La fête locale de Montespan, ou la laïcité apaisée

à Montespan

La fête locale de Montespan, ou la laïcité apaisée

Cette année, sous un soleil radieux, à l’occasion de la fête locale du troisième dimanche de septembre, les habitants de Montespan, dans le Comminges, ont pu bénéficier de la messe dans leur belle église paroissiale. En dehors des enterrements (et des rares mariages), la célébration eucharistique n’est plus célébrée dans ce village de plus de 400 habitants. C’est dire si la messe était attendue par les fidèles-résidents ! Nous n’avons pas été déçus. Le frère François, de la congrégation cléricale des vocationnistes, fondée par un prêtre italien au début du XX ième siècle, nous a délivré une homélie percutante, notamment au sujet de l’attention due aux personnes âgées. Madame le Maire était présente. C’est d’ailleurs elle qui a présenté au prêtre la gerbe, que l’on dépose à l’extérieur devant le monument aux morts, afin qu’il la bénisse, et cela à l’intérieur même de l’église ! En temps normal (le 11 novembre et le 8 mai), c’est votre serviteur qui est chargé de cette noble action (à la demande de la municipalité, je précise). Cette bénédiction de la gerbe par le prêtre montre à l’évidence les bons rapports que les édiles de la commune entretiennent avec le clergé, et les croyants en général.

Cette messe de la fête locale a surtout fait la preuve qu’il existe une alliance multiséculaire entre notre pays et la foi chrétienne. En effet, à l’occasion de la célébration eucharistique, nous avons prié pour les malades de Montespan, ainsi que pour toutes les personnes décédées, qu’elles soient croyantes ou pas. Quelle autre institution peut faire ainsi le lien entre tous les membres d’une commune, si on excepte bien sûr les services de la mairie ? Même si les rangs étaient clairsemés (les festivités n’opèrent pas de miracles !), j’ai ressenti, comme à chaque messe de la fête locale, que l’Église restait encore, quoiqu’on en dise, le centre du village. La bénédiction de la gerbe par le prêtre l’atteste mieux que toute déclaration. Et cela dans le cadre de la laïcité la plus apaisée. Un miracle, quand on sait le déclin vertigineux de la foi en nos contrées.

A ce propos, cette tradition manifeste-t-elle une nostalgie, ou bien sert-elle de paravent à une apostasie silencieuse qui n’a pas le courage de s’assumer ? S’il est nécessaire de regarder la réalité qui fâche en face, ne boudons pas toutefois notre plaisir lorsque la messe est à l’honneur, et que plusieurs membres du conseil municipal tiennent à l’honorer de leur présence. D’ailleurs, ce sont les mêmes musiciens qui ont joué « La Marseillaise » et la sonnerie aux morts, qui ont agrémenté auparavant notre célébration avec des airs religieux, installés dans une chapelle latérale de l’église. Bel exemple d’unité !

A la fin de la célébration, j’ai invité le frère François à venir partager le traditionnel apéro de dimanche midi sur la place du village. Il n’a pu accepter en raison d’autres obligations : décidément, le manque de prêtre est préjudiciable non seulement aux habitants mais aussi aux clercs eux-mêmes. Le frère François aurait pu faire à cette occasion plus ample connaissance avec les paroissiens qu’il ne rencontre jamais aux célébrations. « Oui, il est bon, il est doux pour des frères d’être ensemble et d’être unis !  » (ps 133) .

Jean-Michel Castaing

 


Actualité publiée le 19 septembre 2018