Chapitre 1 LE CADRE DE LA LITURGIE DE LA MESSE
Chapitre 2 LES RITES D’INTRODUCTION
Chapitre 3 LA LITURGIE DE LA PAROLE
Chapitre 4 LA LITURGIE EUCHARISTIQUE
Chapitre 5 LE RITE DE COMMUNION
Il y a une distinction entre le sacré et le profane. Sacré ne s’oppose pas à profane. Il n’y a de profane que le péché. Toute la vie est à offrir à Dieu ; c’est spirituel. Il existe un sacré ou consacré, c’est-à-dire mis à part • sacré sacramentel, les signes, le sacré signe, l’église.
Il y a un sacré non mis à part, seulement sanctifié : les vases sacrés.
Dans les premiers temps, on se réunissait dans les grandes maisons pour des raisons de commodité et de sécurité ; il y a des maisons d’Eglise (domus Ecclesiae).
L’église est une maison d’Eglise pour rassembler les chrétiens en prière. Elle doit être digne des Mystères qui s’y célèbrent et digne de ceux qui entrent. Tout le monde a sa place en fonction de ce que l’on fait, et l’église doit faciliter la participation des fidèles ; doit permettre de faire « assemblée ».
L’église est le signe de I »’Eglise et le signe de la Jérusalem céleste. L’église est la maison de Dieu, du Christ. C’est un espace saint, béni, consacré par le rite de la Dédicace. Elle est destinée au culte, à la « Demeure ». Il convient que l’église soit dédicacée et que l’on fête l’anniversaire de sa dédicace. Il y a la fête de la Chaire de saint Pierre (22 février) comme la fête de la Dédicace de la Basilique de St Jean du Latran (9 novembre).
C’est le lieu de l’Eucharistie, le lieu du sacrifice. Sacrifice qui s’accompagne d’un banquet sacrificiel, et non pas d’abord un repas ! L’autel est le centre. C’est le signe du Christ : le Christ Prêtre, Victime et Autel. L’autel (la pierre d’autel) a cinq croix gravées qui représentent les cinq plaies du Christ. Le baiser de l’autel, c’est le baiser au Christ, le baiser aux reliques. Il faut faire exprimer à l’autel son mystère intérieur de l’Agneau immolé. Il faut donc tout centrer sur l’autel et le dégager. Tous les regards doivent converger vers lui.
Ce mot vient du grec « anabaïno, monter ». C’est le lieu de la Parole de Dieu : c’est le lieu de la Lecture, du chant du Psaume, de l’Evangile, de la Louange pascale, de l’homélie et de la Prière Universelle. Il doit être digne de son objet. Il n’est, normalement, ni pour le chantre ni pour le commentateur !
Il exprime la fonction de Prae sedere du président. Il est à situer en fonction du sanctuaire, de la célébration en lui évitant toute apparence d’un trône.
Le caractère de ces rites est d’ouvrir la célébration pour « faire l’assemblée », la communion. Ils doivent disposer à bien entendre la Parole, et à célébrer dignement l’Eucharistie. Ils construisent une assemblée à la fois filiale, fraternelle et sanctifiée.
Il s’agit d’unir les voix les unes aux autres, c’est la symphonie dont parle Sophonie. Il doit faire entrer dans le Mystère célébré, comme l’Antienne du Psaume Invitatoire, l’oraison et la Préface. Ainsi le Ps 24 pour le 1er dimanche de l’Avent ; l’Ecce Advenit pour l’Epiphanie. Il accompagne la procession et l’encensement de l’autel. Il y a plusieurs modes d’exécution.
Il y a d’abord un salut de l’autel qui est très important puis un salut à l’autel qui est un baiser au Christ et aux reliques déposées dans l’autel.
C’est le signe de Croix dont les paroles sont dites par le célébrant auquel adhère le peuple par sa réponse « Amen ». Ce mot est très difficile à traduire. « Ainsi-soit-il » est une traduction insuffisante. Cet adverbe dérive d’une racine hébraïque, qui implique fermeté, solidité, sûreté. Dire Amen, c’est proclamer qu’on tient pour vrai ce qui vient d’être dit, en vue de ratifier une proposition ou de s’unir à une prière. Le Christ est l’Amen. L’Amen est passé dans toutes les liturgies. Il achève toute demande, toute louange, doxologie, actions de grâces, Profession de Foi, Prière Eucharistiques, Signe de Croix, communion eucharistique.
Il y a le salut : « Le Seigneur est avec vous » qui manifeste au peuple la présence du Seigneur au milieu de lui, pour mettre ce peuple en présence de son Seigneur qui le rassemble. Il y a trois formules qui sont toutes bibliques (2Co 13,13 ; Ruth 2,4 ; LC 1,28 ; Mt 28,20 ; Ga 1,3 et Rm 1,7). La réponse du peuple « et avec votre esprit » retourne le salut au célébrant qui lui souhaite les dons de l’Esprit-Saint reçus au jour de l’ordination pour l’exercice de l’Action liturgique.
Il y a une monition, l’un des moments où le célébrant prononce des paroles brèves qu’il peut adapter, ici pour inviter au repentir des péchés. Suit un court instant de silence pour que chacun, dans son cœur, examine sa conscience. Il y a trois formules
- Le Confiteor (je confesse),
- Seigneur accorde-nous
- Seigneur Jésus...Quand on choisit cette formule, le kyrie est omis.
Le célébrant conclut par une formule d’absolution « Que Dieu tout puissant nous fasse miséricorde... ». Cette formule n’est pas sacramentelle mais sacramental, c’est-à-dire qu’elle n’opère pas d’elle-même le pardon des péchés, comme le réalise celle du sacrement de pénitence. Elle implore le pardon plutôt qu’elle ne l’effectue. Il ne convient pas de faire à ce moment-là un signe de croix que d’ailleurs l’Eglise ne prévoit pas. Il y aurait le risque d’une ambiguïté dommageable qui pourrait laisser penser ou croire que cette formule d’absolution serait de la même valeur que celle du Sacrement de Pénitence.
