Témoignage du père Eugène C. Gnansounou

Dossier « Vie consacrée, à quoi bon ? »

Témoignage du père Eugène C. Gnansounou

Je suis le Père Eugène C. Gnansounou d’origine béninoise et membre de la Congrégation des Missionnaires Fils du Cœur Immaculé de la Bienheureuse Vierge Marie. Actuellement, je suis en mission à la paroisse du Sacré-Cœur de la Patte d’Oie à Toulouse dont je suis le Curé.

On nous appelle communément « Missionnaires Clarétains », nom qui vient de notre Père Fondateur Saint Antoine Marie Claret. Notre congrégation a été fondée dans la ville de Vic, en Espagne, le 16 juillet 1849 et approuvée par Pie IX le 22 décembre 1865. Nous sommes près de 3400 clarétains présents sur tous les continents. L’imitation du Christ proposée dans l’Évangile est la règle suprême de notre vie religieuse.
Le but de notre congrégation, comme l’expliquent nos constitutions, est de chercher en tout la gloire de Dieu, la sanctification de ses membres et le salut des hommes du monde entier, selon notre charisme de Missionnaires dans l’Église. Le numéro 6 de ces constitutions enseigne que « Nous serons les collaborateurs dévoués des pasteurs dans le ministère de la Parole pour la propagation de l’Évangile du Règne de Dieu dans tout le monde, par tous les moyens en notre pouvoir. Nous promettons amour et obéissance, en vertu du voeu, au Pasteur Suprême pour le bien de tout le corps du Christ. En communion avec les Évêques et guidés par eux, nous voulons servir à l’édification et à la croissance de l’Église.  »

Notre mission, en collaboration avec les diocèses qui nous accueillent est donc celle d’annoncer le Christ par tous les moyens possibles. Notre père fondateur exigeait qu’il faut chercher à réaliser en tout, le plus urgent, le plus opportun, et le plus efficace. C’est le service de la parole qui est au centre de notre charisme avec une dévotion particulière à la Vierge Marie dont nous sommes les Fils de son Cœur.

Tout en respectant les différentes vocations dans l’Église, nous pouvons remarquer que la vie religieuse est un état de plus grande proximité avec le Christ. Une religieuse ou un religieux suit le Christ de plus près, il est davantage lié à son Église et consacré à son service (LG n°44 et 45). Ainsi pour ce qui me concerne, je sais que si Jésus m’a appelé et si j’ai répondu à son appel - réponse que j’essaie de parfaire chaque jour - c’est parce que je suis convaincu de le suivre de plus près. C’est pourquoi j’ai choisi d’être religieux. La profession religieuse m’aide donc à assurer la croissance dans le Christ d’une manière plus constante et plus radicale. Je suis curé de paroisse et, en tant que religieux, je vis cette mission de prêtre curé d’une paroisse avec la touche de ma consécration à Dieu et au service de l’Église. Il y a sûrement une différence que l’on doit noter, évidemment si je vis correctement mon engagement. 

La consécration religieuse lie le religieux ou la religieuse à une communauté qui, elle, est régie par une règle de vie. C’est dire que la consécration religieuse n’est jamais un acte solitaire : on est consacré dans une communauté et pour elle. Alors si on quitte la communauté on perd cette consécration qui ne peut être réalisée pleinement que dans la communion avec nos frères et sœurs et nos responsables. La communauté participe donc à notre consécration, elle nous accepte, elle assume avec nous la responsabilité de nos engagements. Je vis donc ma mission de curé de paroisse dans et avec la communauté de frères Clarétains qui m’accompagnent, qui ont un regard et leur mot à dire sur cette mission que le diocèse de Toulouse m’a confiée et que j’ai reçue de mon supérieur. Cette communauté de frères prie avec moi, elle me soutient dans cette mission et la vie de la paroisse est portée par toute la communauté.

Religieux Clarétain et, comme tout religieux, je ne suis qu’un serviteur de l’Église et je suis appelé à l’être totalement. Cette notion de service est à la base du vœu d’obéissance que j’ai professé. Je n’ai plus le droit de choisir moi-même mon type de service. Je reçois la mission, elle m’est confiée, je ne m’y accroche pas et je sais que quelqu’un d’autre la continuera après. Je vis ainsi mon statut de serviteur, ma vie au service du Seigneur et de mes frères. Soulignons que cette voie du service dans l’obéissance est un chemin étroit, mais c’est un chemin de liberté qui débouche sur la vie.

Nous venons de vivre la liturgie de la semaine sainte qui nous rappelle l’itinéraire que Jésus a suivi pour retrouver la gloire à la résurrection à Pâques. Je suis convaincu que c’est le même itinéraire qu’il me propose si je veux le suivre, le même itinéraire qu’il propose d’ailleurs à tout disciple, à tous celles et ceux qui veulent marcher à sa suite. Car, pour qui veut suivre Jésus de plus près, un religieux ou une religieuse j’entends, il serait bien naïf qu’il emprunte des chemins détournés qui lui évitent de passer par le calvaire.

La profession des conseils évangéliques constituent un témoignage d’amour : amour particulier pour Dieu et amour pour l’Église. Je déploie l’élan de cet amour dans l’accueil aux personnes, la visite des malades et des personnes âgées dans les hôpitaux et maisons de retraite de mon secteur, la célébration des sacrements, etc. Il me semble que la vie consacrée exige au plan personnel et communautaire une conscience ecclésiale renouvelée. Le monde a besoin de ce témoignage d’amour qui ne pourra être pleinement transparent et pleinement fructueux que grâce à la prière. L’eucharistie, la récitation des offices : les laudes, le milieu du jour, les vêpres et les complies avec mes frères et les fidèles de la paroisse sont des moments privilégiés pour recharger l’énergie à déployer dans ma mission et pour présenter à Dieu le monde, ainsi que les intentions de mes frères et sœurs. 

J’ai la ferme conviction que c’est en restant solidement accroché au Christ que ma vie sera un témoignage d’amour pour celles et ceux que je côtoie. Dans ce sens, la Vierge Marie est ma formatrice et elle m’indique la route qui mène à son fils. Comme l’explique le Pape François dans le n° 286 de son exhortation apostolique Evangelii Gaudium : « Marie est la missionnaire qui se fait proche de nous pour nous accompagner dans la vie, ouvrant nos cœurs à la foi avec affection maternelle. Comme une vraie mère, elle marche avec nous, lutte avec nous, et répand sans cesse la proximité de l’amour de Dieu.  »

Avril 2015
Père Eugène, Cmf.