Méditation de Carême : le signe de l'amour

Méditation de Carême : le signe de l’amour

«  Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle  » (Jn 3, 16).

 

Fallait-il en arriver là ? Quand nous lisons que Dieu « a donné son Fils unique », nous savons jusqu’à quelle extrémité est allé ce don. Fallait-il vraiment que le Fils unique meure pour que soit accomplie la volonté de Dieu et que les hommes obtiennent la vie éternelle ? L’Ancien Testament présentait déjà, avec Abraham, la figure d’un père disposé à immoler son propre fils, son fils unique, celui que Dieu lui avait donné (Gn 22, 1-19). Dans cet épisode, l’ange du Seigneur finissait par retenir, au dernier moment, la main d’Abraham ; le Père, quant à Lui, ne semble pas avoir retenu la main des hommes lorsque ceux-ci se sont déchaînés contre son Fils unique pour le mettre à mort. À première vue, cela ne colle pas vraiment avec l’image du Dieu « riche en miséricorde » (Ep 2, 4) que nous présente la deuxième lecture.

La Croix, cependant, ne saurait se comprendre comme le spectacle d’un Dieu sadique livrant son propre Fils en pâture. Le Père donne par amour son Fils unique mais ce n’est pas tout : «  le Père a tout remis entre ses mains  » (Jn 13, 3) si bien que ce don du Père nous le voyons se manifester pleinement dans le don de son Fils, Jésus, qui « ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout » (Jn 13, 1). Le pape Benoît XVI affirmait ainsi que :

" La Croix – le don de soi-même du Fils de Dieu – est en définitive le “signe” par excellence qui nous est donné pour comprendre la vérité de l’homme et la vérité de Dieu : nous avons tous été créés et rachetés par un Dieu qui a immolé son Fils unique par amour ". (Homélie du 26 mars 2006). 

La Croix est donc signe de l’amour, un signe qui n’est pas une simple figuration mais qui est efficace parce que «  le langage de la croix […] est puissance de Dieu  » (1Co 1, 18), une puissance qui « donne toute sa mesure dans la faiblesse » (2Co 12, 9). Du côté transpercé de Jésus mort sur la Croix jaillissent du sang et de l’eau, premiers témoins de la mystérieuse fécondité de l’offrande que Jésus a fait de Lui-même, ultime préfiguration de cette puissance de vie que les ténèbres et l’ombre de la mort n’ont pas été capables de retenir en leur sein.

La source féconde que constitue le signe de la Croix ne s’est, depuis, jamais tarie. Au contraire, elle trouve son prolongement dans ces signes que sont les sacrements, vulnérables dans leur matérialité – un peu de pain, de vin, d’eau ou d’huile et quelques paroles – mais porteurs de «  la richesse surabondante de la grâce  » (Ep 2, 7). Les sacrements, dans leur diversité, nous purifient de nos péchés, nous introduisent dans la famille des fils de Dieu, nous fortifient dans la croissance ou dans la maladie, nous réconcilient avec le Christ, nous rendent aptes au service de nos frères, nous établissent dans une sainte communion avec Dieu. C’est pourtant le même fleuve jailli de la Croix, celui de la vie livrée et du sang versé par amour, qui les irrigue.

En ce temps béni du Carême, renouvelons notre foi dans ces signes de l’amour sans mesure de notre Dieu, laissons-les transformer nos existences et nous faire entrer dans l’incomparable joie de la vie éternelle.

 

Abbé Anthony Maia
Vicaire de l’ensemble paroissial Notre-Dame d’Autan

 


Actualité publiée le 7 mars 2024