- L’Aspersion : Rappel de notre baptême. Salutation, bénédiction de l’eau, aspersion avec chant, prière de conclusion et Gloria si il est prévu.
- Le 2 février : nous sommes appelés à devenir des lumières et à porter le Christ, Lumière des nations. Procession, au retour le Gloria, l’oraison.
- Mercredi des Cendres : Salutation, kyrie, oraison.
- Dimanche des Rameaux : Célébration de l’entrée messianique de Jésus à Jérusalem. Salutation, liturgie des Rameaux, oraison.
C’est une grande doxologie. C’est une louange à Dieu, au Christ. Il a une structure assez semblable à celle du Te Deum. Gloire à Dieu en Lui-même, pour ce qu’Il est. Il convient qu’il soit chanté avec les paroles que l’Eglise lui a fixées. On ne le dit que pour les fêtes et solennités hors du temps de l’Avent et du Carême sauf quand c’est prévu.
Il y a d’abord une invitation à prier qui est suivie d’un silence pour l’intériorité. Puis la prière se compose de 4 parties :
- L’invocation : ordinairement le Père, quelques fois le Fils
- L’évocation : une louange à Dieu, un motif autorisant notre confiance, le mystère, la fête du jour.
- Demande : Elle découle de l’évocation. Participe à la grâce de la fête. Quelques fois deux demandes sont articulées : « afin que ».
- Conclusion : Par Jésus-Christ, Médiateur unique (cf Jn 16,23) et profession trinitaire. L’assemblée répond « Amen ».
Remarque : Du chant d’entrée inclus jusqu’à l’Amen de la collecte inclus, l’assemblée se tient debout.
Il y a un lien entre la deuxième et la troisième partie de la messe ; entre la Liturgie de la Parole et la Liturgie de l’Eucharistie (S.C.56 ; Inestimabile donnum, avril 1980). Toutes les liturgies eucharistiques comprennent Parole et Eucharistie.
La Liturgie de la Parole n’est pas une simple catéchèse. Il existe entre elle et l’Eucharistie un lien perçu très tôt : « les deux tables ». La table du Corps du Seigneur, la Table de la Parole. L’unique Table de la Parole de Dieu et du Corps du Christ (cf. S.C.48). « La Table du Seigneur est celle dont nous recevons le Pain
Vivant : sa vertu est en ce que le Vivant vivifie Lui-même ceux qui Le reçoivent. C’est aussi la Table de la Parole du Seigneur qui nous donne en nourriture une doctrine spirituelle » (St Hilaire de Poîtiers, sur le Psaume28).
Dans la troisième partie de la Messe, le Mystère va être célébré sacramentellement. L’intention de l’Eglise est de nous y faire pénétrer par la Parole.
Dans la seconde partie, il y a une proclamation du dessein de Dieu, du Mystère, des Mystères du Salut du
Christ dans notre vie. C’est une proclamation liturgique. Le Christ Lui-même parle. Ainsi, la Liturgie de la Parole, proclamant le dessein de Dieu, le Salut, le Mystère du Christ, annonce l’Eucharistie, éclaire l’Eucharistie. L’Eucharistie célèbre dans le Sacrement ce qui est annoncé. Elle nous fait participer au Mystère et, ainsi, elle éclaire la Parole. Les disciples d’Emmaüs reconnaissent le Christ à la fraction du pain. Là est l’authentique interprétation de l’Ecriture. Aussi ne doit-on pas les séparer. Les deux parties de la Messe sont indissociables : on ne doit pas les séparer ni les célébrer en des lieux ou des temps différents. Seulement pour les Messes d’enfants, il peut y avoir un changement de lieu. (D.C. 1974 p.8 n o 17).
Il y a un lieu pour la Parole. Il y a des honneurs spéciaux, surtout à l’Evangile pour lequel il peut y avoir une procession. L’évangile qui bénéficie aussi de la signation, de l’acclamation, de l’encens. Le ministre pour les lectures est le lecteur, pour le chant du Psaume est le psalmiste et pour l’Evangile, le Diacre ou le Prêtre. Aux messes concélébrées sans diacre ce sera de préférence le premier concélébrant et non pas le Célébrant principal. La fonction de proclamer la Parole de Dieu est une fonction ministérielle et non pas présidentielle.
Elle a beaucoup changé les lectures, mais toujours dans une continuité de ce qu’on appelle aujourd’hui la forme extraordinaire. Le travail a consisté en une étude complète des liturgies latines, d’une grande part des liturgies orientales, des lectionnaires des Réformés. Il y avait beaucoup plus de documents qu’au temps de St Pie V. D’abord préparation avec expérimentation d’un projet dans certaines paroisses et certaines familles religieuses. En 1967, envoi d’un projet aux Conférences Episcopales et présenté au premier synode. En 1968, révision du projet d’après les remarques reçues.
1) Lectionnaire dominical et fêtes du temporal
Il y a trois lectures : l’Ancien Testament (sauf au Temps Pascal : Actes des Apôtres) ; une épître d’un Apôtre et l’Evangile. C’est un retour aux origines puisque Rome avait 3 lectures jusqu’au VI O siècle ; à Constantinople c’était jusqu’au VIII O siècle.
Il a été choisi un cycle de trois ans : chacun des Evangiles synoptiques et Jean tous les ans (au Temps Pascal) et l’année B. Certains avaient souhaité une répartition par thème, ce qui n’était pas conforme aux anciennes liturgies. Il n’était pas question d’inventer
Le choix a été fait d’une lecture semi- continue et d’harmoniser la lecture de l’Ancien Testament avec l’évangile. Il arrive que les trois textes soient harmonisés.
