La commune de Mirepoix est dénommée Mirepoix-sur-Tarn ; les habitants sont des mirapiciens.
La paroisse avant 1317 appartenait au diocèse de Toulouse ; de 1318 à 1790, elle est dans le diocèse de Montauban ; après 1790 dans celui de Toulouse.
Avant 1790, la paroisse de Mirepoix était annexe de Roquemaure (archiprêtré)
L’église a été jusqu’après la Révolution sous la titulature de saint Pierre, et par la suite (avant 1841) de saint Cyr et sainte Julitte.
Saints Cyr et Julitte :
Cyr et sa mère Julitte étaient d’Icône en Lyacaonie. Julitte fut martyrisée comme elle se rendait à Tarse, en Cilicie, sous l’empereur Dioclétien ; Cyr jeune enfant de 3 à 5 ans, voyant sa mère cruellement battue avec des nerfs de boeufs, devant le juge Alexandre, se mit à pleurer avec de si grands cris, qu’on ne put l’apaiser. Alors jeté avec violence contre les degrés du tribunal, il y fut brisé et expira en l’instant même. Un autre récit nous dit que Cyr se faufila dans le tribunal en criant : moi aussi, je suis chrétien". Il courait dans les salles du tribunal et personne ne pouvait le rattraper. Il fallut plus d’une demi-heure pour que le juge mette la main dessus. Devant les exclamation de l’enfant, il lui fracassa la tête contre un mur. Julitte, après de cruelles flagellations et des tourments atroces, acheva son martyr en ayant la tête tranchée.Evênements qui eurent lieu dans les années 30. Saint Amateur, évêque d’Auxerre, à la suite d’un voyage en Orient, ramena des reliques des saints Cyr et Julitte. Le culte de ces martyrs se répandit alors en Gaule et en Occident. Une église de Rome est dédiée aux saints Cyr et Julitte, près des Forums impériaux.
Mirepoix était un consulat avant la Révolution et par la suite commune.
Les dénominations anciennes sont : Mirapiscensi (vers 1317), Mirapisceto (1441), Mirapeis (cartulaire de Conques)
L’étymologie : mira/regarde et peis/poisson : regarde les poissons. Ernest Nègre, dans Toponymie générale de la France, tome 2, p.1125. Celui-ci fait observer que le nom a pu d’abord exister dans sa forme diminutive : Mirapisceto (1441). Certains sont tentés de lire Mira/pech (regarde le sommet). L’énoncé régional ( prononciation, énonciation, graphie) renvoie davantage à peis qu’à pech.
La dîme appartenait au chapitre de Montauban (1/3) et à l’archiprêtre (2/3). Le droit de nomination à la cure revient à l’évêque de Montauban. Le Seigneur justicier : M. le Vicomte de Villemur et en directe : M. le baron de Roquemaure.
L’altitude varie entre la plaine ( mini de 85 m et le coteau, maxi 221 m.
Ancien habitat :
La communautéde Mirepoix nousest connue pour la première fois, lors de l’honneur de Mirepoix en 1271, dans le saisimentum de Villamuro et bajulia ejus dioecesis Tolosoe. Mirepoix est alors désignée comme "castrum", c’est à dire dotée d’un fort, comme Villemur, Tauriac et Roquemaure.
L’église possession vraisemblable de Conques :
L’église de Mirepoix apparaît dans le cartulaire au XIIe siècle de l’abbaye de Conques parmi les possessions de cette abbaye. Dans l’énoncé des églises du diocèse de Toulouse, une main semble avoir ajouté de Mirapeis. Gustave Desjardins, auteur de la publication du cartulaire de l’abbaye de Conques, ainsi que Fréderic de Gournay, historien des possessions de Conques, considèrent cette lecture plausible.
Hormis le cartulaire où la mention de Mirepoix n’est pas totalement assurée, seule la bulle d’Innocent IV adressée à l’abbé de Conques, de 1245, mentionne par ailleurs, l’église de Mirepoix ( Mirumpiscem) avec celle de Sayrac et celle du Born.
