Pour une participation « pleine, consciente et active » des fidèles, qu’encourage le concile Vatican II, aux célébrations liturgiques, il convient de répandre largement l’intelligence des rites sacrés et des textes les plus communs, en particulier ceux de la messe. C’est pourquoi, nous proposerons un commentaire de l’Ordinaire de la messe en vue de mieux permettre une participation plus consciente et plus active à l’Action par excellence qu’est la célébration du chef-d’œuvre de l’Amour Divin, révélé et réalisé dans le Sacrifice du Christ.
Pour ce faire, nous nous référerons aux ouvrages de liturgie autorisés :
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Sommaire
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Du latin « introitus » : « entrée, action d’entrer », il évoque d’abord la procession d’entrée de la messe. Les fidèles assemblés dans l’Eglise attendent le prêtre et ses ministres en exécutant un chant d’entrée, expressif à la fois de l’unité des voix et des chœurs, et de la tonalité du jour.
Le prêtre (ou l’évêque) et l’assemblée sont les protagonistes essentiels de l’acte sacré par excellence qu’est le sacrifice eucharistique. Les chrétiens réunis dans une église ne constitue d’aucune façon la réunion d’une quelconque association, ce ne sont pas les fidèles qui se réunissent d’eux-mêmes : Dieu les convoque, Dieu les rassemble. Avant même que le prêtre n’arrive, qui représente Dieu, la seule assemblée qui l’attend témoigne déjà de l’action divine.
Certes, on vient librement à la messe, mais notre décision d’y aller est en fait une réponse à un appel divin. Se rendre à l’église, c’est entendre l’invitation que Dieu nous adresse pour que nous entrions dans le mystère de l’Alliance. Quand l’assemblée attend le prêtre dans la joie du chant, elle est identifiée à l’épouse qui attend le représentant qualifié de son époux.
Quand une assemblée est unie à celui qui la préside au Nom et dans la Personne du Christ, elle constitue le signe vivant de l’Epouse adhérant à son Epoux, et, au-delà du Fils qui demeure dans le sein du Père en l’unité du Saint-Esprit.
Tel est le sens profond de l’accueil du célébrant par l’assemblée. On perçoit l’importance de l’union des voix qui exprime de manière extérieure l’union des cœurs qui chantent déjà leur louange au Seigneur. C’est pourquoi, il est important de laisser nos cœurs chanter en chœur, que tous participent au chant et, arrivent à l’heure pour ce faire…Tandis que l’assemblée fait donc ovation, pour ainsi dire, à son prêtre, qui représente le Christ, celui-ci gagne le sanctuaire, c’est-à-dire le lieu le plus sacré de l’église, où se trouve l’autel.
En dehors des attitudes d’adoration dues au Saint Sacrement (génuflexions), l’autel plus même que la croix a droit aux gestes de vénération de tous. Les fidèles expriment ce respect par une inclination profonde, comme les prêtres et les ministres, chaque fois qu’ils passent devant, ou qu’ils entrent dans le sanctuaire, ou quand ils le quittent après avoir rempli leur ministère (lecteur, psalmiste, procession des offrandes et quête, prière universelle, animation du chant, etc). Le célébrant, évêques, prêtres ou diacres, au début de la messe, vont baiser l’autel. Seul le célébrant principal refera ce geste à la fin de la messe. Aussi, car ils ont les mains consacrées, l’évêque et les prêtres posent les mains sur l’autel quand ils accomplissent ce geste du baiser de l’autel.
S’il le veut, le célébrant peut encenser l’autel, sa surface et son pourtour. Il va ensuite au lieu de la présidence (là où se trouve son siège) pour ouvrir la célébration par le signe de la croix que tous font avec lui. Seul le célébrant prononce les paroles et l’assemblée répond uniquement « Amen ». Le chant d’entrée s’arrête que lorsque le célébrant a rejoint son siège car c’est à ce moment-là que s’achève la procession d’entrée que le chant accompagne.
Après le signe de la croix fait par tous mais prononcé par l’Evêque ou le prêtre célébrant et auquel l’assemblée a répondu « Amen », le signe par lequel toute l’assemblée s’est reconnue et a manifesté sa foi,, le célébrant salue les fidèles par le plus beau souhait que l’on puisse faire à des chrétiens.
Plusieurs formules sont proposées par le Missel Romain : la plus brève : « Le Seigneur soit avec vous » (l’Evêque peut dire « La Paix soit avec vous »), souhaite que le Seigneur fasse en chacun sa demeure. La réponse de l’assemblée : « Et avec votre esprit » exprime le désir de l’assemblée que l’esprit, qui représente la grâce de l’Esprit-Saint reçu par le ministre sacré au jour de son ordination, accompagne ce même ministre tout au long de la célébration qu’il préside.