2) Lectionnaire férial
Il y a deux lectures : Ancien ou Nouveau Testament et l’Evangile. Sauf pour le Mercredi des Cendres où il y a trois lectures.
Cycle d’un an pour les temps privilégiés (Avent, Noël, Carême, Temps Pascal) ; cycle de deux ans pour la première lecture et sur un an pour l’Evangile.
Pour le Temps Ordinaire, lecture semi-continue sans recherche d’harmonisation avec l’Evangile.
Au Temps Pascal, Actes des Apôtres et St Jean ; pour l’Avent et le Carême harmonisation habituelle de la lecture avec l’Evangile.
3) Lectionnaire du Sanctoral ou des Saints :
Pour les solennités il y a trois lectures.
Pour les fêtes, les lectures sont obligatoires.
Pour les mémoires des Saints, il y a des lectures proposées, facultatives. Pour quelques mémoires, les textes sont propres et doivent être pris : Timothée, Tite, Madeleine, Marthe, Martyre de st Jean Baptiste (29 août).
Il y a les réponses, le silence, les attitudes, le chant.
A la fin des lectures, en réponse au lecteur qui conclue en disant : « Parole du Seigneur », l’assemblée répond : « Nous rendons grâce à Dieu ». En effet nous devons remercier Dieu qui se révèle à nous et qui nous enseigne. Quel honneur fait-ll à l’homme en lui parlant.
« Voilà pourquoi, de notre côté nous ne cessons de rendre grâce à Dieu de ce que, une fois reçue la Parole de Dieu que nous vous faisions entendre, vous l’avez accueillie, non comme une parole d’homme, mais comme ce qu’elle est réellement, la parole de Dieu. Et cette parole reste active en vous, les croyants. » (1 Th 2,13)
Avant l’Evangile, on répond au ministre qui le proclame en lui souhaitant la présence de l’Esprit Saint, qu’il a reçu au jour de son ordination, pour accomplir convenablement ce ministère pour lequel il a été choisi et envoyé. A l’annonce de l’évangile, nous exprimons que nous voulons glorifier Dieu pour cette Bonne Nouvelle qu’Il va nous dire. A la fin de la péricope proclamée, nous affirmons que le Seigneur Jésus doit être loué. C’est un pendant à l’Alléluia chanté avant l’évangile.
Il est bon d’observer un silence sacré qui promouvra aussi bien une participation active de chacun qu’une méditation sur ce qu’il a entendu. (S.C. 30 et P.G.M.R. 45)
On est assis pendant les lectures, le chant du Psaume, l’homélie.
On est debout pendant le chant de l’Alléluia (ou de ce qui en tient lieu), l’Evangile, la Profession de Foi et la Prière Universelle.
1) Le Psaume
C’est sans doute un héritage de la liturgie synagogale. Il est choisi en fonction de la 1 ère lecture.
Autrefois, appelé « graduel » parce que le chantre se tenait sur les degrés (gradus) de l’Ambon.
Il s’est fait d’abord sous forme responsoriale ; la mélodie s’étant ornée on n’a gardé que deux versets. Aujourd’hui on est revenu à la forme responsoriale sauf pour la messe chantée en grégorien.
2) L’Alléluia
Il aurait été apporté à Rome par St Jérôme en 380 et chanté seul le jour de Pâques. Au Vème siècle il est chanté pendant toute la cinquantaine pascale et après il rentre en silence. C’est St Grégoire qui l’étend aux dimanches (jour de Résurrection) et peu à peu à toute l’année sauf en carême (distinction avec les grecs). Au Moyen-Age on enterrait l’Alléluia écrit sur des plaques.
Aujourd’hui, il est déposé à la fin des Vêpres du mardi, veille du Mercredi des Cendres. Il est de retour le Samedi Saint à la Veillée Pascale et c’est l’Evêque qui le chante.
Alléluia veut dire « Louez Dieu (Alléluia) ». Personne n’a songé à le traduire (comme Amen et Hosanna). Cela exprime la joie.
L’Alléluia est tourné vers l’Evangile ; c’est une louange à Dieu, on se tourne vers Dieu.
Son objet est d’expliquer ou de donner un aspect spirituel du contenu de la Liturgie de la Parole qui vient d’être proclamée ou un autre texte de l’Ordinaire ou du Propre de la Messe célébrée, en tenant compte du Mystère célébré, des besoins des auditeurs ou des circonstances du moment. Elle est obligatoire le dimanche, fortement recommandée aux féries des Temps privilégiés, aux fêtes.
L’homélie conduit au Sacrifice. Le ministre est ordinairement le Célébrant principal ou le Diacre.
C’est une adhésion de Foi à la Liturgie de la Parole, une profession de Foi avant la Liturgie Eucharistique (PGMR 67).
Trois formules Symbole de Nicée (formule ordinaire cf Dom Oury Esprit et Vie 1974 p477) ; Symbole des Apôtres (concession aux messes d’enfants cf Directoire pour les messes des enfants) ; formule baptismale pour la Veillée Pascale. Pour la profession de Foi, tous sont debout. Aux mots « Par l’Esprit Saint, il a pris chair... » (dans le Symbole de Nicée), tous s’inclinent profondément ; et aux solennités de l’Annonciation et de Noël, tous font la génuflexion (P.G.M.R.68, 137).
Le Peuple chrétien exerçant sa fonction sacerdotale, supplie pour tous les hommes. Ce doit être une prière commune, avec participation de tous. Le schéma général des intentions : l’Eglise ; les dirigeants et le salut de tous ; ceux qui souffrent ; la communauté locale (S.C.53 ; P.G.M.R.69-70).