Le catharisme :
Mirepoix fait partie des lieux désignés comme lieux de refuge pour les hérétiques cathares ; l’on peut en juger par l’ensemble des dépositions où l’on voit les fugitifs aller demander à ces consulats de fraîche date une sécurité relative, mais d’assez courte durée. Sont mentionnés parmi ces lieux : Saint Sulpice, Rabastens, Mirepoix, le Born. On dénombre à Mirepoix 18 parfaits ( 10 hommes et 8 femmes) dont un certain Jean Capus. Plusieurs appartiennent à la famille ou aux relations de Guillaume Aliguier, fils de Guillaume aîné, de Mirepoix. L’inquisition prononce les peines : certains sont envoyés "au mur", d’autres reçoivent la croix (simple pour la plupart, mais Arnaud Duprat est libéré du mur avec des croix doubles), tel autre doit accomplir un pelerinage.
Entre 1307 et 1323, Mirepoix sur Tarn comme Grenade et Montastruc, est désignée comme un lieu de refuge.
Le consulat de Mirepoix :
Celui-ci est connu par ses relations avec Villemur. La Baronnie de Villemur, en 1319, a annexes les lieux de Layrac, Mirepoix, Le Born. En 1342, puis en 1596 la vicomté de Villemur a ces mêmes consulats pour annexes. Les consulsde Mirepoix prêtent serment entre les mains du vicomte. Les droits de justice dans les consulats du Born et Mirepoix, etc...sont aliénés sous pacte de rachat perpétuel par le domaine royal à la fin du XVIIe siècle.
Le chapitre de Montauban :
L’ecclesia Mirapiscenci apparaît à un moment dans les relevés de l’abbaye/cathédrale Saint Théodard de Montauban. Les archives du XVIe siècle du chapitre cathédral de Montauban font état, sans indication de date, des réparations de l’église de Mirepoix, Tauriac et Vilette. Suit l’estimation du dommage pour Tauriac et Mirepoix, dommage que ces édifices ont subi, à la suite des guerres civiles et religieuses.
Le chapitre de Montauban en affermant le prieuré de Mirepoix, se présente comme prenant les fruits de Mirepoix. Nous connaissons l’existence d’un prieuré dépendant dudit chapitre.
En 1721, le fermier des dîmes du chapitre est Pierre Taillefer, boulanger de Montjoire, qui a affermé la paroisse de Mirepoix avec celles de Réal et Mascale, par un même bail. Mirepoix est compté parmi les bénéfices dépendant de la messe du chapitre cathédral de Montauban.
Cette même monographie mentionne un ancien usage religieux perdu et ignoré en 1880 : "l’usage d’aller en procession à l’église Notre-Dame de la Colombe à Grazac, autre annexe de Roquemaure, pour demander à Dieu la conservation des fruits de la terre".
Guerres civiles et religieuses :
Durant les guerres civiles et religieuses, les protestants se saississent, en novembre 1568, de Layrac et Mirepoix. Au XVIIè siècle, les Lazaristes sont chargés de missionsà Mirepoix du 20 mai au 4 juin 1674 (2 pères). Leur compte-rendu, après la mission de 1674, mentionne 500 catholiques en âge de communion ; "pas d’hérétiques ; peuple fort dociles ; presque tous firent leur devoir. Les missionnaires y trouvèrent la confrérie du Rosaire"
La Révolution :
L’inventaire des biens nationaux :
L’inventaire porte des terres appartenant à la Fabrique, d’une valeur de 4400 livres et appartenant à l’obit de l’église du lieu, la métairie de Capoulage et des terres d’une valeur de 5104 livres. Les ornements et linge d’église sont estimés à 76 livres et 2 sous. Le 3 juillet 1791 une terre de 2 arpents, 2 pugnères (1,38 ha) de l’obit du lieu, estimée à 1350 livres. Dans l’inventaire de Mirepoix se trouve aussi mentionnées des terres de l’obit et de la table de l’église de Layrac et de la Madelaine" estimées à 5820 livres. Sont adjudées 1675 livres àPugnet, négociant et le 7 janvier 1811, 8 pièces de terre d’une contenance de 10 arpents, 5 pugnères, de l’obit du lieu, sont adjugées 4400 livres à Bousquet, cultivateur à Bessières.
