Présentes sur cinq continents les petites sœurs de Jésus désirent apporter un peu d’humanité là où on souffre, à travers des services ou une simple présence. Leur maître mot est l’unité.
Toute jeune, Emma a eu en elle une petite voix qu’elle repoussait toujours, comme une petite flamme, une pensée, une sorte de désir… Puis la vie a suivi son cours et ce n’est qu’au terme de son premier contrat de travail qu’elle a osé l’écouter. Après un premier contact dans la vie religieuse peu concluant, elle rencontre les petites sœurs de Jésus : en les voyant vivre, elle se sent en paix. Sans plus se poser de questions, elle rejoint la fraternité pour devenir petite sœur Emma-Thérèse. « Le Christ apporte la paix et le bonheur, plus je vieillis et plus je m’en aperçois. Cela n’enlève pas les difficultés ! » nous explique-t-elle, avec un regard qui n’a pourtant rien perdu de sa jeunesse.
Les petites sœurs, comme on les appelle, vivent la vie du monde, rejoignent les personnes dans leur quotidien, leur famille, leur travail… « J’aime beaucoup rencontrer les gens, ils ont leurs difficultés, leurs joies, et quelque chose de leur vie passe par nous dans la prière. » Le cœur de sa vocation est là. Elle évoque par exemple le souvenir d’un couple attendant une greffe pour leur fils. « On a porté ça avec eux, ça a réussi. Depuis, je les garde dans mon cœur. »
Marianna déteste l’école et décide un jour… d’être malade. Pour occuper son temps, elle se met à lire la vie du frère Charles de Foucauld : c’est pour elle une révélation. À 12 ans, grâce au frère Charles, Marianna comprend que la vie peut être belle et utile malgré les difficultés : « Il n’a connu qu’une succession d’échecs et pourtant, quelque chose de bon est sorti de sa vie, peut-être que pour moi aussi c’est possible. » À la fin de ce livre, une phrase retient son attention : « Aujourd’hui, vivent dans l’esprit du frère Charles, les petits frères et petites sœurs de Jésus. ». C’est quelques années plus tard, à Rome, qu’elle rencontre les petites sœurs de Jésus et choisit d’y entrer. « Quand on trouve, on le sent ».
Les petites sœurs de Jésus ont toutes un travail afin de faire vivre la fraternité et être au plus proche des personnes. Elles peuvent être femme de ménage, aide cuisinière… Il s’agit toujours d’un travail simple, et sont ainsi au plus près de ceux qui se sentent en marge. « J’ai vécu beaucoup de choses avec mes collègues, des réconciliations… c’est une vraie richesse ». « On partage la vie des autres, même en faisant les courses ou dans les moyens de transport. » Petite sœur Marianna nous raconte alors sa récente rencontre avec une jeune fille voilée dans le métro qui, après un échange de sourires, lui dit : « Mes parents ne sont pas croyants et je cherchais Dieu… et toi, pourquoi es-tu sœur ? » « Parce que j’aime Dieu. » lui répond-elle.
« La vie religieuse est un don de l’Esprit à l’Église pour le monde » affirme petite sœur Emma-Thérèse. « Cela tombe sur quelqu’un, c’est comme ça » poursuit petite sœur Marianna, « Cette vie est un témoignage, elle exprime l’amour gratuit de Dieu pour nous : Dieu aime l’humanité, aujourd’hui encore, et il ne veut pas que nous l’oublions. » Toutes deux sont cependant unanimes sur le fait que cette « petite voix » qui appelle est difficile à entendre aujourd’hui avec la surenchère d’information, de l’immédiateté… À ce témoignage, à la compassion qu’elles tentent d’apporter, s’ajoute la vie de prière et d’intercession. « Durant ces longs moments de silence, notre impuissance – face au mal – est portée vers Celui qui porte le monde. »
Quant aux joies et aux peines, « ce sont celles du monde entier » répondent-elles. « Et dans tout cela, nous savons que Dieu aime l’humanité. » Elles ajoutent que la vie communautaire n’est pas toujours simple. Un jour une dame leur a dit : « Vous êtes toutes si différentes et vous vivez ensemble ! Et on voit bien que vous vous aimez… » : vivre et rester ensemble, se demander pardon, c’est précisément ce qui manque au monde.
« Dans notre communauté à Toulouse, affirme petite sœur Emma-Thérèse, nous sommes nombreuses à être âgées. On tâche de vivre cette vieillesse dans l’espérance, pour le monde qui la rejette. » Nos petites sœurs terminent en évoquant une des sœurs, âgée et mal voyante, qui écoute souvent Radio Présence durant ses journées. Ainsi, le soir, elle fait goûter à la communauté les beaux fruits qu’elle reçoit par ce biais…
Valérie de Bouvet