cela a permis d’instaurer une vie spirituelle plus profonde : "J’ai davantage compris l’intelligence de la liturgie", nous a confié un séminariste.

Un autre séminariste nous a même confiés avoir changé sa vision du sacerdoce grâce à cette expérience. "Avant cette période, j’envisageais mon sacerdoce d’abord comme une mission, avant même la consécration. Grâce à ces rencontres, j’ai compris que la mission découle de la consécration plutôt que l’inverse. Je ne serai pas le même prêtre demain."

Au-delà de l’expérience enrichissante qui a soudé notre échantillon de promo de séminaire, qui a appris à mieux se connaître, à déceler les charismes et les limites de chacun, cette parenthèse atemporelle entre personnes qui ne s’étaient pas choisies au départ a débouché sur de belles amitiés. Encore une preuve concrète que non seulement les coopérations existententre les plus jeunes et les plus âgés, dans tous les domaines, que les initiatives intergénérationnelles sont florissantes mais que chacun s’enrichit toujours au contact de l’autre.

 

Témoignage de Vincent, séminariste

« Avec 5 autres séminaristes du diocèse de Toulouse, le matin du 17
mars, nous avons décidé de venir à la maison St Augustin au Christ
Roi. Nous nous sommes mis au service de nos prêtres aînés du diocèse
d’abord en aidant les employés de la maison dans le service des repas,
puis à partir de la semaine sainte dans la prière liturgique.
Cela nous a permis d’apprendre à mieux les connaitre, d’écouter leur
expérience pastorale, et finalement de nous attacher vraiment à eux.
Nous avons aussi découvert le doyen de la maison, 99 ans et 75 ans de
sacerdoce dans la fidélité à Jésus Christ.

Entre nous 6, nous nous sommes mis un rythme communautaire. Nous
disons l’office des heures ensemble, nous partagions nos repas, quelques
fois le chapelet et l’oraison. La vie de prière nous a permis de mieux
tenir dans le confinement. Nous avons pu nous laisser entraîner dans
la Providence divine.
Nous nous sommes laissés faire dans le changement de rythme face au
confinement qui devenait de plus en plus strict, puis qui
s’assouplissait. Pendant le confinement strict autour de Pâques, nous
apportions les repas aux résidents dans leur chambre, et surtout la
communion. Les prêtres en effet ne pouvaient plus célébrer la messe
ensemble et certains ne peuvent pas la célébrer seul.

Depuis le début du confinement, nous sommes passés de 6 séminaristes à 7 puis à nouveau à 6, et maintenant à 5. Notre équipe change, mais
nous gardons le même rythme et vivre ensemble nous fait grandir dans
la fraternité. Le confinement nous a permis de grandir en humilité
face à la maîtrise que nous pensions avoir de nos vies. Notre supérieur
a bien raison lorsqu’il nous a dit que nous parlons souvent de
Providence, mais là, nous la vivons.
Nous avons appris à ne compter que sur le Seigneur, nous nous sommes
rapprochés de lui et il nous a fait grandir dans la foi, l’espérance
et la charité. Nous avons mieux appris à aimer Jésus non pas de
manière lointaine, mais aujourd’hui... maintenant... tout de suite... »

 


Actualité publiée le 29 mai 2020