Hors les biens de l’Eglise mentionnés, la plupart des biens de Mirepoix sont des biens des nobles émigrés, appartenant en grande part au Comte de Clarac, émigré. L’inventaire comporte le château de Mirepoix, les métairies de la Bourdette et de la Grande Borde, un moulin, une tuilerie, la forge et des dépendances, le tout représentant 135 arpents, d’une valeur de 88.420 livres ; le château de Mirepoix ( 28 arpents, soit 16,40 ha), adjugé 42.500 livres à Cabos, cultivateur à Verfeil, le 1er nivose an III, ainsi que la métairie de la Bourdette de 40 arpents ( soit 23,45 ha), celle de la Grande Borde de 61 arpents ( 35,75 ha) et une autre métairie de 45 arpents 1/2 ( 26,66 ha). Boyer, de Tauriac, possédait aussi à Mirepoix une terre ayant une superficie de 55 ares, estimée à 1000fr. Ref :Henrie Martin " Documents relatifs à la vente des biens nationaux, département de la Haute Garonne, district de Toulouse, op.cit,p 451.
Donnant suite à l’ordre donné par l’agent du district de Toulouse au sujet des cloches, l’agent national Lauzeral écrit à celui-ci le 6 fructidor an II (13 août 1794) :" dans notre commune nous n’avons qu’une petite cloche qui cependant je la crois suffisante". Au mois de thermidor an X (juillet 1802) les marguilliers de l’église de Mirepoix, Honoré Causse et Jean Galy, maçon, rendent compte du culte qu’ils gardaient.
Crouzet,confesseur de la foi :
Jean-Pierre Crouzet qui a été vicaire de Mirepoix, puis curé-archiprêtre de Roquemaure, et à ce titre curé de Mirepoix, est déporté au temps de la Révolution. Son mobilier de maison est estimé à 5123 livres. Après le Concordat, il estnommé à la succursale de Mirepoix. Au sujet de son retour, il nous est dit "le vénérable M. Crouzet a été reçu avec enthousiasme à sa rentrée de l’exil. Pendant la Révolution le P. Félix se trouve à Mirepoix, il est dit : " Le père Félix de l’ordre des carmes déchaussés, y a fait du bien quoiqu’il n’entendit pas assez l’idiome du païs"
En mai 1791, se trouve à Mirepoix un pr^tre ayant prêté le serment, Jean-Baptiste Maury, né à Castelsarrasin ; il s’aquitte de sa charge de vicaire, payé comme fonctionnaire "à charge pour lui de justifier qu’il a satisfait au serment prescrit". Puis il est déclaré domicilié à Toulouse et mentionné dans la liste des émigrés, il a alors 36 ans.
En 1885 a lieu une mission : à cette occasion une statue de la Vierge est érigée, celle quel’on trouve à l’embranchement des routes allant vers l’église.
Familles et patronymes de Mirepoix :
Parmi les noms de familles de Mirepoix, on relève : Arnal, Bonnet, Bourgarel, Bregail, Causse, Esculié, Estabes, Fauré, Favarel, Fieuzet, Gailhaguet, Galy, Gay, Lauzeral, Mestre, Plasse, Prunet, Richard, Rouzet.
Vie paroissiale :
Au milieu du XIXè siècle, comme dans la plupart des paroisses, la messe de paroisse est célébrée à 10h et les vêpres à 15h. En 1831, on compte 250 communions pour 550 habitants.
Les délibérations du Conseil de fabrique de décembre 1857, font état du personnel d’église : celui-ci comprenait bien sûr un carillonneur mais aussi un suisse.
En avril 1867, une offre d’un tableau est faite à Mirepoix, comme à Magnanac ; au vu des frais accessoires à couvrir, la fabrique y renonce.