La partie principale de la Liturgie de la Parole est constituée par les lectures tirées de la Sainte Ecriture, avec les chants qui s’y intercalent. En outre, l’homélie, la Profession de Foi et la Prière universelle la développent et la concluent. Car dans les lectures que l’homélie explique, Dieu adresse la parole à son peuple (S.C.33), Il découvre le Mystère de la Rédemption et du Salut et Il offre une nourriture spirituelle. Le Christ Lui-même est là, présent par sa Parole au milieu des fidèles (ib.,7). Cette Parole divine, le peuple la fait sienne par le silence et les chants et il y adhère par la Profession de Foi ; nourri par elle, il supplie avec la Prière universelle pour les besoins de toute l’Eglise et pour le salut du monde entier (P.G.M.R.55).
On ne l’appelle plus l’offertoire, mais la préparation des dons. Les 1ère et 2ème périodes s’enchevêtrent, il est difficile d’en donner des dates précises.
A cette époque, l’offertoire est un geste de l’assemblée.
Les participants apportent le pain et le vin au moins jusqu’au seuil de l’église. Nous avons en cela des témoignages des Sts Justin, Irénée, Cyprien, Hyppolite et Augustin.
Peu à peu en Gaule et ailleurs s’organise une procession, tout le monde vient pour apporter son pain et son vin et participe ainsi au Sacrifice.
Le prêtre reçoit le pain et le vin. Tout le monde devait l’apporter. La schola, qui ne pouvait pas le faire donnait l’eau nécessaire qui était bénie par le Pape. C’est sans doute de là que vient la bénédiction de l’eau à l’offertoire (rite qui ne se fait plus) comme le pain béni aussi.
Cette procession est accompagnée d’un chant. Il y a aussi des prières d’accompagnement.
Ensuite le prêtre entasse les pains ; on en retrouve la trace dans certaines prières sur les offrandes (4e me dimanche de l’Avent).
Ceux qui ont fait cela se lavent les mains. C’est le rite du lavabo qui a pris très vite un sens spirituel. Première prière, appelée plus tard « secrète », ou bien parce qu’elle était dite en silence, ou bien parce qu’elle était dite sur les offrandes mises à part (sens du mot secrète). On prend pour le sacrifice une part des offrandes, le reste est donné aux prêtres et aux pauvres.
En résumé de cette 1 ère période, on retient que c’est un acte de l’assemblée par lequel tous apportent le pain et le vin en procession pendant que la schola chante. Ensuite on se lave les mains puis le prêtre, en silence dit la prière sur les offrandes qu’on appelle « secrète ».
Elle apparaît, semble-t-il, avec les messes privées. On ne sait pas la date. Sans doute, à cause de l’augmentation du nombre de prêtres dans les monastères au VIIIème siècle ; c’est assez général au IXème siècle où il y avait messes privées, chantées ordinaires, chantées solennelles, chantées pontificales. C’est le Missel de ST Pie V qui reconnaît la messe basse et en établit les règles. Pourquoi un nouvel offertoire ? Il n’y a pas de procession d’Offrandes, le prêtre va donc lui-même présenter les Offrandes I Il utilise des apologies (textes ou paroles qui justifient ce qui est fait en guise d’éloges) et les prières utilisées par les fidèles, ainsi que d’autres formules tirées des sacramentaires.
Puis cette nouvelle formule d’offertoire passe dans la Messe chantée à partir de la fin du IXème siècle et de manière généralisée au XIème. On commence à utiliser du pain azyme, les fidèles ne pouvant pas en apporter, la procession des offrandes est supprimée.
L’offertoire est constitué de multiples apologies et prières à saveur sacrificielles. C’est un rite de préparation ; la formule « Sacrifice préparé à la Gloire de Ton Nom » témoigne de la foi au Sacrifice qui va être offert.
En résumé de cette période, on retient que c’est un acte du prêtre qui se compose de prières d’offrande et apologies ; utilisation de pains azymes, la procession disparaît ; c’est un rite de préparation dans lequel la foi à la dignité du Sacrifice est très bien exprimée, puis le Lavabo et la secrète.
L’offertoire est devenu, avec la période précédente, un geste sacerdotal : tout est acte du prêtre ou au moins du chœur avec des gestes et des prières d’accompagnement.
- Offrande du pain : « Reçois Père Saint ... cette offrande sans tache ».
- Eau et vin : prières tirées des sacramentaires anciens.
- Offrande du calice : « Nous Te présentons le calice du Salut ...
- « Humbles et contrits ... » apologie ancienne. « Dieu éternel et tout Puissant, viens bénir ce sacrifice préparé à la Gloire de ton Nom ».
- Encensement des offrandes et de l’autel : Amalaire en parle au IXème siècle. Il est pratiqué en Normandie au XIème siècle et à Rome au XVème. C’est un geste de bénédiction sur les oblats et de vénération de l’autel. C’est un Parfum qui rappelle les sacrifices du parfum de l’A. T., parfum de la femme à Jésus, c’est un acte gratuit qui rappelle la Divinité de Celui qui va le recevoir mais aussi de Celui qu’il va devenir. L’encens est béni, on enveloppe les offrandes et l’autel.
- Lavabo purification, honneur.
- « Reçois Trinité Sainte, ... » : C’est une anamnèse et une offrande en vue du sacrifice qui va être offert.
- « L’orate, fratres »
Remarque : Le Missel de Saint PieV a conservé l’Ordo en cours à l’époque. C’est un rite de préparation avec une insistance sur le Sacrifice qui va être offert, donc en vue du Sacrifice « Nomini tuo preparatum » (préparé en ton Nom).
En résumé de cette 3eme période, l’offertoire est un acte du prêtre. Pour les Messes basses tout est sur l’autel et pour les Messes solennelles c’est le sous-diacre qui apporte tout. Les gestes sont des signes de Croix, l’encensement, le lavabo. Les prières du prêtre ont une saveur sacrificielle : « Recevez Trinité Sainte... » ; l’ « Orate, Fratres » et enfin la Secrète.
