Edito mars 2020

Parce que je T’aime

« Vivre d’amour » était le maître mot de la petite Thérèse de l’Enfant Jésus. Nous pourrions garder pour notre carême, comme raison de prier, de nous priver et de partager, ces quatre mots qui titrent cet éditorial : « Parce que je T’aime » !

Notre prière, notre pénitence comme notre partage seront notre réponse au Seigneur qui nous dit par Isaïe : « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime » (Is 43,4). Jésus a prié le Père éternel pour chacun, Il a partagé avec nous et sa vie et son temps, Il a tout donné en se donnant Lui-même en sacrifice. Tout cela parce qu’Il nous aime ! Comment ne pas Lui répondre à notre tour qu’à son image, nous Le prions, nous nous privons et nous partageons de notre bien-être parce que nous L’aimons en nous-mêmes et dans nos frères.
Un premier effort pour que notre prière soit un peu plus prière de louange, d’action de grâces, de bénédictions et de remerciements et un peu moins prière de demandes, de réclamations ou de protestations. Comme Jésus qui, plusieurs fois a béni le Père (cf. Mt 11,25-26), Lui a rendu grâce (Jn 11,41) parce qu’Il aime le Père qui L’a aimé le premier (Jn 17), nous aussi bénissons-Le, adorons-Le, glorifions-Le !
Un deuxième effort dans l’offrande de petits, ou grands, sacrifices pour rejoindre un peu plus l’essentiel. Ce seront nos pénitences ! Nos privations trouveront grâce aux yeux du Seigneur si elles sont offertes par amour pour Lui, si elles Lui sont offertes en lui disant que nous le faisons « parce que nous L’aimons ». C’est ainsi que nous vivrons une plus grande et plus authentique communion avec Jésus dans l’offrande de son Sacrifice au Père pour le monde. Il n’a rien retenu, Il s’est livré tout entier en disant au Père « Fais de Moi, ce qu’il Te plaira ; Quoique Tu fasses je Te remercie ». Ce carême doit être notre montée vers le Golgotha avec Jésus. Nos sacrifices seront comme des petites marches que nous gravirons avec Jésus parce que nous L’aimons. Les fruits de nos sacrifices nous feront mieux participer au fruit du Sacrifice de Jésus qui en est sa victoire, à savoir la joie de la Résurrection.
Le troisième effort enfin, celui du partage par amour du Seigneur dans l’amour des frères. « Donne de ton pain à celui qui a faim » (Tob 4,16) ou « allez offrir du pain aux fugitifs » (Is 21,14) ! « J’avais faim et vous M’avez donné à manger ; j’étais un étranger et vous M’avez accueilli » (Mt 25,35). « Celui qui a de quoi vivre en ce monde, s’il voit son frère dans le besoin sans se laisser attendrir, comment l’amour de Dieu pourrait-il demeurer en lui ? » (1Jn 3,17). Notre opération de carême, cette année, au profit de nos frères réfugiés au Liban, dans la banlieue de Beyrouth, est une grâce ; celle de vivre de façon très concrète cette exhortation de saint Jean. Quel bonheur de savoir qu’il nous est proposé de laisser tout cet amour reçu de Dieu demeurer dans notre cœur. Dieu qui voit dans le secret, et qui connaît toute chose, nous le revaudra ! (cf. Mt 6,18).
Ainsi verra-t-Il que, comme la petite Thérèse, nous avons voulu, nous aussi, « Vivre d’Amour » parce que nous L’aimons !

 
Abbé Régis l’Huillier+, curé.