Le 21 août 1868, Mlle Jeanne Marie Fauré, de Mirepoix, fait don à la fabrique d’une pièce de terre située au local de Penchenat, pour être employée à un établissement de soeurs, une église ou un presbytère ou pensions de ces établissements si faire se peut. Cette liberalité est acceptée ; ce don sert à la première destination envisagée, celle-ci est confirmée en octobre 1880, au temps du curé Charbonnière. Ce sont bien les filles de la Croix de Saint-André, qui vont bénéficier de ce legs, à la condition que la somme d’une vente éventuelle revienne à la fabrique, si les soeurs devaient quitter Mirepoix. Une école congréganiste est dès lors établie à Mirepoix.
Eglise du XIIè siècle :
Une église nous est connue par une incertaine mention dans le cartulaire de l’abbaye de Conques de 1271. C’est ensuite le silence. Aucune mention nouvelle, connue, n’en est faite jusqu’à l’heure des guerres civiles et religieuses du XVIè siècle.
Eglise après les guerres civiles et religieuses :
L’église de Mirepoix réapparait dans le contexte des guerres civiles et religieuses, alors mentionnée parmi les églises sinistrées et reconstruites. L’église de Mirepoix fait partie avec celle de Layrac parmi les églises reconstruites. Le chanoine Gayne précise dans sa notice :"le district de Roquemaure où se trouvaient 25 églises, fut le plus touché, car il n’y avait guère que des églises rurales qui étaient davantage exposées. Il n’en est aucune qui n’ait été épargnée- sauf Mézens" Cf La reconstruction des églises dans le diocèse de Montauban au XVIIè siècle.
Cette église se trouvait à côté du cimetière, plus précisément sur l’avancée du cimetière actuel au dessus du ruisseau de Lauzat, au lieu-dit la plane. on comprend mieux qu’elle était menacée d’effondrement. Le presbytère se trouvait en face.
Pendant la révolution : aucune particularité n’est relevée au sujet de cette église.
Après la Révolution :
Travaux de 1849 :
La visite pastorale de 1831 nous donne un aperçu :
"L’autel était en bois peint et doré, de même que le tabernacle. Une garniture en bois doré avec la croix comme croix d’autel, les gradins de l’autel étaient peints. En 1831 le plafond était constitué d’un plancher peint à l’huile. La charpente et la toiture étaient en bon état..Il y a 8 ornements de différentes couleurs dont quelques-uns sont fort jolis et les autres propres. Une chape de toute couleur en fort bon état...Les registres de baptêmes, mariages, sépultures sont en règle, depuis 1802. On mentionne un petit autel dédié à Notre-Dame : tout y est en règle excepté que le tabernacle n’est pas garni"
La structure de l’édifice présente une nef de plan rectangulaire terminée par un mur arrondi, au niveau du sanctuaire. Il n’y a pas de voûte. Un clocher-mur à trois baies réparties sur 2 étages, avec tourelle, côté nord, s’élève au-dessus d’un porche d’entrée, précédé d’un profond avant-porche.
En 1846, lors de l’enquête diocésaine sur l’état des église, la reconstruction de l’église apparaît dèjà comme une nécessité et une détermination : à la question concernant son état, il est répondu "sous le rapport de l’art, elle n’offre aucun intérêt. Elle laisse bien des chose à désirer pour son ornement, mais la fabrique ne peut pas y suffire, n’ayant ni rente, ni fondation..la reconstruction est indispensable, l’urgence en est reconnue par tout le monde. En effet elle est trop basse, n’ayant que 5m d’élévation. Aussi on y étouffe en été. Elle est trop humide en hiver, étant trop enfermée dans la terre. Aussi tout se gâte, tout se pourrit, les dorures, les ornements, les linges, ce qui fait désirer depuis longtemps une grosse réparation, mais les moyens pécuniaires manquent".
Mais pour le moment il faut se satisfaire de l’église telle qu’elle se trouve ; de grosses réparations sont réalisées en 1849 : construction du sanctuaire, élévation des murailles, achat d’un autel en marbre. Enfin, début septembre, la confection d’une voûte en plâtre a lieu et la réfection du lambris du sanctuaire engagé. En 1852, il est question d’entreprendre le carrelage de toute l’église.
