Synode ? Vous avez dit synode ?

Texte du père Christian Teysseyre, responsable de l’équipe de pilotage chargée de l’accompagnement de la démarche synodale diocésaine

Synode ? Vous avez dit synode ?

Qu’est-ce qu’un synode ?


1- Le synode au fil des temps


Le mot « synode » appartient au vocabulaire catholique, serait-on tenté de penser. Certainement, mais pas seulement.

Des synodes d’évêques se sont tenus au long des âges, au niveau d’une province ecclésiastique, pour délibérer de questions touchant à la vie de l’Église. De même, des synodes diocésains ont rassemblé l’évêque et des représentants des prêtres de son diocèse pour définir ou reformuler des pratiques.
Mais ces synodes-là sont connus des historiens, davantage intéressés par les statuts édictés par ces synodes.

Certes, personne n’oublie que des synodes diocésains ont été réalisés dans les quarante dernières années. Ils ne concernaient plus seulement les prêtres et leur évêque, comme au temps du cardinal Saliège (et avant), mais l’ensemble du Peuple de Dieu.
Dans le diocèse de Toulouse, certains se souviennent de la longue marche initiée par Mgr Collini et du temps fort que ce synode a représenté dans l’histoire de notre diocèse de 1992 à 1993. Certains parmi nous en ont été des acteurs.

Par ailleurs, en 1965 lors du concile Vatican II, le pape Paul VI a institué le synode des évêques pour l’Église universelle (ou synode romain), réunissant régulièrement des évêques provenant du monde entier. Élus ou nommés par le pape, ils débattent ensemble d’une question pastorale.

On le voit, la synodalité a eu et a des formes institutionnelles variées pour dialoguer, écouter et entendre ce que l’Esprit dit aux Églises, entre :

- des évêques d’une même province,
- le pape et des évêques,
- l’évêque et ses prêtres,
- en dernier lieu, l’évêque et le peuple de Dieu d’une Église particulière, autrement dit d’un diocèse.

 

Aujourd’hui, existe-t-il d’autres modalités
de pratique synodale ?

Il en existe dans les lieux de conseils (paroissial, de doyenné, diocésain), mais aussi dans tous ces lieux qui fourmillent, sans que nous y prêtions attention, prenant corps dans nos rencontres ecclésiales où l’on s’écoute les uns les autres pour accueillir ce que Dieu suscite, et s’en réjouir.
Quelles seront les autres modalités qui nous seront donnés à vivre demain ?

 

2- Les autres Églises chrétiennes ont aussi des instances synodales

L’Église orthodoxe a ses Saints Synodes. Les Églises protestantes ont aussi des synodes nationaux et régionaux. Chacune de ces Églises met en œuvre des procédures et modalités de synodalité propres à sa tradition ecclésiale et à sa compréhension de ce qu’est l’Église du Christ. Tous ont une conscience que la communauté ecclésiale se reçoit de Dieu dans et par l’écoute mutuelle.
Comme délégué diocésain à l’œcuménisme, je garde le souvenir d’un synode régional que nos frères protestants avaient tenu à Saint-Gaudens en 2003 auquel j’avais assisté comme invité, représentant de l’Église catholique.

 

3- L’Église en chemin

Avant d’être une instance, un lieu institutionnel, le synode, la synodalité disent quelque chose du mystère de l’Église, comme communion en Christ. Celle-ci est animée et conduite par l’Esprit pour qu’au terme de son pèlerinage sur la terre, elle manifeste le rassemblement de tous les hommes dans l’Amour du Père, et pour sa gloire.

Le synode étymologiquement renvoie au chemin que l’on prend et parcourt ensemble.
Il s’agit de faire route ensemble avec le Christ, devenant ses disciples. Cela signifie, tout à la fois, l’Église en chemin et la façon de vivre ensemble ce chemin dans une écoute mutuelle, attentive à ce que l’Esprit suscite. Ainsi, nous devenons ensemble, en ce temps, l’Église, Corps du Christ, membres du même corps, frères les uns des autres.

 

4 – En marche !

Nous savons bien que les mots courent toujours de grands risques, celui d’être vides de sens, de ne rien donner à entendre, de s’user par habitude, par lassitude, par répétition, parce que les modes de penser et de parler se succèdent et que le cœur n’y est pas.
Il nous appartient de ne pas en rester aux mots ou aux formes d’instances connues.
Nous sommes conduits plus loin. Où ? Comment ? Qui le sait ?
Ne nous laissons pas paralyser par doute ou le soupçon. Courons le risque d’aller !

Le pape François a eu cette audace en voulant qu’une démarche synodale, bien brève, précède la tenue du synode des évêques à Rome en 2023. Il ne s’agit plus d’enjeux pastoraux comme précédemment lors du synode sur la famille ou sur les jeunes. Il porte sur des enjeux qui affectent l’Église elle-même dans sa réalisation concrète dans l’histoire des hommes, aujourd’hui.

 

5- Les temps sont favorables…

On pourra se demander : est-ce le bon moment ?
C’est ce que Dieu nous donne aujourd’hui, à travers la décision du pape François.
Sachons l’accueillir avec foi, dans la joie et l’espérance. Prenons le temps. Voici le temps ! Voici le temps de vivre en grâce avec nos frères.
Mettons-nous en route.

Que ce que nous proclamons dans la Prière eucharistique trouve son exaucement : « Maintenant, nous te supplions, Seigneur : affermis la foi et la charité de ton Église au long de son chemin sur la terre  ».

 

Chanoine Christian Teysseyre
Avec Michèle Maraval,
responsables de l’équipe chargée d’accompagner la démarche synodale.

 

 


Actualité publiée le 6 septembre 2021