Edito d’octobre 2019

La mission d’enseigner

Comme suite à donner à mon précédent éditorial, la question s’impose d’approfondir les trois missions qui incombe au ministère pastoral du prêtre, à savoir enseigner, sanctifier et gouverner. Aussi, je consacrerai l’éditorial des bulletins paroissiaux d’octobre, novembre et décembre, à chacune de ces trois missions.

Au préalable, il me semble indispensable de préciser que ces trois devoirs ont aussi, à leur mesure, toute leur place dans la vie même du baptisé. Certes, ils sont essentiels au ministère pastoral du prêtre, mais le bien de l’âme du frère s’impose aussi à tout chrétien qui doit humblement et charitablement porter le souci gratuit du frère quel qu’il soit.
Le premier devoir est le munus docendi, c’est-à-dire celui d’enseigner.
Aujourd’hui, il apparaît particulièrement important. Nous vivons dans une grande confusion en ce qui concerne les choix fondamentaux de notre vie et les interrogations sur ce que nous devons faire pour accomplir le bien, quelles sont les valeurs réellement pertinentes. En relation à tout cela, de nombreuses philosophies opposées créent une confusion, si bien qu’on ne sait plus par quoi et pour quoi nous avons été faits et où nous allons.
Déjà, le Seigneur avait fait une telle constatation voyant une foule nombreuse qui le suivait. Face à la diversité des courants de la pensée de cette époque, les gens ne savaient plus quel était le vrai chemin du bonheur. Ils étaient quelque peu « errants comme des brebis sans berger » (cf. Mc 6,34).
Dans la confusion et la désorientation de notre époque, la lumière de la Parole de Dieu, la Lumière qui est le Christ Lui-même reçue de l’Eglise doit être rendue présente. Le prêtre, comme le fidèle laïc, ne doit pas s’appuyer sur ses propres idées, sur une philosophie qu’il a ou inventée ou trouvée ou qui lui plaît ; ce n’est pas de lui qu’il s’agit, ni pour lui qu’il agit, ni,- ce qui serait pire-, pour se faire une cour d’admirateurs ou créer son propre parti. Le prêtre, comme le fidèle, se doit d’enseigner et dire le Christ présent ; il propose cette Vérité qui libère qu’est le Christ Lui-même : sa Parole, sa Vie son Chemin pour aider à aller de l’avant. Pour le prêtre, comme pour le fidèle, vaut ce que le Christ dit de Lui-même : « Mon enseignement ne vient pas de Moi-même, il vient de Celui qui M’a envoyé » (cf. Jn 7,16).
Dans cette mission d’enseigner, chacun doit pouvoir dire qu’il ne s’appartient pas, qu’il ne vit pas pour soi mais qu’il vit avec le Christ et du Christ. Ce qu’a dit le Christ devient alors sa parole, même si elle n’est pas sienne. Ecoutons Saint Augustin qui nous enseigne si admirablement en parlant des prêtres : « … ce que nous vous distribuons n’est pas à nous, mais nous le tirons de Lui.  »
Il ne peut pas y avoir d’enseignement authentique donné s’il n’est pas d’abord reçu et vécu. Reçu et vécu des et par les Saintes Ecritures, les Pères et les Docteurs de l’Eglise, le Catéchisme de l’Eglise catholique qui sont des références indiscutables dans l’exercice du munus docendi, le devoir d’enseigner avec Charité pour la conversion des cœurs dans un chemin de Foi qui conduit à l’Espérance du salut.
Puisse chacun se rappeler que les Apôtres, seulement après avoir vécu et avoir été enseignés par Jésus Lui-même, ont pu être envoyés par Lui vers toutes les nations afin de faire des disciples, de les baptiser, leur apprendre à observer tout ce qu’Il leur a prescrit tout en les rassurant qu’Il demeurerait pour toujours avec eux jusqu’à la fin du monde (cf.Mt 28,19-20).
Vivons avec le Christ, vivons du Christ, laissons-nous enseigner par le Christ pour enseigner le Christ.

 

 Abbé Régis l’Huillier+, curé