Travaux de 1852 :
Le 27 octobre 1852 la Fabrique demande au préfet que des fonts baptismaux soient construits sur le cimetière attenant à l’église qui "aurait plus de grandeur et les fidèles y contiendraient plus facilement pendant les saints offices" Le 7 novembre suivant, la construction des nouveaux fonts baptismaux jugée necessaire pour agrandir l’église est décidée. Le Conseil de fabrique, le 9 novembre 1852, redit son projet de changer les fonts baptismaux de place et de le transférer au cimetière - 3 m sur 3 avec fonts au milieu - dans la continuité de la chapelle sur la gauche de l’église, les nouveaux fonts baptismaux venant joindre le mur extérieur du porche, et se trouvant à côté du clocher ; la chapelle, elle, va jusqu’à la hauteur de l’abside et le cimetière jouxte la chapelle.
Ancienne église de Mirepoix
Nouvelle église sur un nouveau site :
A la fin du XIXè siècle, cette église tombe en ruine. Le 6 janvier 1895, le Conseil de fabrique est alerté sur l’état de délabrement et d’insolidité.
"D’une part, le plafond est tombé en maints endroits, sur une surface totale de plusieurs mètres carrés ; il se détache très souvent des morceaux de plâtre dont la chute, si elle se produisait pendant les offices, pourrait occasionner de graves blessures aux fidèles. Tout récemment il s’en est détaché un morceau qui est tombé, pendant la nuit, à côté de l’harmonium, et dont le poids n’était pas inférieur à 4 kilogrammes. Si ce plâtre était tombé pendant un office, un des chantres aurait certainement été blessé. D’autre part, les murs de l’église sont lézardés, en un grand nombre d’endroits, notamment dans le sanctuaire où il existe deux fentes s’élevant du sol jusqu’à la voute qui est elle-même entamée. Le chevet de l’église semble se détacher du reste du bâtiment par un travail lent mais constant, comme il est facile de s’en rendre compte en remarquant l’élargissement progressif de ces lézardes. Devant cet état des choses, M. le curé propose au Conseil d’inviter M. l’architecte diocésain à venir à Mirepoix procéder à un examen attentif de l’église. M. le président, tout en constatant le bien fondé des observations de M. le curé, croit devoir faire remarquer, afin que le Conseil de fabrique ne puisse être accusé d’incurie ou de manque de vigilance, que la question avait dèjà été soulevée en 1887. A cette époque, à la suite d’une réunion officieuse du Conseil municipal et du Conseil de fabrique dans la salle de la mairie, il fut décidé que le Conseil de fabrique prierait un architecte de lui fournir un projet de reconstruction de l’église avec devis. Clui-ci ayant été trouvé trop élevé et les agriculteurs traversant alors une période de mauvaises années, le projet fut ajourné ; mais il fut convenu qu’une restauration de notre vieille église pouvant être considérée comme un gaspillage de fonds, la fabrique n’y ferait que des réparations courantes d’entretien. M. le curé écrira à M. Lacassin, architecte, inspecteur des édifices diocésains pour l’inviter, au nom du Conseil de fabrique, à venir examiner l’église de Mirepoix et à lui fournir un rapport. Il sera donné avis au Conseil municipal du jour et de l’heure de la visite de M ; l’architecte afin qu’il puisse, s’il le juge à propos, assister à l’examen de l’édifice.
