Témoignage d'un missionnaire

par Pierre Cussonnet, séminariste dans le diocèse de Toulouse

Témoignage d’un missionnaire

Pierre est séminariste dans le diocèse de Toulouse. L’année dernière, dans le cadre de sa formation au sacerdoce, il s’est engagé auprès de la FIDESCO, une organisation catholique de solidarité internationale qui envoie ses volontaires mettre leurs compétences professionnelles au service de projets de développement mis en œuvre par l’Église locale dans les pays du sud. Aujourd’hui, après une année vécue à Madagascar au sein d’un foyer pour personnes handicapées, il a accepté de témoigner de sa conception de la mission.

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Lorsque j’ai décidé de partir en mission avec Fidesco, pour un an de service auprès des plus pauvres à Madagascar, je dois avouer que la tâche de « missionnaire » n’était pas tout à fait claire dans ma tête. La mission qui m’était confiée était assez concrète : gestionnaire dans un foyer pour handicapés, et même si j’allais être entouré de frères Lazaristes et de sœurs Filles de la Charité, je n’arrivais pas très bien à cerner comment est-ce que je pourrais mettre l’annonce de Jésus-Christ au premier plan de mes jours passés au loin. Un point qui m’avait marqué dans la préparation au départ était l’insistance des formateurs sur l’importance d’accepter d’être inutile auprès des autres, et de simplement être présent et compatissant aux personnes rencontrées : je ne partais pas pour multiplier les accomplissements, accumuler les succès, mais simplement pour être là où j’étais attendu et déployer mes maigres moyens au service de ceux avec qui j’étais appelé à vivre.

Ce que je retiens du temps passé à Madagascar est une véritable école de l’abandon actif : il me semble que la mission demande de beaucoup faire et de beaucoup laisser faire. Les deux sont nécessaires. Oui, il nous faut agir : « La foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est belle et bien morte  » (Jc 2, 17), et oui, il nous faut aussi lâcher prise : « Seul importe celui qui donne la croissance : Dieu » (1 Co 3, 6). Je m’aperçois que pendant un long moment, je me suis laissé accaparer par la montagne de travail qui m’attendait. Beaucoup de temps passé derrière un bureau, à croire que j’aller arriver au bout de la mission en ne faisant qu’« entretenir la boutique »… Et puis est venu le moment où j’ai perçu que cela ne me satisfaisait pas. Je servais les personnes, mais de loin, sans les rencontrer, sans que cela ne change ni ma vie ni la leur. Une conversion était nécessaire.

Alors, je reste très marqué par la figure du prêtre auprès duquel j’étais envoyé en mission : présent sur place depuis 20 ans, ce Lazariste français était un missionnaire infatigable. Je me souviens encore de le voir, pendant plus d’un mois, quitter tous les soirs le foyer où nous vivions, pour aller visiter toutes les familles de la paroisse : catholiques, musulmans, protestants, peu importe, il allait frapper à leur porte pour un temps de convivialité. Qu’il pleuve (et les pluies malgaches peuvent être sacrément intenses) ou qu’il vente, il emportait sa lampe frontale et partait pour la soirée.

Cette figure missionnaire m’a vraiment impressionné, et je retiens de lui trois attitudes fondamentales qui me guident encore : engager toutes ses forces dans l’annonce de l’Évangile, accepter de devoir prendre le temps, et garder toujours l’espérance qu’en Dieu seul se trouve notre Salut et celui du monde entier.

Pierre Cussonnet,
séminariste dans le diocèse de Toulouse

 


Actualité publiée le 20 avril 2021