Selon l’histoire, l’Offertoire est une préparation. Les anciennes prières (Suscipe, Offerimus ...) n’exprimaient pas la vraie signification du rite de l’Offertoire. Elles ne faisaient qu’anticiper l’Offrande proprement dite du sacrifice qui figure dans la Prière Eucharistique après la Consécration, lorsque le Christ est présent sur l’autel comme victime. Les nouvelles formules expriment avec plus de simplicité et de clarté
1 La glorification de Dieu, Source de toutes choses et de tout don.
2 Elles indiquent bien le sens et l’action dont il s’agit,
3 Elles insèrent le travail et toute la réalité humaine dans le Mystère Rédempteur du Christ.
Certains voulaient revenir à la procession originelle, en ne gardant que la prière sur les Offrandes ; d’autres voyaient cela comme de l’archéologie.
1 Préparation de l’autel : Normalement il n’y a rien sur l’autel. On apporte donc le Corporal, le Missel, les cierges éventuellement si ils n’y sont pas déjà ; au moins 2, il peut y en avoir 4, voir 6 et même 7 si c’est l’Evêque du lieu qui célèbre. Il convient de veiller à ce que les cierges ne fassent pas obstacle à une bonne vue par l’assemblée sur ce qui se passe à l’autel.
2 Apport des Offrandes : Les fidèles devraient les apporter en procession ; cette procession peut très bien être accompagnée par un chant ou un psaume ou encore un morceau d’orgue. Dans ce cas les prières seront dites à voix basse par le célébrant.
3 Le pain et le vin : il faut une vérité des signes sans tomber dans une sorte de mime. Il faut que l’hostie ressemble à du pain mais ne doit pas être du pain. Il faut se rappeler qu’il s’agit d’abord d’un sacrifice avant d’être un repas. La question du vin rouge ou blanc est une question pratique à cause des taches sur les linges d’autel (purificatoire).
Les formules de présentation : On y a exclu le mot de « sacrifice » qui est remis à la fin. C’est une formule de bénédiction de Dieu. La réponse de l’assemblée est une expression de sa participation. La prière à voix basse du célébrant incliné au milieu de l’autel « Humbles et pauvres, nous Te supplions Seigneur, que notre sacrifice de ce jour trouve grâce devant Toi » est une apologie.
4 L’encensement et le lavabo.
5 « L’Orate Fratres » C’est l’invitation à la prière sur les Offrandes. Sa traduction en français, si elle le raccourcit, lui est préjudiciable. Il est vrai que la réponse est un peu longue et que les fidèles la marmonnaient jusqu’à l’avant dernier mot quand ils la disaient en latin ! ! ! Le suscipiat était devenu le « suce mes pattes »
L’assemblée qui est assise pendant le rite de la préparation des dons, se lève à ce moment-là sauf s’il y a l’encensement des offrandes et de l’autel, car elle se lève quand le thuriféraire vient pour l’encenser après avoir encensé le célébrant principal et les prêtres qui vont concélébrer avec lui.
Sa structure est moins stricte que celle de l’oraison. C’est une simple adresse à Dieu. Le vocabulaire est : accepte, accueille, reçois, regarde, accorde, fais que Certaines semblent s’arrêter aux offrandes ; d’autres anticipent ; d’autres enfin demandent la sanctification des offrandes, appel à la puissance de Dieu. La formule de conclusion est toujours une formule brève du genre : « Par le Christ notre Seigneur Prière à laquelle l’assemblée répond « Amen ».
1) Vocabulaire : Eucharistie veut dire « action de grâce » « rendre grâce ». Il fut employé par St Justin. On a utilisé au cours de l’histoire d’autres termes tels que « eulogie » (louange, bénédiction) ; « anaphore » (dans le monde oriental, cela signifie l’élévation, l’offrande) ; « oratio » chez St Cyprien ; au Vème siècle, à Rome on parle de « canon actionis » (règle de l’Action, l’Action étant l’Eucharistie. Puis « Canon Missae » à partir du Concile de Trente (Missel de 1570). Après le concile du Vatican (1969-1970) on parlera de « Prières Eucharistiques »
2) Nombre : Dans la liturgie actuelle, il y a 4 Prières Eucharistiques. Il y a aussi des Prières spéciales : 3 pour les messes d’enfants, 2 pour les messes de la réconciliation, 1 avec 4 variantes pour les grands rassemblements. Il y a aussi des Prières « ad casum » pour des cas déterminés.
3) Célébrant et assemblée : Dans la Tradition de l’Eglise, dans tous les rites, en Occident comme en Orient, la proclamation de la Prière Eucharistique est faite par un prêtre ordonné ; c’est par mandat du Seigneur et non de l’assemblée présente. « le prêtre invite le peuple à élever les cœurs vers le Seigneur dans la prière et l’action de grâce, et il se l’associe dans la prière qu’il adresse à Dieu le Père par Jésus-Christ dans l’Esprit Saint au nom de toute la communauté ... » (P.G.M.R.78) L’assemblée n’est pas passive ; en silence elle s’unit au prêtre par la foi et elle exprime son adhésion par les diverses interventions qui lui reviennent : Sanctus, Anamnèse, l’Amen du Per Ipsum qui lui est réservé et qui est le plus important de la messe.
4) Éléments de la Prière Eucharistique
1) l’action de grâce : s’exprime surtout dans le chant de la Préface. Le prêtre, au nom de tout le peuple saint, glorifie Dieu le Père et lui rend grâce pour toute l’œuvre du salut ou pour l’un de ses aspects particuliers, selon la diversité des jours, des fêtes ou des temps.
Elle commence par un dialogue par lequel le prêtre s’unit à l’assemblée et l’assemblée est invitée à participer activement. Le « sursum corda, (élevons notre cœur) » souligne le caractère spirituel de l’Eucharistie. « Habemus ad Domino » qu’il faut entendre par « in Christo » car tout est tourné dans le Christ, vers le Père. « Rendons grâce... » partie formelle de l’action de grâce. « Cela est juste et bon » exprime la communion de l’assemblée avec le prêtre qui va offrir. Cela sous-entend « d’accord, on rend grâce ».
