Pourquoi un nonce impose t-il le pallium à un archevêque ?

Église catholique de France

Pourquoi un nonce impose t-il le pallium à un archevêque ?

Le 11 septembre prochain, le nonce apostolique Mgr Celestino Migliore imposera le pallium à Mgr Guy de Kerimel, archevêque de Toulouse au cours d’une grand-messe diocésaine. À l’occasion de la remise de ce vêtement liturgique, réservé au pape, aux primats, aux archevêques métropolitains et à quelques rares évêques, nous avons demandé au Chanoine Christian Teysseyre, ancien chancelier du diocèse de Toulouse, quelle était la dimension symbolique de l’imposition de ce vêtement liturgique, et au-delà ce qu’était un archevêque métropolitain, son rôle et sa charge au sein d’une province ecclésiastique.

 

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Des provinces ecclésiastiques

Il y a des Églises diocésaines qui sont autant d’évêchés, cette partie du peuple de Dieu confiée à un évêque qui reçoit la charge pastorale, c’est-à-dire le devoir de veiller sur le peuple qui lui est confié, comme pasteur de cette Église locale. Depuis l’Antiquité, les églises diocésaines d’une même région s’organisent en province. En France, pendant près d’un demi-siècle (1961-2002), on parlait de « région apostolique » pour dénommer ce qu’on appelle aujourd’hui à nouveau une « province ecclésiastique ». La taille et la composition de ces provinces ont pu varier au cours du temps.

La province de Toulouse comporte actuellement huit diocèses : celui d’Albi, d’Auch, de Cahors, de Montauban, de Pamiers, de Rodez, de Tarbes-Lourdes et de Toulouse. Situés tout autour de la Haute-Garonne, ils correspondent bien sûr à une géographie qui nous est familière. Parmi eux, sept diocèses sont suffragants c’est-à-dire qu’ils dépendent directement de l’archevêque de Toulouse : c’est donc lui qui préside aux relations entre les églises diocésaines et se trouve ainsi être archevêque du siège métropolitain. Toulouse est dans cette situation depuis la grande réforme territoriale du pape Jean XXII en 1317-1318, qui a fait de cette ville et de ce nouvel évêché (redimensionné, réduit) le siège du nouvel archevêché créé, succédant à Narbonne. On parlera aussi d’archidiocèse, même si le terme peut paraître grandiloquent ou suranné.

Parler d’archevêque, ce n’est pas d’abord considérer un titre honorifique, mais un service de la communion de l’Église à l’échelle d’une province. Cette communion se vit dans la fraternité épiscopale et dans l’exercice de la collégialité épiscopale qui se réalise dans la concertation relative aux questions pastorales du temps, questions communes partagées. La charge d’archevêque métropolitain comprend aussi une certaine juridiction, définie, qui n’implique pas une supériorité. Le droit précise sa compétence sur les diocèses suffragants et le champ de ses interventions (il ne s’agit pas d’un super-préfet). Un concile provincial est par ailleurs une possibilité, même si cela se pratique peu depuis un certain temps. 

 

Le symbole de la fonction épiscopale

Le pallium, élément disons vestimentaire plutôt qu’ornemental, est porté sur la chasuble lors des célébrations liturgiques. Il signifie cette charge et la communion de l’archevêque avec le pasteur de l’Église universelle, le successeur de Pierre. Le pallium est remis à tout nouvel archevêque au jour de la saint-Pierre et Saint-Paul, jour par excellence de la célébration de l’unité et de la communion de l’Église signifiée dans la succession apostolique. La remise du pallium a lieu chaque fois qu’un évêque se trouvera dans cette charge (le nouvel archevêque de Paris reçoit pour la troisième fois le pallium car on devient l’évêque d’une nouvelle Église locale, et l’archevêque d’une nouvelle province).

En 2015, le pape François a récemment modifié la façon de faire : il a voulu que l’imposition proprement dite du pallium, le fait d’en vêtir le nouvel archevêque, se fasse au sein de son Église diocésaine afin de mieux rendre tangible cette charge et l’importance de cette communion entre Églises locales. Comme le pape François le disait lui-même alors en introduisant ce changement, c’était aussi une manière de faire apparaître un lieu de synodalité. D’ailleurs, la démarche d’une Église synodale que nous sommes appelés à découvrir en ce temps ne va pas sans l’approfondissement de l’exercice de la collégialité épiscopale.

Ce n’est donc plus le pape qui impose le pallium sur le nouvel archevêque métropolitain, mais le nonce apostolique dans la cathédrale de l’archevêque. Les nouveaux archevêques continuent de se rendre à Rome le 29 juin pour assister à la basilique Saint-Pierre de Rome, à la bénédiction des nouveaux pallium et recevoir en privé des mains du pape François le pallium (voir ici) pour se le voir imposer par la suite.

 

Un signe de communion

À l’heure des réseaux sociaux, il est peut-être indispensable de découvrir les lieux de réalisation de la communion ecclésiale dont l’Église dispose, d’y prendre part et de les faire vivre. La province en est un. Tout acteur au service de la mission sait qu’il ne peut pas œuvrer sans collaborer avec d’autres acteurs, avec d’autres diocèses.

C’est donc Mgr Celestino Migliore, nonce apostolique en France, représentant du pape pour assurer la communion entre le Siège apostolique et les Églises d’un pays, et aussi chargé de représenter le Saint-Siège auprès de l’État de ce pays, qui imposera le pallium à Mgr Guy de Kerimel le 11 septembre prochain.

Tous les diocèses qui forment la province de Toulouse sont invités à se rendre présents à cette célébration : les évêques de ces diocèses ou des ressorts interprovinciaux (ICT), les vicaires généraux, les prêtres, les diacres, les communautés religieuses et les laïcs qui ont l’habitude de collaborer au sein de la province de Toulouse.

Chanoine Christian Teysseyre
Prévôt du chapitre

 

 

 


Actualité publiée le 8 septembre 2022

 

 

 

 

« Le pallium est un ornement sacerdotal tissé de fine laine blanche d’agneau composé de deux bandes pendantes brodées de six croix noires. Le pape, les primats et les archevêques métropolitains le portent autour du cou pendant les célébrations liturgiques. » in Église catholique en France.

Le pallium est une étole fabriquée à partir de la laine d’agneau et brodée de 6 croix noires. Elle est portée par le pape et les archevêques et symbolise la communion entre le souverain pontife et ces mêmes archevêques. Le pallium est le symbole de l’unité de la hiérarchie catholique.