L'abbé Henri de Saint Julien : une résilience à toute épreuve !

L’abbé Henri de Saint Julien : une résilience à toute épreuve !

L’abbé Henri de Saint Julien (1913-1997), a témoigné tout au long de sa vie d’une résilience humaine et spirituelle hors du commun. Face à un parcours jalonné d’épreuves, Henri a maintenu une confiance totale en Dieu. Découvrez dans cet article son parcours à la fois atypique et remarquable !

Pour faire reconnaître « l’héroïcité des vertus » de ce résistant, un groupe de travail a proposé une demande d’ouverture d’une procédure en vue d’une canonisation. Ce collectif est actuellement à la recherche de témoignages et d’informations sur sa vie !

 

Une résilience à toute épreuve


Une résilience exceptionnelle caractérise le parcours d’Henri de Saint Julien, né à Montech dans le Tarn-et-Garonne, le 29 novembre 1913. À l’âge de 26 ans, pendant la Seconde Guerre Mondiale, Henri est mobilisé au 4ème régiment de Zouaves et se porte volontaire pour le corps franc et la radio du bataillon. Un an plus tard, il rejoint les troupes combattantes, obtenant une citation à l’ordre de l’Armée, puis sera ultérieurement nommé officier de la Légion d’honneur. Cependant, les événements prennent une tournure inattendue et, en juin 1940, Henri est capturé près d’Arras. Faisant preuve d’une ténacité remarquable, il tente une première évasion et refuse catégoriquement de travailler pour les allemands, ce qui le conduit devant le tribunal militaire pour « insoumission et refus du travail ». Retour à la case départ : Henri est de nouveau emprisonné par les allemands. Malgré cela, sa soif de liberté demeure intacte. Dans la nuit de la Saint-Sylvestre, Henri s’évade de son camp, profitant de l’inattention des festivités pour esquiver les soldats et les barbelés. Toutefois, après une marche difficile dans la neige, ses membres finissent par geler, frôlant de tout près la mort. Amputé des quatre membres, il survit in extremis.

Rapatrié en France le 21 juin 1941, Henri de Saint Julien est d’abord hospitalisé à Roanne, puis à l’hôpital de Purpan à Toulouse. De nouveau amputé des deux jambes, il est réformé et démobilisé le 13 juillet 1942. Cependant, c’est avec foi et enthousiasme qu’Henri s’engage activement dans la résistance toulousaine au Service des Renseignements Inter-alliés du colonel Grouard. Il deviendra également membre du Front national, mouvement de résistance, ainsi que du Comité de Libération de Toulouse en 1944.

 

Une figure exemplaire de la résistance spirituelle


Après son séjour à Purpan, les dix années qui suivirent auraient pu être des années d’adaptation et d’activités ralenties, mais au contraire, Henri a multiplié ses activités. Pendant plus de dix ans, il enseigna le catéchisme aux enfants de la paroisse Saint-François-d’Assise à Toulouse et s’est activement impliqué auprès d’un groupe de jeunes, « les cadets de Saint François ».

En 1950, Henri adresse demande d’entrée au séminaire auprès de l’archevêque de Toulouse, le cardinal Saliège. Sa demande sera acceptée malgré les empêchements prévisibles. Néanmoins, des réserves émergent en raison de son handicap. La question se pose : peut-on ordonner un prêtre sans mains ? À l’époque, le pape Pie XII se montre réservé, respectant la décision de la Congrégation Romaine des Sacrements de ne pas accepter l’ordination d’une personne sans mains. Cette attente durera plus de dix ans. 

En 1964, le pape Paul VI donne son approbation, conformément aux directives du concile Vatican II stipulant que « Le sacrement de l’Ordre est donné par l’imposition des mains ; l’onction des mains est toujours obligatoire, mais n’entre pas dans la validité du sacrement ». Au mois d’octobre 1965, Henri de Saint Julien retourne au séminaire de Toulouse. En quelques semaines, il reçoit tous les ordres, le diaconat le 31 décembre, et la prêtrise par Mgr Garonne le 6 janvier 1966. C’était l’anniversaire du jour où Henri était retrouvé sur une route d’Allemagne les pieds et les mains gelés, presque mourant. Il écrit : « C’était le soir de l’Épiphanie ; je suivais mon étoile ; 25 ans après, jour pour jour, j’étais ordonné prêtre ». Esquissée à grands traits, la figure d’Henri de Saint Julien représente la permanente victoire de l’esprit et de la volonté.

Mgr Garonne, archevêque de Toulouse, nomme l’abbé Henri de Saint Julien, prêtre auxiliaire à la paroisse Saint-François-d’Assise à Toulouse, là même où, en 1947, il avait commencé à faire le catéchisme aux enfants.

Amputé des quatre membres, le corps mutilé, déchiré, emprisonné dans des appareils pendant cinquante ans, mais toujours avec une volonté inébranlable de servir et de faire face à toutes les épreuves : voici l’image que gardent ceux qui l’ont connu. Par sa vie, Henri nous donne à voir le triomphe de l’Esprit dans l’Homme. Par la suite, d’autres épreuves entraîneront la disparition d’Henri, rappelé à Dieu le 13 avril 1997 après avoir affronté un cancer.

 

Appel à témoignages


Aujourd’hui, un groupe de travail s’est constitué afin de mettre en lumière la mémoire de ce prêtre hors du commun. Ce collectif recherche tous les éléments possibles sur sa vie : de sa jeunesse aux études, de sa captivité aux évasions, des amputations à la résistance, en passant par son apostolat, sa vie laïque et sacerdotale. Toutes les informations, même les plus ordinaires ou anecdotiques, sont les bienvenues !

Pour faire écho à ce travail de recherche, le groupe a proposé une demande d’ouverture d’une procédure en vue d’une canonisation, pour faire reconnaître « l’héroïcité des vertus » de ce résistant. Ainsi, le groupe de travail encourage toutes les personnes ayant connu Henri de Saint Julien ou possédant des informations sur sa vie à entrer en contact avec Thierry de Boisséson par mail à l’adresse suivante : thierrydeboisseson@free.fr ou bien par téléphone au 06 06 66 31 21.

 


Actualité publiée le 11 janvier 2024