Le chant de la Préface
Caractère : est comme un intermédiaire entre l’hymne et la prière, c’est solennel, surtout en grégorien. Il lui faut une déclamation, un certain lyrisme, un enthousiasme qui doit conduire à une joyeuse louange. C’est le chant du monde devant son Salut, devant ce qu’Il est, devant les œuvres de Dieu, devant ce que l’homme est appelé à être. C’est souvent biblique
Structure : prière d’action de grâce ; motif très général ou très particulier ; parfois les fruits du mystère célébré ; conclusion et transition au chant des anges qu’est le Sanctus ou « l’acclamation »
2) L’acclamation : Toute l’assemblée, s’unissant aux puissances d’en haut, chante le Sanctus. Cette acclamation, qui fait partie de la Prière Eucharistique, est prononcée par tout le peuple avec le prêtre. Elle est faite du texte d’Isaïe 6,3 en ajoutant « le ciel » et de St Matthieu 21,9 (rf. PS. 117,26).
Elle vient des liturgies synagogales. « Hosannah » voudrait dire « Sauve !, donne le Salut ! ». C’est une sorte de « Viva » ! St Cyrille de Jérusalem enseigne : « Nous répétons cette divine louange, venue des Séraphins, pour participer à l’hymne venue des armées célestes » (Catéchèses Mystagogiques 5,6).
C’est l’union de la Liturgie terrestre à la Liturgie céleste, à la Jérusalem céleste ; une louange au Père. Les Anges sont évoqués dans la Liturgie comme témoins de la Transcendance de Dieu, ils sont ce cortège exprimant sa Puissance. Il s’agit d’aider le chrétien devant ce mystère, d’amener l’assemblée à la réalité de la Présence, de la Grandeur et de la Sainteté de Dieu.
3) L’Epiclèse : C’est un appel à Dieu par lequel on implore la puissance de l’Esprit Saint, pour que les dons offerts par les hommes soient consacrés, c’est-à-dire deviennent le Corps et le Sang du Christ et pour que la victime sans tache, qui sera reçue dans la Communion, profite au salut de ceux qui vont y participer. Seul, Dieu, et non pas une puissance humaine, consacre et opère la conversion que le Concile de Trente a justement appelé « Transsubstantiation (conversion ou changement de substance) » qui change le pain et le vin en Corps et Sang du Christ. D’où il faut beaucoup de respect, car c’est une venue de Dieu. « Nous Te supplions de consacrer Toi-même les offrandes que nous apportons : Sanctifie-les par ton Esprit pour qu’elles deviennent le corps et le sang de ton Fils, Jésus-Christ, notre Seigneur... » (P.E./II).
4) Le récit de l’Institution et Consécration : Par les paroles et les actions du Christ s’accomplit le sacrifice que le Christ lui-même a institué à la dernière Cène lorsqu’Il offrit son Corps et son Sang sous les espèces du pain et du vin, les donna à manger et à boire aux Apôtres et leur laissa l’ordre de perpétuer mystère Le célébrant accomplit les gestes du Christ. « Après avoir invoqué la Puissance, maintenant ce sont les Paroles du Christ. Tout ce qu’on dit avant, louange de Dieu, prières pour le peuple etc. tout cela est parole du prêtre. Dès qu’on en vient à produire le Vénérable Sacrement...c’est la Parole du Christ. C’est la Parole du Christ qui produit le Sacrement » St Ambroise de Milan, De Sacramentis, 4,14. Le prêtre fait et dit ce que le Christ a fait et dit ; le prêtre agit « in Personna Christi Capitis ». En effet, il faut préciser, afin de ne pas oublier, qu’on ne célèbre pas d’abord pour rendre présent Jésus mais pour offrir d’abord le Sacrifice pour notre salut.
5) Anamnèse de l’assemblée : Du grec ana (vers le haut) et mnesis (action de se souvenir). Le Mystère de la Foi qui contient toute l’œuvre divine du Salut. L’anamnèse consiste au souvenir de cet acte de Dieu qui s’offre pour notre salut. L’assemblée s’adresse au Christ et se souvient de sa mort, sa résurrection dans l’attente de sa venue dans la Gloire. Normalement, l’assemblée est debout pendant la Prière Eucharistique qui s’adresse au Père sauf de l’épiclèse jusqu’à l’anamnèse de l’assemblée ou elle est normalement à genoux si les lieux et les aptitudes physiques le permettent. Cette même anamnèse s’adresse au Christ. L’assemblée se met à genoux en adoration du Christ Jésus qui descend sur l’autel et s’offre au Père. L’assemblée s’adresse donc aussi au Christ. Geste et parole procédant de l’assemblée ont le même destinataire. Le prêtre normalement ne dit pas cette anamnèse puisqu’il dit celle du célébrant.
6) Anamnèse du célébrant.
Mémorial et Offrande : Une prière. Une action. Un même mouvement unissant deux éléments : « Faisant mémoire », « nous présentons », « nous offrons ». L’Eglise offre le Sacrifice dont Elle garde le mémorial.
Mémorial : « Nous célébrons aujourd’hui le mémorial de notre Rédemption » (P.E. IV).
7) Les intercessions : L’Eucharistie est toujours offerte en union avec toute l’Eglise, celle du Ciel (d’où la mention des Saints), celle de la terre (mémoire des vivants), et celle du Purgatoire (mémoire des défunts). Rappelons que c’est toute l’Eglise qui s’offre et qui offre l’Epoux, c’est toute l’Eglise qui célèbre. Au mémento de l’Eglise on nomme le Pape et l’Evêque du lieu où on célèbre en citant leur prénom. « Là où est l’Evêque, là est l’Eglise ; là où est Pierre, là est l’Eglise ; là où est l’Eglise, là est le Christ ; là où est le Christ, là est Dieu ! » St Ambroise de Milan (IVème siècle). Quand un prêtre n’est pas dans son diocèse, il ajoute dans son cœur le prénom de son évêque. Les moines citent le nom de leur Abbé.
