Alors que je rencontrais une famille pour préparer des obsèques, elle me fait remarquer qu’elle est très heureuse de savoir que ce sera un prêtre qui se chargera de la sépulture du défunt. Puis elle fait la remarque suivante : «  Il faudrait que l’Église voit pour avoir plus de prêtres car souvent il en manque pour les obsèques. » Cela m’a fait sourire car dans la tête de ceux que j’avais en face, l’Église est une sorte d’entreprise qui recrute des employés que sont les prêtres. De plus, l’Église est une organisation ou une institution comme les pompes funèbres à qui on fait appel quand le besoin se fait sentir.

Lors de nos échanges, j’ai pu savoir que ces personnes étaient bien baptisées mais que depuis quelques temps, elles ont cessé de participer aux activités de l’Église. Elles ont donc oublié qu’elles sont l’Église, qu’elles sont fils de l’Église et que les prêtres sont des enfants issus de leurs familles, ayant entendu un appel à servir Dieu et l’Église, et offrant leur vie à ce ministère.

Du coup, je me suis fait la réflexion suivante : est-ce que les fidèles chrétiens prennent conscience que l’Église est la leur, que son avenir dépend aussi d’eux et que la crise de vocations dont souffre l’Église est aussi une crise de transmission de la foi et une crise de natalité dans nos familles ?

La France est reconnue comme étant un des pays de l’Europe dont le taux de natalité est l’un des plus élevés ; mais est-ce suffisant pour que nous soyons capables de parler de vocation sacerdotale et religieuse à nos enfants ? Avec un enfant ou deux, il n’est pas évident de vouloir que l’un d’eux veuille se consacrer aux ordres ou à une règle. Il est vrai que la vocation n’est pas transmise par les parents mais leur apport est d’une grande importance car l’ouverture d’esprit dans l’éducation chrétienne des enfants joue un rôle déterminant dans la disposition de leur cœur à écouter un probable appel du Seigneur.

Il faut des prêtres à l’Église. Est-ce que chaque famille chrétienne, du moins parmi celles qui profitent des services de l’Église chaque jour, pense que le prêtre dont nous avons besoin aujourd’hui peut venir de son sein ? Si nous continuons à déplorer le manque de prêtres et que nous-mêmes, nous sommes incapables d’imaginer que ce prêtre pourrait être notre fils ou notre petit-fils, le problème demeurera entier. Si nous pensons que les enfants que nous avons ne suffisent pas pour que le Seigneur en choisisse un pour faire le serviteur de l’Église, il nous donne les moyens d’en faire un peu plus et aussi les moyens de les éduquer comme il faut. Si ce que nous avons suffit à éduquer un ou deux enfants, cela suffira aussi pour en éduquer un peu plus. Si nous ne croyons pas, sachez que Dieu qui a besoin de nos enfants pour sa mission viendra bien à notre secours pour que nous donnions un peu plus de nous-mêmes pour leur avenir.

Faites aimer les prêtres à vos fils et faites-leur aimer l’Église. Donnez à l’Église jusqu’à vos enfants. Dieu vous surprendra par toute sorte de grâce. Le mois de juin est celui des ordinations en France et chaque diocèse se réjouit des ordinations qu’il a pu accueillir. Le diocèse commence par la famille et les prêtres de demain sont ceux que nous mettons au monde. Ils ne viendront pas d’ailleurs. Les échanges entre églises locales sont à encourager mais ils ne pourront relayer le fait qu’une Église vivante produit ses propres pasteurs. L’Afrique et les autres continents ont été évangélisés par l’Europe, et la France a été une patrie de missionnaires vaillants qui ont apporté l’Évangile en Afrique. Mais malgré le fait qu’il y avait des vocations au 19^ème siècle, les missionnaires se sont empressés de travailler à l’éclosion d’un clergé autochtone. Chère FAMILLE CHRETIENNE FRANÇAISE, À VOUS LA PAROLE !

Abbé Florent ZONGO,
Directeur du Petit Séminaire Notre-Dame d’Afrique,
diocèse de Koudougou, Burkina-Faso,
en service cet été pour l’ensemble paroissial du Grand-Selve