Il est intéressant de prendre connaissance du rapport de M. Lacassin le 11 février 1895. Il nous décrit cette église qui en fin de compte sera démolie :
"Cette église qui n’a aucun caractère architectural est établie sur le flanc d’un tertre au pied de ce tertre et à 9,50 m de profondeur est un ruisseau. Un passage de 1,50 m environ en plate forme permet de longer le mur latéral de l’église, et la déclivité du sol vers le ruisseau se produit immédiatement et suivant une pente très accentuée. Cette église est composée d’une nef principale qui a 18 mètres de long depuis la porte jusqu’aux marches du choeur, sur 6 m de large et d’une nef latérale de 17 m de long sur 2,80 m de large. Le mur séparant ces 2 nefs est percé d’arcantures ; le choeur est terminé en abside ; tous ces murs sont pleins, sans contreforts ; des croisées ordinaires sont percées dans le mur du côté du ruisseau. La voûte est un plafond formant anse de panier au-dessus d’une petite corniche, contournant toute l’église, qui est à 6 m au-dessus du carrelage, la hauteur sous plafond, au milieu, est de 6,90 m.La façade de l’église est gothique pour la porte d’entrée et le clocher, en éventail, se compose de 3 arcades superposées : une tour placée sur le côté gauche enferme l’escalier montant au clocher. En avant de cette façade est un porche composé de 2 murs et une façade dans laquelle est une ouverture en plein cintre. En entrant dans l’église nous avons remarqué que les murs latéraux sont détachés de la façade, une lézarde verticale est à la jonction de ces murs avec la façade. A première vue, ceci ne nous a pas impressionné mais ce qui nous a paru très grave, c’est l’état du pilier de gauche de l’entrée de l’église qui est entre cette entrée et la porte donnant accès dans l’escalier du clocher. Ce pied droit qui a 1,20 m de largeur est partagé en 3, par des lézardes verticales dans toute la hauteur ; à notre avis ces lézardes sont très graves ; au-dessus du plein cintre de l’entrée est une lézarde qui monte jusqu’au plafond faisant voûte ; les arcatures du clocher sont aussi lézardées à leur clé.Tous ces désordressont dangereux et font craindre pour la sécurité des fidèles.Les lézardes inférieures sont de plus si rapprochées que le pilier est dividé en 4 bandes de 0,30 m de large dont les matériaux qui le composent s’arrachent à la main dans certaines parties. Ce pilier porte tout un côté du clocher.A la jonction des murs latéraux avec le mur circulaire de l’abside, sont également des lézardes. Celles du côté du ruisseau est très forte et beaucoup plus en avant dans l’église ; celle de l’autre côté est beaucoup plus en arrière que la précédente et correspond au mur de la sacristie qui est aussi détaché du mur de l’église.nous avons voulunous rendre compte de l’état du plafond formant la voûte. Ce plafond est tombé dans plusieurs de ses parties et une grande quantité d’autres parties menacent. En cherchant à nous rendre compte de la cause de la chute de ces plâtres, nous avons remarqué que les formes dont les entraits portent sur des corbeaux inférieurs, ont poussé les murs latéraux. Ainsi un bouclement s’est produit sur toute la longueur du mur, du côté du ruisseau, sur 0,50 m de hauteur, immédiatement au-dessus des linteaux des croisées. Ce bouclement, comme nous l’avons déjà dit, est dû à la poussée des entraits des formes et semble indiquer qu’à un moment donné la toiture pourrait, si ces poussées s’accentuaient, produire de graves accidents. Il y a lieu de remarquer que les poinçons portent actuellement sur les entraits et que ces entraits sont corbés.Les briques qui sont dans la zone horizontale contre laquelle la poussée s’est exercée ne sont plus reliées entre elles, les joints ne les tiennent plus et, à notre avis, il ne faudrait pas un grand effort pour produire une catastrophe.Sur la demande qui nous a été adressée par quelques-uns de ces messieurs présents de voir s’il n’y aurait pas lieu de tenter une restauration, nous disons : Que cette restauration serait très couteuse...que pour faire une restauration convenable, il faudrait exhausser les murs, établir des contreforts et faire une voûte soit en briques et plâtre, soit à la Philibert-Delorme ; faire des reprises en sous-oeuvre au pilier supportant le clocher et des chaînes à toutes les parties lézardées. or la construction de contreforts du côté du ruisseau serait très coûteuse, car nous croyons qu’il faudrait descendre la fondation à une très grande profondeur. A notre avis, il serait malheureux de dépenser une grosse somme à ces travaux qui ne seraient jamais qu’incomplets ; Tel est notre rapport, dressé à toulouse le 19 février 1895"
Au vu du rapport rendu, dès février, la gravité du danger est manifeste. La reconstruction de l’église est le seul moyen. Le Conseil municipal s’est refusé à assister à l’examen de l’église. Il est alors consulté sur les suites. Pour la Fabrique, la décision est prise : la reconstruction (unanimité moins M. Richard, opposé au projet et M. Antoine Prunet, absent) ; l’église est fragilisée et il serait malheureux de dépenser une somme importante pour des réparations. Le Conseil de Fabrique donne mission à M. Lacassin, architecte, de dresser un plan d’église pour la commune de Mirepoix.