8) La Doxologie : Doxa qui signifie « gloire » et « logos » qui signifie « parole ». La Doxologie est donc une « parole de gloire », c’est-à-dire une formule célébrant la gloire de Dieu. C’est par le Christ que s’opère dans l’Eucharistie la glorification de Dieu et la sanctification des hommes. C’est par Lui que l’Eglise fait monter sa louange vers le Père. La Doxologie exprime l’action de grâces pour les dons reçus et leur rentrée vers Dieu. Elle souligne la médiation du Christ dans la Sainte Eglise. Dans la concélébration, elle est dite soit par le célébrant principal, soit par tous les prêtres concélébrant. L’usage de la faire dire par toute l’assemblée est proscrit car dévalorise l’ « Amen » qui suit. On élève la patène sans faire de monstrance (on ne montre pas l’hostie) et le calice.
L’Amen : St Jérôme, dans son commentaire de l’épître aux Galates dit qu’il retentit comme un coup de tonnerre I Il porte sur la Prière Eucharistique tout entière ; c’est le plus solennel de la Liturgie eucharistique ; est le plus important de tous ceux de la Messe ! C’est à l’assemblée et non pas aux prêtres qu’il revient de le proclamer. L’assemblée exprime ainsi son consentement pour tout ce qui s’est fait et dit.
Par une monition, le célébrant principal invite chacun à prier ensemble, selon ce qu’a dit et enseigné Jésus, le Notre Père. Il rappelle que cette prière a été donnée par le Seigneur Jésus. C’est pourquoi, elle s’appelle « Oraison dominicale ». Une monition implique que le célébrant peut adapter des mots suivant les circonstances mais il ne peut pas en varier le sens ou les gestes. Dans l’Evangile quand Jésus enseigne cette prière, Il nous donne un commandement : « Quand vous priez, dites : Notre Père... ».
Pendant la monition qu’il prononce, le prêtre garde les mains jointes. Il les étend pour la prière du Notre Père car il porte la prière de toute la communauté. L’assemblée comme les diacres ne doivent pas étendre les mains. Seuls les prêtres concélébrants avec le célébrant principal étendent les mains. Voici à ce sujet, ce que précise le Cérémonial des Evêques : « La doxologie de la prière eucharistique achevée, l’évêque, les mains jointes, dit la monition avant le Notre Père, que tous chantent ou disent ; l’évêque et les concélébrants étendent les mains. (C.E. 159) ». Une nouvelle mode est de demander à l’assemblée de se donner la main au motif que nous sommes tous frères. Voilà bien un non-sens car le fait de se donner la main est un geste fraternel adressé à un frère, le problème c’est que ma parole ne s’adresse pas à un frère mais à Notre Père du Ciel.
Le mot grec embolismos vient de em-ba//ein qui veut dire « mettre dans » ou « placer entre » En liturgie, l’embolisme est une prière qu’on intercale entre deux autres ; ce mot est pratiquement réservé à la prière qui suit le Pater. Elle est comme un développement de la dernière demande du Pater : « Délivre-nous de tout mal, Seigneur ... ». A la fin de cet embolisme on dit ou chante la doxologie, « car c’est à toi ... ».
Cet embolisme paraît bien être une transition entre l’oraison dominicale et le rite de la paix.
Le rite de la paix s’ouvre par une prière pour la paix et l’unité. Elle est adressée au Seigneur Jésus. L’Eglise, dans cette prière semble vouloir prendre son Seigneur par les sentiments puisqu’Elle Lui rappelle ses propres paroles aux apôtres : « Seigneur Jésus Christ, Tu as dit à tes apôtres : Je vous laisse la Paix, Je vous donne ma Paix ».
« Ne regarde pas nos péchés, mais la Foi de ton Eglise. » Il y a un vrai bonheur à se reconnaître pécheur devant l’agneau qui enlève le péché du monde : c’est l’humble tendresse du pauvre devant son sauveur. « Ainsi apaiserons-nous devant lui notre cœur, si notre cœur venait à nous condamner, car Dieu est plus grand que notre cœur et il connaît tout. » 1 Jn 3, 19-20.
Dans une très belle prière, le prêtre a demandé au Christ Jésus le don de sa paix. Il peut alors la souhaiter en son nom à toute l’assemblée : Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous ».
Vient alors, si cela semble opportun, le baiser de paix, après l’invitation du diacre ou, à son défaut, du prêtre : « Frères, dans la charité du Christ, donnez-vous la paix. » C’est une monition qui peut donc très bien être adaptée en en gardant toujours le sens.
Le baiser de paix est un geste sacré, qui ne se réduit pas à une simple poignée de mains banalisée ni forcée. « Si cela est opportun, le diacre ou à son défaut le prêtre dit encore par exemple : Frères, dans la charité du Christ, donnez-vous la paix. Et tous échangent le signe de la paix... Il convient cependant que chacun souhaite la paix de manière sobre et uniquement à ceux qui l’entourent ». Il ne s’agit pas d’un bonjour de plus ou d’une poignée de mains supplémentaire ; Il serait bon de trouver un geste spécifique, comme celui d’ouvrir les deux mains, pour qui reçoit la paix, et celui de poser les deux mains sur celles de ce dernier pour qui la donne. Assurément, les proches peuvent s’embrasser, mais une certaine retenue reste de mise, qu’un juste sens du sacré saura inspirer ! Il n’est donc pas question de traverser la nef et de faire du serre-main à tout le monde et de discuter sur ceci ou cela. La parole qui semble adaptée est : « La paix du Christ ! » Qui veut dire : « Je souhaite que la paix du Christ règne dans votre cœur ! ».