Le geste du prêtre qui ouvre largement les bras et les mains, signifie et opère le don de la présence divine. Ce simple dialogue est révélateur de ce qu’est la liturgie : Dieu se donne par l’intermédiaire de ses ministres, et à ce don répond la foi du peuple.
Pour profiter de la Parole de Dieu qui va nous être transmise et du sacrifice eucharistique qui nous sauve, il importe au préalable que nous reconnaissions en avoir besoin. Le célébrant peut introduire cette invitation à la pénitence par une monition. Une monition veut dire que l’on peut adopter la formule proposée ; elle se reconnaît car on précise la formule avec l’expression « par exemple ». Quelques instants de silence seront profitables pour laisser chacun examiner quelque peu sa conscience.
Quatre formules sont possibles : le « je confesse » ; les deux versets tirés de l’Ecriture ; le Kyrie développé, et l’aspersion de l’eau bénite.
par lequel tous se reconnaissent pêcheurs devant Dieu, les autres, la Vierge Marie, les anges et les saints. Il est significatif que le « je confesse » nous fasse demander la prière des autres : solidaires dans le péché, nous le sommes aussi dans la sainteté, même fort imparfaite ; c’est le dogme de la communion des saints ! En « Dieu tout puissant » il faut entendre « tout puissant d’amour » ce qui veut dire qu’on confesse avant tout l’amour de Dieu dont on sait qu’il est pardon. Aux paroles « Oui j’ai vraiment péché », l’Eglise précise que chacun se frappe la poitrine (une fois). C’est le seul endroit de toute la messe où ce geste doit être fait par tous. Nous n’avons donc plus à le faire à l’« Agneau de Dieu » ni au « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir » avant la communion !
Le célébrant conclut par une formule d’absolution : « Que Dieu tout puissant nous fasse miséricorde… ». Cette formule d’absolution n’est pas sacramentelle, c’est-à-dire qu’elle n’opère pas d’elle-même le pardon des péchés, comme le réalise celle du sacrement de pénitence. Elle implore le pardon plutôt qu’elle ne l’effectue. Il ne convient pas de faire à ce moment-là un signe de croix qui n’est pas prévu par l’Eglise. On prendrait, me semble-t-il, le risque d’une ambiguïté dommageable qui pourrait laisser penser ou croire que cette formule d’absolution serait de la même valeur que celle du sacrement de pénitence.
A la place du « Je confesse » une première possibilité, empruntée, dans sa formule, à des phrases de la Bible, nous est offerte. A une forme de supplication adressée à Dieu l’assemblée répond comme pour justifier cette invocation. « Seigneur, accorde-nous ton pardon » (Ps 122) « Nous avons pêché contre Toi » (Jn 14,20) poursuit l’assemblée. « Montre-nous ta miséricorde » (Ps 84) continue le célébrant ou le chantre « Et nous serons sauvés ! » (ib.) conclue l’assemblée. Ces versets bibliques peuvent être dits ou chantés.
C’est une autre forme d’acte pénitentiel qui est proposée. C’est un développement du kyrie (et qui en tient lieu) qui s’adresse toujours au Christ même s’il y est fait mention des trois Personnes trinitaires. Le kyrie s’adresse au Christ. Habituellement les invocations « Prends pitié » ou « Seigneur, prends pitié » ou encore « prends pitié de nous » se font deux fois. La mélodie peut parfois demander que ce soit davantage, notamment des mélodies grégoriennes.
Après ces deux formules, versets bibliques ou kyrie développé, est prononcée par le célébrant la formule sacramentale : « Que Dieu tout-puissant nous fasse miséricorde… » comme pour le « Je confesse ».
Seulement aux messes dominicales (c’est-à-dire pas en semaine !), le rite de la bénédiction de l’eau et l’aspersion peut tenir lieu de la préparation pénitentielle. Il constitue la reprise d’un rite de la Vigile pascale et se veut être un rappel de notre baptême. Après avoir salué l’assemblée, le célébrant l’invite à prier quelques instants en silence, puis il bénit l’eau en utilisant l’une des formules prévues dans le Missel. L’une de celles-ci est propre au Temps pascal.
Cette bénédiction de l’eau peut être suivie de la bénédiction du sel (toujours facultative) conformément à une antique tradition. Le sel entrait dans la composition des offrandes liturgiques dans l’Ancienne Alliance. Dans l’Evangile, le Seigneur compare ses disciples au sel : leur rôle est de répandre le goût de Dieu dans le monde, ce qui suppose qu’ils ne s’affadissent pas (Mt 5,13) ! Le sel ne trouve sa place dans la liturgie que dans le rite de la bénédiction de l’eau. Pour le bénir, avant de le mélanger à l’eau, le prêtre prononce une formule qui fait allusion à un épisode du cycle du prophète Elisée assainissant les eaux pour le sel (2 R2, 19-22) : le sel mêlé à l’eau est le symbole de la puissance vivifiante de l’Esprit de sagesse.
