Peut-on faire deux célébrations de mariage ? Dans la religion de chacun ?

Cette question apparaît fréquemment. Elle reflète que le mariage inter-culturel - qui aujourd’hui se produit fréquemment - réunit 2 personnes, 2 familles de tradition culturelle et religieuse différente. Pourquoi pas dés lors additionner et réunir les 2 religions, soit si c’était possible dans la même célébration, soit séparément, avec 2 célébrations.

Une telle question ignore ce que sont les religions : elles ne sont pas que des composantes sociales et culturelles. Elles se définissent par des croyances qui ont de l’importance pour la vie, par des rites qui signifient ces croyances.

On ne peut unir et confondre 2 traditions religieuses :

- chaque religion a une conception du mariage

- chaque religion situe le mariage dans une vision de l’homme et de la vie

- chaque religion a une façon cohérente de mettre en œuvre ses rites et ses symboles 

le Judaïsme, le Christianisme, l’islam...chacune de ces religions - qui a forme communautaire, avec ce que cela comporte d’adhésion et d’appartenance, de confession de foi, de vision éthique - ne peut envisager un mélange. S’il y a certes des points communs, les identités sont spécifiques.

On ne peut à la fois et en même temps professer 2 religions. Il convient de ne pas confondre la tolérance et le respect des religions, le dialogue interreligieux lui-même avec le synchrétisme, approche qui s’approprie, dans un mélange réducteur, des apports spécifiques à plusieurs traditions religieuses, vidés de leur signification initiale.

Si un couple appartenant à 2 traditions religieuses peut vivre là une richesse, ce ne sera qu’au prix du respect et de la reconnaissance de ce qui fait l’expérience croyante de l’autre : chacun étant conduit à approfondir sa foi sous le regard et avec l’aide de l’autre, par l’accueil qu’il aura fait à l’autre, à ce qui fait sa vie et le fait vivre.

On ne peut - non plus - additionner 2 traditions, par des célébrations successives.

On ne double pas des célébrations, faisant le mariage selon le rite de chacune des traditions. On célèbre selon la vision et le rituel d’une religion. Il faut donc choisir. Dans le respect de l’autre.

ce choix demande à être réfléchi :

on n’oubliera pas que dans certaines religions le mariage n’est possible que si on se convertit (signes d’appartenance demandés) ; ce qui équivaut à un acte d’apostasie.

Pour nous chrétiens, on se souviendra qu’il n’est pas demandé à la partie non-chrétienne de renoncer à sa foi et d’adopter le christianisme.

On ne double pas les célébrations : car ce ne sont pas des rôles extérieurs et formels que l’on tient. Ce qui s’accomplit nous engage d’une manière ou d’une autre. La célébration est unique.On ne joue pas à être mariés.

Dans une action rituelle signifiante pour un groupe, le mariage se trouve là effectif -"maintenant et désormais"

Pour respecter la sensibilité de celui des époux qui appartient à une autre religion et de sa famille, l’Eglise peut en certains cas, permettre que la célébration catholique se déroule ailleurs que dans le bâtiment-église (un local paroissial, moins symboliquement marqué).

Elle peut même dans des cas particuliers et exceptionnels délivrer une dispense de forme canonique, c’est à dire dispenser la partie catholique qui épouse un non-chrétien de l’obligation qu’elle a de se marier devant l’Eglise (« se marier à l’église »). Cette dispense est soumise à des conditions concernant la partie catholique.