Église de Saint-Aventin, doyenné de Bagnères-de-Luchon

Rubrique Patrimoine

Église de Saint-Aventin, doyenné de Bagnères-de-Luchon

 

L’église de Saint-Aventin est une église romane datant de la fin du XIe et du XIIe siècle. Elle est composée d’une nef terminée par une abside voûtée en cul-de-four et de deux collatéraux eux-mêmes terminés par une abside chacun. Le clocheton ouvert de baies en plein cintre date du XIe siècle.

 

L’intérêt principal de cette petite église de montagne réside dans son patrimoine lapidaire, notamment son portail dont le tympan est orné d’un Christ en Majesté dont la mandorle est supportée par quatre anges arborant chacun un symbole des quatre évangélistes.

 

L’archivolte repose sur huit colonnes dont les chapiteaux sont ornés d’un décor historié pour certains d’entre eux. Les deux premiers de chaque côté sont sculptés d’un décor d’entrelacs où se perdent une multitude de petits animaux.

 

 

Les deux suivants à droite relatent le martyre de Saint-Aventin. Celui-ci est né en l’an 782 ici même, dans le village qui s’appelait Sainte-Marie. Il se retire à l’âge de 18 ans dans l’ermitage de Saint-Julien, dans la proche vallée d’Oô. Les Maures qui ont envahi l’Espagne entendent parler de ce saint personnage et de sa prédication. Ils s’en emparent et l’enferment dans la tour de Saint-Blancat, à quelques kilomètres de Luchon. Il s’en évade en volant. La pierre qui le reçoit porte toujours l’empreinte de ses pieds.
Aventin reprend sa prédication et serait à l’origine de miracles : un jour de mai, un ours descend de la montagne sur ses deux pattes, il est blessé et semble souffrir. Il se présente devant le saint et lui présente sa patte droite. Aventin retire une épine de la plaie infectée. L’ours, reconnaissant, se prosterne à ses pieds et s’en retourne dans la montagne.
Les Maures s’emparent alors de saint Aventin et lui tranchent la tête. Enterré plus bas dans la vallée, à proximité de la pierre qui porte ses empreintes, sa sépulture tombe dans l’oubli.

Trois siècles plus tard, un berger faisant paître son troupeau s’aperçoit que le taureau semble chercher quelque chose près de la pierre. Alertés, le berger et ses amis creusent et découvrent le corps décapité du saint. Avec l’accord du pape, les cendres sont exhumées et placées sur un charriot. Ce sont les animaux de bât qui choisissent le lieu où les déposer ; cette église actuelle y a été construite tout exprès.

Les deux chapiteaux du fond à gauche sont ornés de l’Onction à Béthanie et du Massacre des Saints Innocents.

Sur le pilier à droite du porche, se tient une très belle Vierge en Majesté. Elle tient le Christ Enfant sur son genou droit ; ses pieds foulent les puissances des ténèbres. Sur le phylactère, au-dessus de sa tête, une inscription latine est gravée : « Chose digne d’admiration, la Mère de Dieu est toute puissante ».

Sur le contournement du pilier se tient un prophète, il s’agit probablement d’Isaïe.

À proximité du taureau symbolisant l’invention des reliques figurent trois autels votifs et deux cippes funéraires du Ve siècle.

Si l’accès de l’église est possible - allez chercher la clef à la mairie, admirez la superbe voûte dont les fresques sont encore visibles. Dès l’entrée, se tient un bénitier sculpté. Il est orné sur le pourtour d’oiseaux affrontés s’abreuvant à une source ; la symbolique baptismale s’impose de toute évidence. Au fond de la cuve est sculpté un Agneau Vainqueur. Sur le mur faisant face au bénitier un Christ en croix en pierre du XIe siècle a été placé au mur.

 

Valérie Barbier

Commission diocésaine d’Art sacré