L’Antiquité est une époque connue pour la mobilité des personnes. C’est l’apogée des routes commerciales dans le bassin méditerranéen, des grandes migrations, des guerres, etc. Nous connaissons grâce à saint Luc et aux écrits pauliniens, les voyages de saint Paul parti évangéliser le monde païen. Les évangiles de l’enfance du Christ évoquent quant à eux, les déplacements souvent risqués de la Sainte famille.
Lorsque Marie reçoit la nouvelle de la grossesse de sa cousine Elisabeth, elle se met en route pour la rejoindre malgré sa propre grossesse. Les évangiles se taisent au sujet des modalités de ce voyage. Joseph a-t-il suivi son épouse ?
Certains artistes comme Jean-Baptiste Despax au XVIIIe siècle, l’ont imaginé ainsi en composant leur tableau de la Visitation à Elisabeth. Alors que Marie et sa cousine se saluent, Zacharie attend discrètement sur le pas de la porte du logis. En retrait Joseph assiste à la scène, parfois on le voit porter encore son balluchon. Sur cette toile on le voit toujours en mouvement, le bâton à la main, les muscles des mollets tendus par une longue marche. Les anges dans le ciel se réjouissent de cette rencontre hors du commun.
De retour à Nazareth, Joseph doit prendre à nouveau la route avec Marie proche du terme de sa grossesse. César Auguste ordonne un recensement et chacun doit se rendre dans sa ville d’origine à cet effet. A nouveau, les évangiles restent muets sur les conditions de voyage du couple. Selon la Tradition, Marie chemine assise sur un âne ; la plus humble des montures pour le Seigneur de l’Univers qui restera, au travers des âges, l’attribut iconographique le plus fidèle de l’errance de la Sainte famille.
L’épisode de la Fuite en Egypte est certainement le plus douloureux pour la sainte Famille. Guidé par l’ange, Joseph et les siens fuient devant le danger. La scène reste toujours d’une grande sobriété : Marie avec son enfant est assise sur un âne que mène Joseph ; une famille toute simple qui fuit la persécution. Le pape François associe les migrants d’aujourd’hui à la sainte Famille : « La sainte Famille a dû affronter des problèmes concrets (en Egypte) comme toutes les autres familles, comme beaucoup de nos frères migrants qui encore aujourd’hui risquent leur vie (…) je crois que saint Joseph est vraiment un patron spécial pour tous ceux qui doivent laisser leur terre à cause des guerres, de la haine et de la misère. »
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Nous ne savons pas combien de temps Joseph et Marie sont restés en Egypte. La littérature apocryphe est très imaginative sur leur vie quotidienne et la tradition populaire évoque une rencontre sur le chemin du retour avec Jean-Baptiste.
L’enfant serait longtemps resté caché dans le désert ou dans une grotte dans la montagne, pour fuir la colère d’Hérode et, selon la légende, il offrait des fruits aux voyageurs de passage ; c’est ainsi que la rencontre se serait produite. Une belle histoire imaginaire que les artistes ont souvent repris à leur compte.
Ce vitrail de l’église d’Aucamville détaille avec soin la rencontre de Jésus au Temple avec les docteurs de la loi. Cette rencontre a lieu à l’occasion du pèlerinage annuel de Jésus et de ses parents ; un déplacement qui reste important encore aujourd’hui. Il n’y avait aucune raison pour que les artistes représentent Marie et Joseph à l’aller comme au retour de leur voyage ; l’important n’est pas là. On les imagine cheminant confiants parmi la foule des amis, des voisins, de la famille partis remplir leurs devoir de croyants ; l’âge de douze ans pour leur fils Jésus n’est pas anodin puisqu’il vient selon la coutume, de passer une étape dans son éducation religieuse. C’est au soir de leur première journée de marche vers Nazareth qu’il se rendent compte de la situation et repartent angoissés vers Jérusalem. Ils y retrouvent leur fils au Temple, en train de deviser d’égal à égal avec les docteurs de la Loi sous le regard stupéfait de ceux qui les écoutent. Sur cette image, on lit clairement le mélange d’angoisse et de soulagement sur le visage de Joseph, peut-être s’interroge-t-il sur une éventuelle réprimande ?
Marchant, le bâton de pèlerin (transmué en fleur de lys) à la main, est une représentation de saint Joseph devenue au fil des siècles une des plus populaires de l’imagerie religieuse occidentale. On le voit cheminant seul tenant son fils à la main ou avec Marie marchant d’un pas assuré. Un long chemin parcouru depuis l’art byzantin où il figurait assis à l’écart, en proie au doute, sur les icônes de la Nativité.
La Fuite en Egypte :
Jésus devant les docteurs de la Loi :