Quand il a mis le sel béni dans l’eau bénite, le prêtre, assisté d’un ministre portant le bénitier reçoit le goupillon (ou aspersion), se signe le front et procède à l’aspersion de l’assemblée, en circulant dans l’église tandis que l’on chante un cantique approprié. Pour l’aspersion, le prêtre peut aussi utiliser un rameau de buis ou un petit faisceau de feuillages. L’aspersion terminée, le prêtre revient à son siège et prononce la prière qui conclue ce rite d’aspersion dont la formule se trouve dans le Missel.
Les processions
Au 2 février comme au dimanche des Rameaux, la bénédiction des cierges et des rameaux et la procession qui suit cette bénédiction tiennent lieu de rite pénitentiel.
Après l’acte pénitentiel et le Kyrie, éventuellement après l’aspersion, le célébrant entonne le Gloria : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux ». On le chante, ou on le récite tous les dimanche – sauf en Avent ou en Carême – à chaque Solennités et Fêtes.
C’est un chant de louange, plutôt un hymne de louange, trinitaire qui chante, qui loue successivement le « Seigneur Dieu, Roi du Ciel, Dieu le Père tout-Puissant », le « Seigneur, Fils unique, Jésus-Christ, Agneau de Dieu, le Fils du Père », « avec le Saint-Esprit dans la Gloire de Dieu le Père ». Venu du Père, la Gloire, qui est un des noms de la vie divine, débord sur le Fils qui est le « resplendissement de la gloire du Père » (He 1, 3), dans celui que Saint Pierre appelle « l’Esprit de Gloire » (1P 4, 14).
Dans la liturgie, l’assemblée reçoit communication de la Gloire du Père par le Fils et dans l’Esprit ; comme le Fils, et grâce à l’Esprit du fils, elle « rend gloire », elle répète « Gloria » !
Ses paroles sont précises ; il convient de les respecter et de ne pas choisir un chant avec d’autres paroles même approchantes !
Il ne s’agit pas de la quête mais de la première des trois oraisons de la messe. Elle porte ce nom parce qu’elle « collecte » et réunit les diverses demandes des fidèles dans une seule prière ; c’est le rôle du célébrant principal de présenter à Dieu, au nom de la communauté rassemblée, le condensé de la prière de tous.
Pour mieux marquer la fonction de la collecte, qui conclut les rites initiaux de la messe, il est recommandé de ne la prononcer, après l’incitation d’usage « Prions le Seigneur », qu’après un petit temps de silence pendant lequel chacun peut formuler intérieurement ses demandes, avant que le célébrant ne les rassemble en une seule gerbe. La formule de conclusion : « Par Jésus-Christ » ou « Lui (Jésus) qui règne en Toi… » rappelle l’enseignement de Jésus qui nous assure que « tout ce que vous demanderez au Père en mon Nom, Il vous l’accordera ». A la fin de la collecte, comme pour toutes les oraisons, l’assemblée ratifie par l’ « Amen » les paroles du célébrant.
L’acclamation « Amen » exprime l’assentiment. Dire (ou chanter) « Amen » c’est consentir à ce qui vient d’être dit ou fait. Dans la liturgie, l’Amen est l’acte de consentement du Peuple à l’Œuvre de Dieu, telle que les ministres l’exercent ; il est aussi son acte d’adhésion aux prières faites en son nom par le célébrant. On ne saurait trop donner d’importance à ces « Amen » qui sont une des principales manières, pour l’assemblée, d’exprimer sa participation pleine, consciente et active à ce que Dieu fait pour elle et avec elle par ses ministres ordonnés.
Les rites initiaux de la messe s’achèvent avec l’ « Amen » de la Prière d’Ouverture (ou collecte) : il signifie que l’assemblée est prête à recevoir les dons de Dieu le Père par le Fils et dans l’Esprit que lui apporteront la liturgie de la Parole et la liturgie eucharistique ; elle les fera pleinement siens dans la communion.
Jusque-là, l’assemblée était debout ; elle peut s’asseoir pour écouter des lectures jusqu’à l’acclamation de l’Evangile.
Bibliographie :
PGMR ; Cérémonial des Evêques ; La messe au fil de ses rites - Dom Robert Le Gall ; Dictionnaire de liturgie (ib)
Dépouillés de l’aspect plus communautaire et solennel lié au dimanche, les offices quotidiens permettent de revenir à l’essentiel : l’Eucharistie et la parole de Dieu.
Nailloux - Baziège - Montgiscard - Villefranche