Voici le premier nom de la messe ! Pendant que l’on chante ou dit l’Agneau de Dieu, le prêtre prend l’hostie du célébrant et la rompt en deux. Puis il prend la partie de gauche et en fractionne une petite partie qu’il met dans le calice rappelant l’Eglise de la terre qui se plonge dans son Seigneur. La consécration du corps et du sang en deux temps successifs rappelle la mort de Jésus ; le mélange du corps et du sang figure sa Résurrection, (Concile de Trente 13,3 ; 21,3). Dans la forme ordinaire de la messe on ne se bât pas la coulpe comme on le fait dans la forme extraordinaire (la messe dite de St Pie V). Il est bon de veiller à la troisième invocation, celle de la paix, à avoir un sourire ; c’est un plaisir de savoir que Jésus veut nous donner sa paix ! Le chant de l’Agneau de Dieu accompagne la fraction, il doit donc durer le temps que dure la fraction.
Après avoir dit à voix basse la prière de préparation à sa communion et après avoir fait la génuflexion, le prêtre prend le Corps du Christ et le tenant éventuellement au-dessus du calice ou au-dessus de la patène, en élevant les deux, montre à l’assemblée Jésus en le désignant « Heureux les invités au repas du Seigneur » « Voici l’Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». La réponse de l’assemblée est celle du centurion s’estimant indigne de recevoir chez lui Jésus qui voulait guérir son serviteur. Nous sommes ces serviteurs que Jésus veut guérir.
La communion est union à Dieu. Jésus se donne à nous pour s’unir à nous ; nous nous approchons de Lui pour nous unir à Lui afin que tous nous soyons Un avec Lui et par Lui, Un avec le Père Eternel. Communier au Corps sacramentel de Jésus, impose d’être en communion avec le Corps mystique qu’est l’Eglise y compris dans sa hiérarchie ! Jésus se donne tout entier, corps, sang, âme et divinité, Nous devons aller à Lui, tout entier, corps, esprit et cœur. Le désir de Jésus est de demeurer en nous afin que nous vivions de cet amour qu’Il a exprimé en S’offrant sur la croix en rémission des péchés et pour la vie éternelle de ceux qui Le recevront. C’est pourquoi, nous devons toujours communier avec foi, c’est le Corps du Christ ; avec respect, c’est Jésus qui S’offre à nous ; avec amour, c’est un sacrifice d’amour ; avec dévotion, c’est notre Dieu. Aussi devez-vous répondre à haute voix : Amen I Cet Amen qui veut dire je le tiens pour vrai et je le crois. Cet Amen était prononcé par le communiant dans les premiers temps de l’Eglise. Dans la forme extraordinaire, c’est le prêtre qui le dit à la fin de la phrase : « Que le Corps de notre Seigneur Jésus Christ garde votre âme pour la vie éternelle, amen » Tout en disant cela, le prêtre fait un signe de croix au-dessus du ciboire. Dans la forme actuelle, il n’y a plus ce signe de croix et la formule est celle des premiers temps.
Le mode de réception de l’hostie consacrée pour les fidèles est soit sur la langue, soit dans la main. Ce mode a été concédé en 1969 par l’Instruction « Memoriale Domini » de la Congrégation du Culte Divin et non par le Concile. Il est à noter que l’enquête diligentée par le Siège
Apostolique auprès des Evêques du monde pour savoir ce qu’ils pensaient d’une telle concession a reçu une majorité de réponses négatives. Ce mode ancien dont on retrouve les traces dans les catéchèses de St Cyril de Jérusalem (IVème s.) montre une fois encore combien la liturgie actuelle a repris des formes antiques de célébration.
Après la communion, pendant que le prêtre purifie les vases sacrés, il est bon de garder un bon temps silencieux pour remercier Dieu dans son cœur pour les bienfaits avec lesquels Il vient de nous combler. Le prêtre, à voix basse, prononce cette phrase édifiante : Puissions-nous accueillir d’un Cœur pur ce que notre bouche a reçu, et trouver dans cette communion d’ici-bas la guérison pour la vie éternelle ».
C’est la dernière prière de la messe. Elle rassemble toutes les prières d’actions de grâce et conclue le rite de communion. Si le rite de bénédiction est selon la formule simple, le prêtre referme le missel pour signifier que ce temps intime qui unit le Ciel à la Terre prend fin. La formule de conclusion est brève, du genre « Par le Christ notre Seigneur ».
Tout comme Jésus avant son Ascension le prêtre lève les mains sur l’assemblée et la bénit avec le signe de croix sur l’assemblée aussi et auquel l’assemblée s’associe en se signant. Par humilité l’assemblée est invitée à s’incliner pour accueillir et se laisser couvrir de la bénédiction comme si elle voulait se tenir et se garder à son ombre imitant la bien aimée du Cantique des cantiques qui se réjouit en proclamant « A son ombre désirée, Je me suis assise » (Ct 2,3).
L’envoi est fait par le diacre auquel répond l’assemblée. En français, nous disons « Allez dans la paix du Christ » ; il est donc inutile de souhaiter ensuite un bon dimanche ou une bonne semaine à l’assemblée, même si ce souhait lui est agréable. Partir dans la paix du Christ est largement suffisant et totalement bénéfique à chacun, puisque c’est un don de Dieu ! C’est pourquoi l’assemblée répond qu’elle rend grâce à Dieu.
Références aux ouvrages de liturgie autorisés :
de Monseigneur Le Gall,
de Monseigneur Martimort,
du Magistère de l’Eglise
sans oublier la Présentation Générale
du Missel Romain (PGMR).
Dépouillés de l’aspect plus communautaire et solennel lié au dimanche, les offices quotidiens permettent de revenir à l’essentiel : l’Eucharistie et la parole de Dieu.
Nailloux - Baziège - Montgiscard - Villefranche