Au début de 1896 le président du Condeil de fabrique décide d’inviter l’architecte inspecteur des édifices diocésains, à venir en examiner la solidité et à lui fournir un rapport. Les conclusions de ce rapport sont à nouveau que "l’église n’est pas solide, que les désordres constatés dans la construction font craindre pour la sécurité des fidèles...qu’il ne faudrait pas grand effort pour produire une catastrophe..." dès lors il convient d’accélérer les démarches : les plans et devis dressés par M. Lacassin, architecte, sont communiqués au Conseil municipal et approuvés par lui. Une souscription publique et volontaire est ouverte en vue de la reconstruction de l’église.
En 1901, l’urgence de la reconstruction est toujours à l’ordre du jour, vu les nouveaux rapports produit : " le clocher menace ruine, les murs et la charpente sont en très mauvais état, que tous ces désordres sont dangereux et font craindre pour la sécurité des fidèles… qu’ils pourraient produire de graves accidents… » (Rapport de M. Lacassin)
- vu que l’église est en fort mauvais état et doit être reconstruite à bref délai...que l’état du porche est tel que sous l’influence d’une cause extérieure telle qu’un vent violent ou un orage, un écroulement peut se produire et occasionner une catastrophe, qu’il est donc indispensable de le démolir sans délai" (Rapport de M. Thillet) M. Galand (architecte à Toulouse) appelé a dû prescrire d’urgence pour soutenir le clocher, la construction de 2 contreforts dont l’un ferme la moitié de l’unique porte d’entrée ; pour tous ces motifs graves engageant la responsabilité du Conseil de fabrique celui-ci, après entente complète avec le Conseil municipal, décide en ce qui le concerne, de faire toutes les démarches nécessaires pour arriver d’urgence à la reconstruction de l’église, attendu qu’une réparation est absolument impossible"
Aussi, le conseil de fabrique renouvelle sa décision de construire une nouvelle église. Les plans d’une nouvelle église sont dressés le 1er août 1901 et approuvés le 11 août 1903.
Le devis estimatif établi en 191 par Lacassin donne une certaine représentation du projet.
"Cette église sera de forme ogivale, sa longueur sera de 24 m entre murs, sa largeur serra de 14 m 65 dont 7 m de nef. Sa hauteur sous clef de voûte à l’arc triomphal sera de 10 m, de chaque côté de l’église seront 2 chapelles dont les arcatures en ogives seront supportées par une grosse colonne en pierre. A la suite de ces chapelles seront les sacristies. Le niveau des carrelages de l’église sera élevé de 1 m au dessus du sol naturel. Le clocher sera placé à l’axe de la façade principale et en avant de l’église. Le dessous du clocher servira de vestibule. Extérieurement et en façade à droite et à gauche seront 2 tours, l’une servant à l’escalier conduisant à la tribune, et l’autre de fonts baptismaux et à la hauteur de la tribune 2 petites pièces de réserve. Au dessus de cette tribune sera l’horloge et au dessus encore le beffroi. On accédera de la tribune à la chambre de l’horloge et au beffroi par une échelle fixée au mur.Une flèche en maçonnerie couronnera ce clocher"
L’adjudication du 5 août 1903 est approuvée par le prefet le 1er septembre suivant, en faveur de Jean-Baptiste Constans, entrepreneur à Bessières, pour 22.986,34 fr. On s’étonne de voir apparaître dans quelques notices sur l’église de Mirepoix le nom de Constans Brique, comme entepreneur.
