Le synode 2023 : une authentique aventure spirituelle !

par Jean-Michel Castaing, auteur

Le synode 2023 : une authentique aventure spirituelle !

En octobre 2023, le pape François convoquera un synode des évêques à Rome sur le thème « Pour une Eglise synodale : communion, participation et mission ». Un synode est une institution qui réunit régulièrement des évêques délégués, élus ou nommés qui assistent le pape dans le gouvernement de l’Église sur un point précis. En France, l’ombre du rapport accablant de la commission Sauvé sur les violences sexuelles planera sur cet événement ecclésial.

 

Revenir à la racine de la synodalité

Le but du synode de 2023 est de revenir à la racine de la synodalité. En latin « synode » signifie « marcher ensemble ». Ainsi, une Église qui fonctionne selon ce principe est une Église qui avance en ne laissant personne de côté mais en recueillant au contraire les avis et les expériences de tous. Voilà pourquoi la démarche synodale n’est pas seulement l’affaire de la hiérarchie mais de tout le peuple de Dieu. Dans cette marche en avant de l’Église, il s’agit d’impliquer le plus de monde possible. En cela, la méthode de la commission Sauvé qui n’a pas hésité à donner la parole aux victimes d’abus sexuels, est un exemple à suivre

 

Un maître-mot : l’écoute

Marcher ensemble implique que nous nous écoutions les uns les autres. Même si elle est une dans son être profond, l’Église reste toutefois plurielle dans ses membres. Cette diversité est une force – à condition pour cela de ne négliger aucune expérience vécue en son sein. À cette fin, des réunions de groupe sont proposées pour que chacun participe à la démarche synodale. Ces réunions seront des espaces de paroles où tous les baptisés seront appelés à s’exprimer. Il conviendra surtout d’écouter ceux qui ne sont pas habitués à parler en public. Dieu parle partout et toujours, surtout par la bouche des malhabiles. Ni Paul ni Moïse n’étaient des maîtres en art oratoire !

Car écouter les autres ne va pas toujours de soi. C’est pourtant à cet effort que les baptisés doivent s’astreindre pour marcher ensemble. Toutefois, l’écoute ne concernera pas seulement nos coreligionnaires, mais aussi la Parole de Dieu et l’Esprit Saint. L’épisode des pèlerins d’Emmaüs est à cet égard paradigmatique. Dans cette scène d’évangile, tout le monde s’écoute : Jésus prête l’oreille aux déceptions de ses disciples qui ne le reconnaissent pas, et ceux-ci sont attentifs à ce que le voyageur inconnu leur dit au sujet du sort du Messie et des Écritures. Pareillement, les baptisés doivent rester à l’affût des paroles de leurs coreligionnaires par lesquelles l’Esprit est susceptible de leur parler.

 

Une dynamique, non un audit d’experts

Dans cette perspective, la démarche synodale ne se fixe pas de buts particuliers. L’essentiel est de prendre l’habitude de se respecter les uns les autres et de faire route ensemble. Le piège serait de se contenter, en conclusion, de fixer des modalités contraignantes à ce « marcher ensemble ». Dans ce cas, l’Église ne ferait que se regarder elle-même dans son fonctionnement immanent et, inéluctablement, les experts et leurs « audits d’expertise » auraient le dernier mot. On retournerait alors à cette Église « autoréférentielle » que dénonçait le pape François au début de son pontificat.

Avec le Synode 2023, il s’agit plutôt d’enclencher une dynamique d’espérance, non de réfléchir prioritairement à des réformes de structures. Rester dans l’ignorance de ce qu’il résultera du synode, voilà la bonne disposition d’esprit pour accueillir ce que « l’Esprit dit aux Églises », selon l’heureuse expression de Jésus dans l’Apocalypse. À ce titre, la démarche synodale est une authentique aventure spirituelle ouverte à tous. 

Jean-Michel Castaing