« Solitaires mais solidaires »

Dossier « Vie consacrée, à quoi bon ? »

« Solitaires mais solidaires »


Vie monastique

Depuis le début du christianisme, des hommes, des chercheurs de Dieu, se sont sentis appelés à tout quitter pour suivre le Christ. Dom Pierre-André, le père abbé des moines cisterciens de l’Abbaye Sainte-Marie-du-Désert, à Lévignac, est de ceux-là. Il nous éclaire sur la vie communautaire qu’il mène dans cette abbaye, établie sur un lieu de pèlerinage marial qui prit naissance au XIIe siècle.

 

Issu d’une famille chrétienne et pratiquante, Pierre-André a été marqué dès son enfance par le scoutisme, là où lui est peut-être né le goût de la vie en fraternité. Au cours de ses études supérieures de lettres et d’histoire, il a découvert la tradition médiévale, cistercienne notamment. « Venez et voyez » a dit Jean. Il a donc fréquenté l’abbaye pendant deux ans avant de faire cette « plongée  » à 24 ans, une « immersion », selon ses propres mots. Il s’ensuivit un temps de discernement et une intégration progressive dans la découverte de la vie fraternelle, de prière, « sept fois le jour j’ai chanté tes louanges  » (Ps 118,164), au contact avec la nature.

Depuis que le père Pierre-André a été élu père abbé par ses frères, il assume cette mission de guide, de pasteur, de médecin parfois, de compagnon de route assurément, à l’image du Christ pour les apôtres : par ce ministère, il se doit d’aider ses frères à vivre au mieux selon la règle de saint Benoît adoptée par l’Ordre. Car les moines cisterciens, dont le nom fait écho au monastère de Cîteaux, suivent cette riche doctrine spirituelle qui les nourrit et grâce à laquelle ils cherchent à construire la paix du cœur et la paix avec les autres. Contemplatifs, ils s’attachent à vivre tout particulièrement le silence, la solitude, la séparation du monde, la pauvreté et le travail manuel. Les vœux d’obéissance, de pauvreté et de chasteté qu’ils prononcent les conduisent, en dehors du temps, à une richesse intérieure, une stabilité.

Lorsqu’on l’interroge sur « l’utilité » d’une vie monastique, le père abbé répond très simplement qu’effectivement, vu du monde extérieur, cela ne sert à rien. Mais il s’empresse d’ajouter que c’est indispensable pour le monde : il y a urgence à se rappeler la nécessité du silence intérieur qui permet de prendre une juste distance par rapport au monde. « Aucune décision ne se prend jamais dans le bruit ! », nous dit-il. La clôture - Dom Pierre-André préfère parler d’ « enclos » - permet de devenir sensible au monde, d’être attentif à ce qui s’y vit et d’ainsi mieux prier pour lui. Il ajoute que la vie fraternelle en communauté est appelée à attester devant le monde qu’il est possible de « vivre en frères, tous ensemble  ».

Flamine Favret