Le 19 septembre 1904 a lieu l’achat d’un lopin de terre "de forme triangulaire à 50 et 52 de la section C au lieu dit l’enclos", rue du chemin creux, d’une contenance de 14 ares 50 ca à prendre au midi d’une plus grande contenance et confrontant au nord et au couchant le vendeur, au midi chemin de grande communication n°22, au levant chemin de Montvalen, tel qu’il est, est déjà occupé par la commune pour l’érection de la nouvelle église" Ce terrain appartenait à Vernhes.
Recherche d’un local provisoire pour célebrer, tensions :
Un vifdébat va avoir pour objet le lieu du culte ad interim à trouver, l’exercice public du culte étant supprimé dans la commune de Mirepoix, depuis l’arrêté du 2 fevrier 1903, notifié le 10, à la suite de l’interdiction d’utiliser l’église, ce qui cause un préjudice grave, notamment dans la perspective des fêtes pascales à venir. D’où la nécessité de trouver un local ad hoc pour célebrer le culte. Le choix d’un local existant ou à construire va susciter un débat vif et long. Il est prévu un moment de construire un local dans l’enclos du presbytère. Cependant la construction d’un local provisoire entraînerait des dépenses considérables et plus tard inutiles. Une délibération du Conseil municipal du 2 juin 1903 propose le local Galy ou Lauzeral. Cette solution est désavouée par le Conseil de fabrique. Celui-ci dans cette même délibération du 5 juillet se propose de faire construire un local pour le culte selon le plan dressé par M. Lacassin. En septembre 1903, on remet à l’ordre du jour les propositions Galy-Lauzeral. Le 12 novembre le Conseil municipal décide " d’affecter à la célébration des offices religieux l’immeuble provenant des legs Taillefer et Fauré, c’est à dire le couvent naguère occupé par les soeurs, fermé au cours de l’été 1903. En fin de compte le Comité fit bâtir, avec des fonds provenant en grande partie du 4/5èm des habitants, et sur le plan dressé à cet effet par M. Lacassin ; soit un local de 24 m de long sur 6 de large. Le Comité a mis gracieusement ce local à la disposition de la fabrique qui y fait les aménagements nécessaires à sa destination et les offices y sont célébrés depuis le 2 août 1903. En décembre 1903 le Préfet écrit à l’archevêque pour soutenir la position du Conseil municipal et lui dire son incompréhension de l’opposition faite par la fabrique à cette proposition naturelle. A la même époque M. Lauzeral, président du Conseil de Fabrique, fait connaitre au Conseil qu’en qualité d’héritier de M. Taillefer et de Mlle Fauré, il vient d’engager, vis à vis de la commune, une action en justice, en résolution de legs portant sur l’immeuble devenu le couvent, pour cause de non-exécution des conditions. L’action en résolution de legs sera inscrite sur la feuille d’avertissement du Tribunal de 1ère instance de Toulouse pour être plaidé à une audience début 1905. Le débat se poursuit ; le Préfet revenant à la proposition communale. Par délibération du 29 juin 1904, le Conseil municipal de Mirepoix a décidé la désaffectation du presbytère actuel et son remplacement par l’immeuble occupé par les Filles de la Croix de Saint André. Le Conseil de fabrique s’oppose résolument à la décision du Conseil municipal.C’est bien un local provisoire qui est construit. L’inventaire de 1906 indique : "Les offices sont dits dans un local appartenant à Dubourg, ancien desservant de la paroisse"
Eglise Sainte Julitte et Saint Cyr : 1905-1907
Le bâtiment semble fini en 1905, mais lors de l’Inventaire du 14.03.1906, on note que : « la réception définitive de l’église nouvelle construite sous la direction de M. Lacassin n’a pas été faite ». La réception définitive des travaux eut lieu le 6 avril 1907
Par contre la date de la dédicace ou de la bénédiction de la nouvelle église nous demeure inconnue. On peut penser que ce fut entre 1907 et 1911, la visite pastorale ayant lieu à Mirepoix, le 18 mai 1911 de cette année-là. C’est, en effet, le curé Jules Cussac qui termina les travaux entrepris par le curé Louis Dubourg
L’église est de style néo-gothique et en briques .