Avent : les paradoxes de l'appel du Christ à veiller

Avent : les paradoxes de l’appel du Christ à veiller

Le Christ s’est fait notre ami. Dans ces conditions, pourquoi nous demande-t-il d’attendre sa venue comme celle d’un maître qui ne prévient pas ses serviteurs de l’heure de son retour ?

 

Pourquoi veiller si le Seigneur est avec nous ?

« Ce que je vous dis, je le dis à tous : veillez » (Mc 13, 37) : tels sont les derniers mots du Christ dans l’évangile du premier dimanche de l’Avent. Ce commandement de veiller ne va pas sans susciter chez les croyants beaucoup d’interrogations. D’abord celle-ci : si j’entends cette injonction à rester vigilant, c’est que je suis déjà en présence de celui qui l’émet, c’est-à-dire le Christ. Pourquoi me demande-t-il de veiller alors que j’ai la certitude qu’il est là, près de moi ? Ensuite, Jésus parle de sa venue en nous demandant de veiller. Or, il est déjà venu. De plus, il a promis d’être avec nous jusqu’à la fin des temps (Mt 28,20). Certes, dans cet appel, il fait référence à sa venue dans la gloire qui scellera la fin du monde. En nous intimant l’ordre de veiller, le Christ désire sûrement conjurer en nous un sentiment de fausse sécurité que peut véhiculer une pratique religieuse routinière. Mais qu’adviendra-t-il de ceux qui ne l’écoutent jamais et qui n’entendent plus depuis longtemps ses appels à veiller ?

 

La prière, expression du chrétien en état de veille
 
En fait, cette obligation de veiller est aussi paradoxale que la prière. Celle-ci nous met en contact avec le Seigneur et néanmoins, elle lui demande de venir. La prière élève le regard et en même temps elle nous fait mettre à genoux. La prière est un privilège, car c’est une grande chance de parler au Très-Haut. Toutefois, elle reste une obligation.
Ces paradoxes, on les retrouve dans l’injonction de veiller que nous adresse le Christ tandis que s’achève sa vie publique, à la veille de sa Passion. D’un côté, le croyant appelle de ses voeux la venue du Seigneur et, d’un autre coté, il craint de ne pas être suffisamment prêt et de se laisser surprendre par cette venue intempestive. D’un côté, la prière contribue à pénétrer son âme du sentiment de la présence de Dieu en elle ; d’un autre côté, le veilleur sait que Dieu est si grand qu’il craint de ne pas être à la hauteur de la rencontre décisive.

 

La veille comme respect du mystère du Christ

Ainsi, cet appel du Christ à veiller suscite en nous bien des sentiments contradictoires. Par la prière, Jésus est devenu notre familier. Cependant, il continue à rester mystérieux. Mais si l’infini n’était pas mystérieux, serait-il encore l’infini ? C’est aussi cette dimension de mystère et de notre décalage par rapport à elle, que tente de nous inculquer cet appel à veiller durant l’Avent.

 

Jean-Michel Castaing

 


Actualité publiée le 6 décembre 2023