Méditation de Carême : " Je suis un Dieu jaloux " (Exode 20,5), un Dieu brûlant d'amour !

Méditation de Carême : " Je suis un Dieu jaloux " (Exode 20,5), un Dieu brûlant d’amour !

« Je suis un Dieu jaloux  » (Exode 20, 5),
un Dieu brûlant d’amour !

 

Dieu jaloux… étrange expression biblique ! Attention : Dieu n’est en aucune façon jaloux de quiconque, hypothétique possesseur de quelque chose qui lui ferait défaut ! En réalité, ce qu’exige Dieu, c’est nous. Parce qu’il nous aime, il exige d’être aimé sans partage.

« Je suis un Dieu jaloux ». Cette surprenante affirmation se trouve au sein du Décalogue (déka-logoi : dix paroles ou commandements), au chapitre 20 du livre de l’Exode, verset 5. Elle motive l’interdiction du culte aux idoles (images pseudo-divines faites par l’homme) au 1er millénaire av. J.-C.

Lisez-vous parfois les notes de vos bibles ? Dans la mienne (traduction liturgique, Salvator, 2020) une note explique que cette « jalousie » est une
« expression anthropomorphique, c’est-à-dire à la manière humaine, qui dit la passion de Dieu pour son peuple. L’accent porte sur la fidélité jusqu’à la millième génération, et non sur la punition jusqu’à la troisième et la quatrième génération, qui, à tort, retient généralement l’attention. »

Le Seigneur, fidèle et passionné d’amour, exige un attachement exclusif. Sans mélange : le célèbre théologien luthérien allemand Gerhard von Rad (1901-1971) explique que Dieu « n’est disposé à partager sa revendication d’adoration et d’amour avec aucune autre puissance divine ». Le commandement porte sur le culte exclusif que son peuple doit rendre à Dieu : pas de prosternation devant un autre dieu (le contexte est le même dans Exode 34, 14, mais aussi Deutéronome 5, 9 au sein de l’autre liste des « Dix Commandements »). Les images sculptées, autres « dieux » ou idoles, sont formellement interdits, voir Deutéronome 4, 24 et 6, 15 où la mention du « Dieu jaloux » s’enrichit de la métaphore du feu qui menace de dévorer les contrevenants. Comme le lion, figure du Christ chez le romancier C. S. Lewis, animal… dangereux. Lui désobéir c’est choisir le malheur.

Le prophète Osée dit cela avec des mots différents. Israël, le peuple élu, est l’épouse, le Seigneur est son époux, qui devient in-trai-ta-ble en cas d’infidélité.

En fait, peut-être ma première remarque était-elle trop rapide : Dieu ne peut-il légitimement être jaloux… de ce que j’accorde indûment à d’autres, à des idoles ? Mais cette « passion » divine est alors l’expression de la stricte justice puisque, baptisé dans le Christ, j’appartiens au Père. Le Carême n’est-il pas un temps de grâce sans pareil, une occasion privilégiée pour tourner le dos aux illusions qui m’enchaînent et revenir à l’amour exclusif du Dieu qui seul me libère ? Rappelons l’ordre de l’évêque saint Remi au roi Clovis : « Brûle ce que tu as adoré, adore ce que tu as brûlé. » Alors (ceci est une métaphore)… à nos allumettes !

Alors que bourgeons et fleurs apparaissent déjà, l’image de l’arbre mort évoque aussi l’idole mortifère.


« Comme le feu calcine
L’arbre mort jusqu’aux racines,
Quand le péché nous domine,
Esprit de Dieu, purifie-nous. »

(Liturgie des Heures)

 

 

Père Cyprien Comte

 


Actualité publiée le 29 février 2024